Grand débat : l’heure du premier bilan
Dans le cadre du Grand débat, le compte est bon : réunions tenues dans toute la France, le plus grand nombre d’entre elles organisées par les élus locaux, qui ont joué à fond le jeu de la concertation proposée par le Président ; près d’un million et demi de contributions sur la plateforme en ligne ; cahiers de doléances dans les mairies. Réunis hier à Chartres autour de leur nouveau patron Stanislas Guérini, militants et cadres de La République en marche ont eux aussi avancé leurs propositions, tandis que les ministres planchaient autour d’Édouard Philippe ; demain, ce sera le tour des députés, autour de leur président de groupe Gilles Le Gendre. Encore est-on loin du terme de la réflexion : avant que le Président, qui continue ses déplacements à travers la France, annonce ses décisions, on verra se succéder conférences thématiques nationales, conférences citoyennes qui réuniront, nouveauté, une centaine de citoyens tirés au sort. Sans oublier, début avril, les débats prévus à l’Assemblée nationale et au Sénat. Bref, le happening n’est pas terminé, même si l’on peut déjà tirer un bilan des premières contributions. Arrive en tête des préoccupations des Français la fiscalité, jugée presque unanimement injuste, opaque en tout cas. Puis les enjeux écologiques, avec, il faut bien le dire, un rien de schizophrénie dans la tête des citoyens, qui voudraient bien voir s’éloigner les menaces du changement climatique sans consentir à des sacrifices. Enfin, tout ce qui a trait à l’organisation de l’État et des services publics. Difficile sera, à coup sûr, ce qu’on baptise déjà l’atterrissage. La piste qui s’offre à Emmanuel Macron présente au moins deux obstacles. Le premier est le temps : tout ne peut pas être fait en un jour. Au Président de proposer ce qui doit être mis en oeuvre à l’instant – qu’il s’agisse du vote blanc ou de l’indexation des retraites sur l’inflation –, et ce qui nécessite une réforme fiscale en profondeur par exemple, des mois et des mois d’ajustement. Le second est plus périlleux encore : les solutions retenues ne peuvent pas être radicalement différentes des propositions sur lesquelles Emmanuel Macron a été élu il y a moins d’un an. Il ne peut se déjuger lui-même. Le remède serait pire que le mal.
« La fiscalité, les enjeux écologiques et les services publics arrivent en tête des préoccupations des Français. »