Jennifer : « Oser, ne jamais se mettre de barrière »
Elle ose à peine l’avouer : c’est en regardant la série Julie Lescaut, la commissaire incarnée par Véronique Genest, qu’est née sa vocation de policière. Il y a un mois, Jennifer, 33 ans, mère de deux enfants, a intégré la Compagnie départementale d’intervention (CDI). Une première. « Un challenge personnel », relevé au milieu d’athlétiques collègues rompus au maintien de l’ordre. Sportive accomplie, membre de l’équipe de hand de la police, « Jen » a saisi la balle au bond quand un poste s’est libéré dans cette unité. Fidèle àsamaxime:« Oser, ne jamais se mettre de barrière », le gardien de la paix Jennifer veut montrer que la présence d’une femme dans un univers exclusivement masculin est un plus. « Dans les situations de tension, être une femme est un avantage. Naturellement, nos interlocuteurs s’adoucissent. » Un effet de son sourire désarmant ? Le fruit surtout d’une solide expérience de terrain. Dès la sortie du lycée, cette Cannoise a intégrée la deuxième promotion des Cadets de la République, est devenue adjoint de sécurité avant de rejoindre l’école de la police de Nîmes. Affectée en police secours à Cagnes-sur-Mer, « une période très formatrice », elle a décidé, à la naissance de ses enfants, d’être plus sédentaire en intégrant le service d’enquête du GAJ. Mais l’appel du terrain a été trop fort.
« Métier passion »
Malgré le poids de l’équipement lors d’opérations antiterroristes (près de 20 kg), malgré les nombreux weekends d’astreinte, Jennifer est manifestement ravie de son nouveau poste. « C’est un métier passion, un métier pas reconnu à sa juste valeur. J’ai la chance d’avoir le soutien de mes proches pour l’organisation familiale.. » À la CDI, pas de routine, pas d’horaires et des missions sur l’ensemble du département. Jennifer se sent parfaitement intégrée, sachant que 27 % des actifs de la police sont des femmes. Dans cette administration, pas de disparité salariale. « Je n’accepterais pas d’être moins payée qu’un homme à fonction égale. » Son souhait ? Que cet exemple soit suivi par l’ensemble des chefs d’entreprise. Pour Frédéric Miniscalco, directeur adjoint de la mission locale à La Londe, il est « scandaleux qu’une femme, en , gagne moins qu’un homme pour le même poste. Il suffit de partir des compétences des personnes et non pas de leurs sexes pour définir les salaires. Cela passe par un changement de mentalités. Les branches de métiers peuvent mettre en place ce principe d’égalité totale, à l’image de ce que nous faisons au sein de notre structure. À la mission locale, c’est une femme qui dirige et nous en sommes ravis. L’État peut jouer un grand rôle dans le changement des mentalités, notamment en matière de lutte contre les violences. À mon sens, ce défi passe par la prévention dès le plus jeune âge. L’Éducation nationale doit informer à travers des campagnes et de la sensibilisation extrême. Si nos jeunes sont informés, on aura fait un grand pas. Malheureusement, encore aujourd’hui, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint. C’est inacceptable. Je suis pour la prévention, mais aussi pour la répression sévère. Agir et sévir sont les maîtres mots sur ce point. »