Var-Matin (La Seyne / Sanary)

RENCONTRE AVEC MARVIN « MARVELOUS » HAGLER « Toujours imaginé champion »

- Marvin « Marvelous » Hagler PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTOPHE­R ROUX

Marvin Hagler ne boxait pas, il martyrisai­t et cabossait ses adversaire­s. « Marvelous » dégageait une force et une puissance singulière­s. De quoi devenir une légende du ring. À  ans, l’ex-star des poids moyens

Marvin, vous n’avez quasiment jamais perdu ?

Oui, je n’ai jamais vraiment eu le goût de la défaite. Je disais souvent : il va falloir me tuer pour me prendre ma ceinture. Vous savez, c’est parce que je me suis toujours imaginé être un champion, aujourd’hui encore.

Vous aviez forcément un secret…

J’ai travaillé toujours dur, de manière déterminée et sans avoir peur de faire des sacrifices. Et c’est pour ça que je suis présent ici à Monaco. Je veux montrer à la jeune génération comment s’y prendre pour qu’elle puisse devenir, comme moi, championne un jour. J’ai beaucoup reçu et c’est important de rendre ça aujourd’hui.

Vous parlez de sacrifices mais estce que tout le monde est capable de se transcende­r ?

Non, tout le monde n’en est pas capable. Maintenant, je pense que c’est quelque chose qui est en nous, qui grandit pas à pas. C’est quelque chose que vous devez vouloir vraiment. Vous devez être constammen­t cet athlète qui a faim. Vous pouvez être inspiré par tous les athlètes qui sont autour de vous (il regarde les autres légendes présentes à ses côtés dans la salle d’interview) .Nos objectifs et nos rêves étaient les mêmes.

Êtes-vous encore dans le milieu de la boxe ? Non, la boxe, c’est terminé pour moi. Finito. Je suis coule des jours heureux en Italie, où il passe sa retraite avec sa deuxième épouse, Kay. Dernièreme­nt, il est venu passer quelques messages aux Laureus Awards à Monaco, notamment son envie de refaire du cinéma.

retraité (rire) ,mêmesije n’arrête pas et que je continue de me bouger.

Vous évoquiez l’envie de transmettr­e plus tôt, pourquoi ne pas l’avoir fait auprès de jeunes boxeurs ?

Parce que c’est très difficile aujourd’hui de les capter. Leur esprit est tout le temps tourné ailleurs, vers l’extérieur et de l’autre côté de la fenêtre. Ils ont des copines (rire). Il faut aussi trouver le bon âge pour faire débuter la boxe aux gamins. Ils ne doivent pas commencer trop tôt. Peutêtre que vers  ans, à l’âge où moi j’ai débuté, c’est le bon moment. Vous comprenez beaucoup mieux les choses.

Qui était le meilleur boxeur de l’histoire selon vous ?

(Sans hésiter). Mohamed Ali. C’était un type extraordin­aire.

Qui est votre meilleur ami dans la boxe ?

Vous n’avez pas d’amis dans la boxe (rire). C’est seulement quand vous avez terminé de combattre que vous pouvez vous dire, ok, c’est bon, il peut y avoir une amitié.

Qui était votre pire adversaire ?

C’était ma mère (rire). Parce

que je ne gagnais jamais. Et puis vous ne pouvez pas donner de coups à votre mère.

Avez-vous eu peur, parfois, au cours de votre carrière ?

Non, parce qu’avoir peur est un frein. Maintenant, c’est bien d’avoir quelques craintes psychologi­ques, parce que tu ne peux pas gagner si tu as trop confiance en toi.

Etes-vous d’accord avec ceux qui disent qu’aujourd’hui la boxe est devenue ennuyeuse, seulement guidée par l’argent ?

Je suis parti à la retraite trop tôt (rire). Pour moi, il faut surtout que la boxe se focalise sur les enfants. C’est ce que nous devons faire. Être attentif à ce qu’ils soient heureux et qu’ils aient le sourire sur leur visage. Il faut surtout leur donner de l’espoir, une éducation et des projets.

Qui est le nouveau Marvin Hagler ?

La lignée a été rompue (rire).

Aujourd’hui, Gennady Golovkin et Saul Alvarez règnent sur les poids moyens. Lequel préférezvo­us ?

Je les ai déjà regardés tous les deux parce que j’adore encore la boxe. Maintenant, à chaque fois que je fais des commentair­es sur les boxeurs de la nouvelle génération, je fais les gros titres… Pour moi, ils font moins de sacrifices qu’à mon époque. J’ai quand même rencontré ‘‘Triple G’’ (le surnom de Golovkin) et je lui ai dit que j’étais heureux qu’il soit champion du monde (WBA -, IBO -, IBF  et WBC -). Ça redonne du crédit à ma catégorie. Il est là pour durer. Alors que la plupart des champions aujourd’hui vont et viennent. C’est troublant pour le public, qui ne sait plus qui est le vrai champion, Mike Tyson ou un autre. Il y a trop de ceintures mondiales de toute façon. On les jette aux boxeurs comme si elles étaient des bonbons.

Les gens disent de vous

que vous êtes une légende. Vous le pensez aussi ?

Ce que je peux dire, c’est que je suis reconnaiss­ant et que je remercie ceux qui le pensent.

Tourner au cinéma vous intéresse toujours ?

Actuelleme­nt, j’essaie de tourner à nouveau dans des films d’action et d’aventure. Ça dépendra du projet. J’aime le cinéma et passer devant la caméra, dans différents pays. Ce n’est pas la réalité, tout est faux. Je peux mourir un jour et revenir le lendemain. Ça me fait délirer. C’est un jeu qu’il faut vivre à fond comme quand je boxais. Je m’interdis seulement les scènes d’amour pour ne pas énerver ma femme.

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 ?? (Photos C.R. et AFP) ?? Invité à Monaco à l’occasion des Laureus Awards, Marvin Hagler, boxeur américain de légende qui a régné sur les poids moyens dans les années , a livré quelques-uns de ses secrets et évoqué la jeune génération.
(Photos C.R. et AFP) Invité à Monaco à l’occasion des Laureus Awards, Marvin Hagler, boxeur américain de légende qui a régné sur les poids moyens dans les années , a livré quelques-uns de ses secrets et évoqué la jeune génération.

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