La section gym des Matagots veut survivre
L’ouverture d’un poste d’EPS non spécifique à l’enseignement de la gymnastique a suscité l’émoi. Parents, élèves et professeurs sont mobilisés pour la survie de la section dont ils craignent la fin
Les pétitions, en ligne et sur papier, ont collecté plus de 750 signatures ! Une banderole « La section gym en danger » est déployée à l’entrée de l’établissement, deux motions ont été rédigées et une audience demandée au directeur académique… La section sportive gymnastique artistique féminine du collège Les Matagots – la seule du département – est inquiète pour sa survie, le fait savoir et mobilise de nombreux soutiens. Jusqu’au maire de La Ciotat, Patrick Boré, qui a écrit à l’inspecteur d’académie pour relayer l’angoisse des gymnastes et l’appeler à la raison.
Avec collégiennes
La raison, justement, tient à l’ouverture d’un poste de professeur d’éducation physique et sportive (EPS) au sein de l’établissement. « Le professeur en charge de cette section gym a toujours été fléché, c’est-à-dire habilité à dispenser l’enseignement spécifique gym, résume Céline Barruol, présidente du club de gymnastique de La Ciotat
(1) avec qui le collège a créé la section en 1982 et signé une convention. Un partenariat étroit a également été mis en place avec le lycée de la Méditerranée et l’UNSS départementale et régionale. Or, le rectorat va certainement suivre l’avis de l’inspecteur pédagogique d’EPS pour qui la gymnastique n’est pas une activité à risque et décider de ne plus flécher ce poste. Si l’enseignant n’est pas spécifié, il ne pourra pas enseigner la gym en toute sécurité. Il pourrait même refuser d’encadrer la section ! » Cette éventualité a fait l’effet d’une douche froide et provoqué la stupéfaction. Chez les jeunes gymnastes, leurs parents, leurs syndicats, les encadrants du club, le corps professoral… jusqu’au plus haut niveau dans le collège. « Les élèves doivent être sous la responsabilité d’un professeur d’EPS “reconnu compétent” de façon à garantir le dispositif, car le niveau de pratique en section sportive est beaucoup plus élevé qu’en cycle de gymnastique en EPS », insiste la présidente, qui cite le bulletin officiel n° 38. Cette année, 43 collégiennes, scolarisées de la 6e à la 3e, pratiquent la gymnastique, en plus de leur temps scolaire, 3 heures par semaine et sont actuellement encadrées par une professeur certifiée, remplaçante de la titulaire qui ne reprendra pas son poste. Ce qui explique l’ouverture du recrutement auquel la remplaçante actuelle ne peut d’ailleurs pas prétendre. En tout état de cause, c’est un comité technique qui se prononcera sur la typologie du poste le jeudi 21 mars. Le recteur d’académie ayant le dernier mot. Les enjeux vont au-delà du simple exercice d’une activité physique. L’engouement pour cette section gym est emblématique. « Des écolières rêvent de la rejoindre dès le cours élémentaire ! La section est très demandée ! La sélection se fait sur dossier et test. Les aptitudes physiques mais aussi scolaires sont prises en compte, appuie Céline Gonzalez, directrice et ancienne élève de la section, tout comme la présidente. Des dérogations ont même été accordées à des collégiennes varoises de La Cadière et de Saint-Cyr pour s’inscrire au collège Les Matagots, afin qu’elles puissent intégrer la section gym. »
Des résultats sportifs et personnels
Un engouement à la mesure des résultats sportifs enregistrés. Les jeunes gymnastes du collège de La Ciotat, dont elles portent haut les couleurs, sont multititrées et par équipes trustent les podiums en championnat de France Ufolep. Elles sont même auréolées d’un titre de championnes d’Europe UNSS. « Depuis 1982, 1 800 élèves ont été accueillies au sein de la section. Pas beaucoup ont échoué. Les résultats scolaires suivent. Nous avons même pu détecter des formes de harcèlement et y mettre un terme », conclut la directrice qui ne tarit pas d’éloges sur le pôle d’excellence. (1) Le club de gymnastique de La Ciotat, qui a fêté ses 42 ans, fédère 270 adhérentes et adhérents âgés de 2à20ans.