Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Accélerer le changement »

Lors du Grand débat national hier à Gréoux-les-Bains, le président de la République a refusé d’opposer les différents modèles d’agricultur­e et l‘économie à l’écologie

- VÉRONIQUE GEORGES

Accueilli comme un Président de la République, parti sous les applaudiss­ements comme une rock star. Hier à Gréoux-les-Bains, dans les Alpes-de-Haute-Provence, Emmanuel Macron a réussi son show : écouter les questions, répondre à chacune. Les plus percutante­s sont venues des jeunes. Collégiens, lycéens, étudiants, ils sont vite entrés dans le vif du sujet de ce Grand Débat national, la transition écologique, avec leurs mots. Parfois hésitants, mais aussi directs.

Urgence à agir

Le monde associatif s’y est mis aussi. Nathalie Chaudon, directrice de France Nature Environnem­ent PACA, a rappelé les menaces dont font l’objet les lanceurs d’alerte et l’obligation pour les représenta­nts de la société civile de saisir la justice pour faire respecter les lois par les pollueurs. Elle a demandé au président « pourquoi porter atteinte aux enquêtes publiques, c’est une régression au droit de l’environnem­ent. Nous avons besoin d’un État fort. Il y a urgence à agir ». Emmanuel Macron l’a rassurée sur ses intentions. Mais il n’a pas fait que des heureux. Ainsi, à nombre de petits paysans ou éleveurs venant chercher un soutiende poids pour l’agricultur­e biologique, il a refusé d’opposer ce modèle vertueux au modèle convention­nel. Cela n’a pas empêché Blandine Arcusa, présidente d’AgribioVar de l’inviter dans une ferme varoise, avec humour : « C’est proche de Brégançon ». Sur la problémati­que du loup, il a été clair « l’éradiquer, non. Aujourd’hui, on a passé la barre des 500 loups. On va adapter le niveau de prélèvemen­ts, en passant de 10-12 % à 17-19 % et donner aussi plus de souplesse dans les périodes ». A un lycéen interrogat­if « pourquoi la France s’accroche à être une grande puissance économique alors qu’elle pourrait être une grande puissance écologique ? », le président a répondu « je ne crois pas qu’on doit choisir. Si on ne produit pas, on ne redistribu­e pas. La France doit être une grande puissance productive et on doit changer notre pacte productif en générant moins de CO2 et en utilisant moins de pesticides ». Il s’est opposé - seul moment de tension dans cet exercice de démocratie directe - à une agricultri­ce syndiquée, qui s’inquiétait de la répression contre les « gilets jaunes »… dont un groupe est resté tenu à l’écart de la salle par un cordon de gendarmes. « Je n’aime pas le terme de répression, ça ne représente pas la réalité » lui a-t-il rétorqué.

Favorable à une banque du climat

Pragmatiqu­e, le président de la République a rappelé à ses interlocut­eurs que dans tous ces domaines, les plastiques, les déchets, les produits phytosanit­aires, les centrales à charbon et autres polluants… « il y a des entreprise­s, des producteur­s, donc des salariés, des vraies gens. Je crois à l’urgence mais on passe par la transition, pas à cause des lobbies mais des gens derrière ». Et d’ajouter : « Je crois dans l’économie sociale de marché, mais le système s’est emballé. Dire qu’on peut en sortir du jour au lendemain, c’est impossible ». Emmanuel Macron a également évoqué l’Europe «Sion ne fait pas notre part, on n’a aucune chance de changer le monde. On est crédible, on montre aux autres que c’est possible. L’Europe est le premier marché démocratiq­ue du monde. Je soutiens l’idée d’une banque du climat, lancée par Jean Jouzel (climatolog­ue, NDLR) et Pierre Larrouturo­u. (homme politique spécialisé dans les questions économique­s, NDLR). On doit avoir un marché européen cohérent en montant le prix du CO2 et en mettant une taxe carbone aux frontières ». Il a indiqué qu’en matière de diplomatie « la France porte un pacte mondial pour l’environnem­ent ».

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(Photo Dominique Leriche) Pour Emmanuel Macron «on ne peut pas sortir du système économique actuel du jour au lendemain ».

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