Coste Chaude : la résistance contre le projet immobilier s'organise
La réunion publique de Nathalie Bicais, jeudi soir aux Sablettes, aura permis aux opposants au futur complexe résidentiel de 144 logements de fourbir leurs armes pour attaquer le projet
Ce devait être une réunion politique, organisée dans le cadre de la campagne pour les élections municipales de 2020. Mais d'emblée, la candidate déclarée Nathalie Bicais (LR) annonce qu'elle modifie l'ordre du jour pour aborder la question du projet immobilier à Coste Chaude. Il faut dire que la salle du restaurant sablettois, où se tient la rencontre, est garnie d'une bonne centaine de personnes venues, pour la plupart, chercher des informations sur le sujet ainsi que sur les moyens… de le bloquer. Dans un premier temps, la conseillère municipale d'opposition réaffirme à la fois son hostilité au projet de 144 logements et son soutien aux riverains qui le dénoncent. Elle assure que « les élus entendent parler de ce dossier depuis deux ans, mais que personne l'a jamais vu ». Elle déplore que « le maire ne soit pas venu, la semaine passée à l'hôtel de ville, présenter lui-même ce projet qui aura un impact conséquent sur la commune ». Et enfonce le clou : « Ce qu'il se passe à Mauvéou est révélateur de la gestion de la ville. A force de vouloir l'urbaniser, on l'asphyxie. Et dans ce dernier quartier de campagne qu'est Coste Chaude, il n'y a pas de schéma d'aménagement, tout comme il n'y a pas de réflexion globale à l'échelle de la ville ».
« Un massacre à la bétonneuse »
Rapidement, les opposants au projet porté par Vinci Immobilier donnent la réplique. A commencer par le riverain Yvon Nicol, en première ligne dans cette contestation : « On est en colère, ça ne va pas se passer comme ça. On veut que Coste Chaude reste un quartier résidentiel préservé, pas un quartier bétonné ». « Oui, c'est un massacre à la bétonneuse », reprend Nathalie Bicais, qui estime, sous les applaudissements, qu' « il y a assez de logement social à La Seyne ». Dans la foulée, c'est l'adjointe au maire Denise Reverdito qui est pointée du doigt par un autre intervenant, parce qu' «en tant qu'élue écologiste, elle défend un projet de logements qui va bétonner et couper des arbres ». Dans le public, un homme relève aussi que le projet est « en contradiction avec les objectifs du PADD et du PLU » qui prévoient de « sanctuariser nos espaces naturels, littoraux et agricoles » et de « freiner l’urbanisation galopante ». Peu à peu, l'échange avec la salle tourne à la recherche des moyens de contrer la construction annoncée à Coste Chaude. Déjà, Nathalie Bicais apporte une information « rassurante » : renseignement pris en mairie, elle annonce que le permis de construire n'est pas déposé. Du coup, on lui demande s'il est opportun de créer une association pour attaquer le futur permis. Réponse : « Oui, je vous le conseille. Il faut la créer avant que le permis ne soit déposé ». Dans le public, un intervenant ajoute qu' «onpeuttous attaquer le permis à titre individuel car, en tant que riverains, on a un droit de regard sur le projet ».
Comment attaquer ?
« Mais sur quels critères peut-on attaquer ? », interroge une femme. «Sur le fait que le projet n'est pas conforme au PLU d'une part, et sur l'insuffisance des réseaux d'autre part », estime Nathalie Bicais. Autre argument avancé par Robert Durand, au titre de la Confédération Environnement Méditerranée : « On a déjà fait regarder le dossier par nos avocats ; et rien qu'au niveau de l'insuffisance de la concertation, on peut bloquer la procédure, un an ou deux, comme on l'a fait sur Bois-Sacré » (et sur le projet de cinéma, Ndlr). Toujours est-il, reprend l'élue LR, que « ce sont vos actions qui peuvent ébranler le maire. Oui, la pression des riverains peut faire arrêter le projet, comme cela a été le cas pour une quarantaine de logements à La Donicarde. Se mobiliser, c'est la seule façon de le faire reculer. Surtout à un an des élections, je ne pense pas que le maire prenne le risque d'un bras de fer ». Cela étant, poursuit Nathalie Bicais, « si la décision était prise d'arrêter le projet, il faudrait que la collectivité (en l'occurrence TPM, désormais compétente en matière d'urbanisme) rembourse à l'Etablissement public foncier régional le coût des parcelles acquises à Coste Chaude, soit 2,8 millions. Ou bien, il faudrait casser la convention entre la ville et l'EPFR au profit d'un autre projet d'intérêt public, comme une maison de quartier ou un centre de sécurité adossé à la caserne des pompiers ». Face à la complexité du dossier, certains s'interrogent encore : « Mais pourquoi le maire veut-il à tout prix faire construire ce lotissement ? Comme nous sommes en période pré-électorale, ne serait-ce pas une tactique de diversion pour bloquer le débat sur ce projet et faire oublier le reste ? ». Si la question restera sans réponse, la colère des résidents de Coste Chaude ne semble pas prête de s'éteindre. Elle se prolonge d'ailleurs par le biais d'une pétition qui circule sur Internet et que les participants
(3) à la réunion de jeudi soir ont pu également signer sur place. 1. Projet d'aménagement et de développement durable 2. Plan local d'urbanisme 3. Sur le site www.change.org