Il se monte aussi à 2 roues ‘‘ Les meilleurs grimpeurs ne vont pas laisser une occasion pareille de s’expliquer ” D’Amaël Moinard (Arkéa-Samsic)
Le col du Turini est mythique grâce au rallye Monte-Carlo. Mais depuis la présentation du parcours le 9 janvier, il occupe les esprits des meilleurs grimpeurs qui sont venus le reconnaître
L’application Strava (réseau social de sportifs) donne un bon aperçu de l’importance qu’a pris le col du Turini ces dernières semaines dans les pelotons professionnels. On peut s’apercevoir que les sept meilleurs temps de l’année ont été réalisés par des coureurs du World Tour (voir ci-contre). Des grimpeurs qui sont venus reconnaître le col culminant à 1607 m en prévision de ce Paris-Nice. Le meilleur temps a été signé par Rudy Molard (GroupamaFDJ), en 44’39’’ lors d’une sortie de 158 km le 3 mars, qu’il a partagé avec Mikael Cherel. « J’avais un exercice spécifique de 45 minutes à faire, donc j’ai monté le col à fond », se souvient l’Antibois. «Vu mes watts (346 de moyenne), c’est un bon temps, mais le jour de la course, on sera sous les 42 minutes ». A trois secondes de l’Azuréen, on retrouve Warren Barguil (Arkéa-Samsic), qui était venu fin février sur les pentes de ce géant des Alpes-Maritimes. Malheureusement, une chute dès le deuxième jour de course l’empêchera de jouer les premiers rôles aujourd’hui. Le Breton y avait noté quelques données importantes. « Au total, c’est une étape qui propose 4600 mètres de dénivelé. On est vraiment sur un col de haute-montagne, puisque nous terminerons au-dessus de 1600 mètres. Si l’on compare aux années précédentes, je pense que c’est plus dur que la Couillole (2017) ou que la Madone d’Utelle (2016). C’est irrégulier mais il n’y a quand même
pas beaucoup de moments de répit. ». Le meilleur grimpeur du Tour 2017 parle même « d’une étape du Tour » et non d’un simple col, car la journée promet d’être éprouvante. « En dehors des vallées de l’Estéron et de la Vésubie, il n’y aura pas de temps mort », estime le Saint-Jeannois Amaël Moinard, qui connaît par coeur toutes ces routes du jour. « Dès le début d’étape, les côtes de Gourdon, Cipières, Coursegoules vont faire mal et user ». Pour Rudy Molard, le constat est identique. «Ça va être une course d’usure. Il y a peu de descentes pour récupérer et les organismes seront déjà fatigués au pied du Turini, après six étapes ». D’autant que la côte de Pelasque, longue de 5,7 km, attend les coureurs juste avant d’aborder le dernier col. Une trouvaille des organisateurs, méconnue des cyclistes de la région. Le puncheur de Groupama-FDJ tenait absolument à repérer cette difficulté. « C’est une petite route, la descente est plutôt bonne. Je ne l’imagine pas décisive, mais il faudra absolument être bien placé, car en bas de la descente, on se retrouve à deux kilomètres du pied du Turini ». La suite, ce sera l’explication entre les grands grimpeurs sur les derniers 14,9 kilomètres. « Pour eux, c’est le premier grand rendez-vous de l’année, pense Moinard. Ils ne vont pas laisser passer une occasion pareille de s’expliquer. Je ne vois pas une échappée aller au bout ». Peut-on imaginer certains grimpeurs se livrer dès les premiers lacets du col ? « Je ne crois pas », avance Molard. « Ça va se monter sur un très gros tempo et les meilleurs attendront les derniers kilomètres. A mon avis, les écarts en haut du Turini seront moins importants que sur le chrono. » A Barbentane, certains grimpeurs comme Bardet ont perdu plus d’une minute. L’Auvergnat devra sortir le grand jeu pour revenir.