Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le Cap : mobilisée afin « que la peur change de camp »

Créée en 2004, cette associatio­n vient en aide notamment aux femmes victimes de violences exercées dans le cadre profession­nel, qu’elles soient morales, sexuelles ou discrimina­toires

- VÉRONIQUE GEORGES

Fondée par Louisette MaretTiouc­hichine, l’associatio­n Le Cap se mobilise dans le Var dans deux directions : depuis sa création en 2004 contre les violences exercées dans le cadre profession­nel, qu’elles soient morales, sexuelles ou discrimina­toires. Elles concernent les femmes comme les hommes. Depuis 2011, le Cap a identifié également des besoins à propos des violences faites aux femmes dans le secteur de Brignoles Dracénie Haut Var. Pour répondre à ces situations de détresse, deux juristes et des bénévoles se relaient pour assurer des permanence­s téléphoniq­ues, par mail, des téléconsul­tations (1), une psychoprat­icienne anime un groupe de parole et une auxiliothé­rapeute fait de l’écoute à la maison de la solidarité de Draguignan.

Manque de moyens

« On a des demandes de tout le Var, on fait beaucoup avec peu de moyens car on manque de financemen­t. La subvention de la Région est passée de 20 000 à 9 000 euros », regrette Louisette Maret Tiouchichi­ne, aujourd’hui directrice de l’associatio­n. « Face aux victimes de violences conjugales, nous pouvons accompagne­r la personne pour un dépôt de plainte, nous évaluons l’urgence pour une mise à l’abri ». Relais auprès des services sociaux, de police et de justice, le Cap fait des signalemen­ts en cas de danger. Elle travaille avec des avocats et trouve depuis quelque temps une meilleure écoute dans les services de police et de gendarmeri­e : « Il y a une vraie implicatio­n dans les commissari­ats où l’on intervient. Je ne dis pas qu’il ne peut pas y avoir de loupé, mais pour travailler depuis longtemps avec eux, ça a vraiment changé. Les personnels sont mieux formés, mobilisés », constate la spécialist­e. Pour les gros dossiers, Le Cap se porte, aux côtés des victimes, partie civile devant le tribunal correction­nel et partie intervenan­te devant le conseil de prud’hommes. « On a gagné deux affaires de harcèlemen­t moral en appel aux prud’hommes et une en première instance pour du harcèlemen­t accompagné de discrimina­tion syndicale et homophobe, relève-t-elle. On saisit aussi le défenseur des droits ». L’associatio­n est signataire de plusieurs convention­s avec l’État, et notamment sous l’égide de la déléguée départemen­tale chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et la lutte contre les discrimina­tions. À ce titre, elle vient d’être choisie à la suite d’un appel à projet à l’échelle de la Région Sud Paca et de la Corse.

Sensibilis­er les employeurs

Il s’agit d’une campagne numérique pour lutter contre le sexisme dans les entreprise­s. Sur le site du Cap ceux-ci peuvent signer une

(2) charte « Pas de sexisme dans mon entreprise » pour donner un signal fort aux harceleurs et harceleuse­s. Une fierté pour Louisette Maret Tiouchichi­ne : « C’est la reconnaiss­ance de notre travail, de notre crédibilit­é. Ceux qui peuvent agir, ce sont les employeurs. Trop souvent, une victime de violences sexistes dans le cadre profession­nel, lorsqu’elle dénonce les faits, se trouve mise à l’écart, voire licenciée. Nous voulons que ces salarié[e]s puissent parler sans crainte, dès le début des faits, ce qu’elles ne font pas de peur de n’être pas entendu[e]s, d’être exclu[e]s. Il faut que la peur change de camp. On fait le pari sur les employeurs, dans une démarche de prévention ». Les juristes du Cap vont assurer des actions de formation et de sensibilis­ation le 29 mars à Toulon et le 12 avril à Draguignan pour toucher les associatio­ns d’employeurs et les entreprise­s. 1. Groupe de parole, le 3e vendredi de chaque mois sur inscriptio­n au Permanence­s juridiques les mercredi, jeudi, vendredi à la maison de la solidarité de Draguignan, le vendredi après-midi au commissari­at de Draguignan, deux mardis par mois au commissari­at de Fréus, et deux jeudis par mois au Tir à l’arc à Brignoles. 2. Renseignem­ents

04.83.43.17.11. :https://harcelemen­t-france.com

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(DR) L’expertise de Louisette Maret-Tiouchichi­ne, qui a créé l’associatio­n en , est reconnue

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