Le Charles-de-Gaulle fait route vers le Levant
Le porte-avions et son escorte internationale ont quitté Toulon, hier, pour une mission de quatre mois qui les conduira jusqu’à Singapour. La ministre des Armées, Florence Parly, était à bord
Deux ans après sa dernière mission, qui s’était déjà déroulée en Méditerranée orientale au large de la Syrie, le porte-avions Charles-de-Gaulle et son escorte internationale ont remis le cap hier matin sur le Levant. Pour l’occasion, Florence Parly, la ministre des Armées, a fait le déplacement depuis Paris. À peine posée, la ministre, arrivée à bord en fin de matinée en hélicoptère NH 90, a eu droit à un briefing sur la mission Clemenceau, le déploiement de plus de quatre mois qui mènera le groupe aéronaval jusqu’à Singapour.
« Daech n’est pas encore mort »
Mais avant d’atteindre l’ExtrêmeOrient, retour donc dans l’extrême est de la Méditerranée. Avant de s’adresser à une grande partie de l’équipage regroupé dans les hangars aviation, Florence Parly a été très claire sur le début de mission du Charles-de-Gaulle. Répondant aux médias, après avoir assisté aux premiers appontages de Rafale arrivant directement de Landivisiau, la ministre a déclaré : « Pendant un mois, dans le cadre de l’opération Chammal, le Charlesde-Gaulle va intégrer la coalition internationale qui lutte contre Daech. Daech n’est pas encore mort. Il faut terminer le travail ». Et d’ajouter, comme pour clore les débats sur le retour sur le théâtre syrien jugé tardif par certains observateurs : « On ne pouvait pas faire l’impasse sur cette opération. Depuis le début, la France est présente et contribue aux missions d’observation et de renseignement. C’est ce que fera le groupe aéronaval. Et en cas de besoin, les Rafale pourront effectuer des frappes ». Sitôt après en avoir terminé avec la presse, Florence Parly (qui est restée à peine plus de deux heures àborddu Charles-de-Gaulle) s’est donc adressée à l’équipage. En préambule, la ministre, un rien emphatique, a déclaré : «Ilyades départs au goût amer, mais pas le vôtre. Le vôtre a déjà une saveur de victoire ». Revenant sur les « trois missions qui n’en font qu’une », la ministre des Armées a insisté : « En rejoignant vos frères d’armes de Chammal, vous serez de véritables piliers de notre lutte contre le terrorisme (…) Et pour cela, vous avez toute la confiance des Français. Ils vous regardent et ils sont fiers, comme je suis fière aujourd’hui de vous voir équipés, ayant tout juste pris le large, au service de la France. » Mais qu’on ne s’y trompe pas : le reste de la mission sera tout aussi important. En naviguant en océan Indien jusqu’à Singapour, « une zone que nous avons érigée au rang de priorité », il s’agira pour le groupe aéronaval « d’anticipation et de connaissance de l’environnement stratégique ». Un point fondamental « pour assurer durablement la protection des Français ». Et celle des Européens. À ce sujet, Florence Parly a insisté sur la présence, aux côtés des navires de guerre français, et tout au long des quatre mois de mission, de frégates danoises, portugaises, italiennes, britanniques. Et même australiennes et américaines. « Chaque frégate alliée qui se joint au GAN (groupe aéronaval constitué autour du porte-avions, Ndlr), chaque hélicoptère qui apponte sur le Charles-de-Gaulle, c’est une des étoiles de notre drapeau européen. Celles qui, ensemble forment ce cercle parfait, symbole d’unité et de coopération » .Laministre des Armées a même eu une pensée pour « nos partenaires britanniques qui prouvent une fois de plus que le Brexit n’est pas un obstacle à une étroite coopération de nos armées ».
Des centaines de marins dans le hangar aviation
Florence Parly a terminé son allocution en évoquant la participation du groupe aéronaval aux exercices Ramsès et Varuna. « Ces exercices seront l’opportunité d’améliorer l’interopérabilité de nos forces avec l’Égypte et l’Inde qui constituent deux partenaires majeurs de notre pays » . Le discours ministériel a été ponctué par une Marseillaise entonnée a capella par les centaines de marins regroupés dans le hangar aviation. Un moment fort. Avant de quitter le bord en direction de Toulon où elle devait annoncer de nouvelles mesures concernant le maintien en condition opérationnelle des navires de guerre, Florence Parly a pris le temps d’échanger avec quelques membres d’équipage.