Nice : spectaculaire coup de filet sur un marché clandestin
Le sous-marin des douanes était resté en planque une bonne partie de la nuit. Le « sous-marin », ou la « cuve », c’est un fourgon banalisé qui permet d’observer discrètement les allées et venues. En l’occurrence, celles qui se multipliaient autour de l’ancien site de la Sonacotra, boulevard du Mercantour à Nice ouest. Le but du coup de filet était de démanteler le marché clandestin qui s’était réinstallé à cet endroit, après avoir été interdit l’an dernier, en septembre. Les forains de l’Oued – également appelé Nice-Village – avaient été déplacés le lundi sur un marché officiel, près de la salle Nikaia. Préparée depuis des mois, l’opération d’envergure a mobilisé hier près de 90 fonctionnaires : la police municipale, la police nationale (Bac, compagnie départementale d’intervention), la douane, la police aux frontières, l’Urssaf, l’inspection sanitaire (DDPP), les services sanitaires de la police municipale et la propreté de la Ville.
Le top départ au petit matin
Au petit matin, le top départ était donné. Les policiers ont investi en masse le secteur, provoquant la panique chez les vendeurs clandestins. Sur place, le spectacle était saisissant : de la viande entreposée à l’air libre, dans des chariots. « Cela leur permet de fuir plus vite en cas de contrôle », explique une source proche du dossier. Mais aussi des carcasses de voitures, des points de vente de tabac en provenance du Maghreb. Et encore des milliers d’articles de toutes sortes, ainsi que cent tables et quatre cents chaises. Sur ce marché illégal, tout se vendait, tout s’achetait. Ce trafic était tellement important que les riverains ne pouvaient plus accéder à leur logement le dimanche. Le bilan est impressionnant : une tonne de viande impropre à la consommation saisie, ainsi que 750 kg de fruits et légumes sans traçabilité, 15 tonnes de produits divers mis à la vente et 25 cartouches de cigarettes de contrebande. Six personnes ont été interpellées. Parmi elles, un vendeur à la sauvette refusant la destruction de ses objets, un autre pour « défaut de permis conduire et d’assurance », deux autres pour « infraction à la législation sur les étrangers », un pour « trafic de tabac ». Le dernier interpellé faisait l’objet d’une fiche de recherches. Des objets volés ont été retrouvés en sa possession. Sept autres personnes sont poursuivies pour travail dissimulé, 51 procès-verbaux ont été dressés et des voitures immobilisées ou enlevées. Les agents ont aussi découvert un trafic clandestin d’abattage de moutons. Ils étaient dépecés à même le sol, et revendus sans aucun contrôle sanitaire. Trois boucheries ont été fermées avec destruction des denrées. Des commerces communautaires, installés là pour certains légalement dans la galerie commerciale, d’autres illégalement, ont été contrôlés. La Ville indique avoir engagé la procédure de résiliation des baux commerciaux légaux avec indemnité financière (au 31 mars), et procédé à l’expulsion des illégaux. L’opération a été coordonnée par la cellule d’intervention mutualisée de la police municipale. Le sous-préfet Franck Vinesse était sur les lieux hier matin. Une surveillance sera mise en place les prochains dimanches pour éviter une réinstallation, indique la Ville.