Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Olivier Picasso raconte son illustre grand-père

En marge de l’exposition au Musée d’art, Le Liberté accueille demain soir le petit-fils de l’artiste. Olivier Widmaier-Picasso présente un « portrait intime » de son illustre aïeul

- C. G.

Il a mis quelque temps à assumer pleinement son patronyme. Pourtant, petit à petit, Olivier Widmaier-Picasso a fini par se rapprocher de cet illustre grand-père qu’il n’a jamais connu. Le conférenci­er du jour est le fils de Maya, fruit des amours du peintre et de Marie-Thérèse Walter qui fut sa compagne de 1927 à 1944. Olivier a réussi une brillante carrière de juriste et producteur dans l’audiovisue­l (il a notamment produit Yannick Noah) avant de se « rapprocher » de son aïeul au début des années 2000 en lui consacrant des ouvrages. Demain soir au Liberté à Toulon, il évoquera le « Portrait intime » de Pablo Picasso (le nom d’un de ses ouvrages) avant la diffusion du documentai­re Picasso, l’inventaire d’une vie, qu’il a coécrit avec Hugues Nancy.

Comment avez-vous trouvé votre place dans la « galaxie » Picasso ?

J’ai fait des études de droit car il se trouve que je ne suis pas du tout doué pour le dessin. Mais s’il n’était pas question que j’aille me frotter au génie de mon grandpère, j’avais tout de même une certaine fibre artistique. Le fait que je me sois orienté tôt vers les mondes de la télévision et de la musique vient peut-être de cet atavisme artistique. Mais j’ai préféré m’occuper du talent des autres que de celui que je n’avais pas. En , j’ai commencé à m’intéresser au digital, me suis dit que Picasso – auquel je ne m’étais pas spécialeme­nt intéressé jusque-là – était un sujet en or. Cela m’a permis de me rapprocher de mon oncle Claude qui est l’administra­teur de l’indivision (). Je suis intervenu auprès de lui pour imaginer des réponses aux problèmes qu’il avait à l’époque, notamment en terme juridique. J’ai proposé des idées. En , on est passé du droit d’auteur au droit des marques. Il y avait alors  marques déposées illégaleme­nt dans le monde. Il fallait choisir ses partenaire­s.

C’est vous qui suggérez notamment le partenaria­t avec Citroën. Ce qui fait scandale à l’époque...

Oui, mais force est de constater que vingt ans et quatre modèles plus tard, le succès a été au rendez-vous. Les gens ne sont pas idiots. Certes il y a une voiture qui porte un nom célèbre, mais l’image de l’artiste n’est pas affectée. Par ailleurs, cela nous a permis de protéger l’image de Picasso dans les pays où les véhicules étaient distribués. Car si vous n’avez rien à défendre, vous ne pouvez pas protéger une marque. Il fallait faire quelque chose.

Au début des années , vous avez commencé à retracer la vie de votre grand-père dans des livres. Pour quelle raison ?

On me l’a demandé. J’ai publié un premier ouvrage en  puis, en , il y a eu Picasso, portrait intime chez Albin Michel qui a été traduit dans cinq ou six langues. Pour moi, c’est à la fois un plaisir mais c’est aussi un devoir d’être extrêmemen­t strict avec la réalité. On pourrait penser que j’ai une vision idyllique de sa vie, ce n’est pas le cas. Simplement, là où certains disent que Pablo Picasso « était difficile », moi je dis simplement qu’il « n’était pas facile ». Parce que son oeuvre n’est pas facile et que tous les gens qui ont des carrières extraordin­aires – ça va de De Gaulle à Madonna – ne sont pas gens « faciles ». Ils font face à des situations hors du commun. J’essaye d’être très objectif. Dans la mesure du possible...

Pourquoi dites-vous parfois que c’est « compliqué » d’être le petit-fils de Pablo Picasso ?

Je pense avoir réussi toute ma vie à avoir une sorte de modestie et à ne jamais dire « vous ne savez pas qui je suis ? ». Je pense que  % de ma vie ont toujours été influencés par cet homme, sa vie, sa carrière, son nom et sa fortune. Pour le reste, j’ai réussi à faire ce qui me plaisait. Je me suis retrouvé à un moment de ma vie à un croisement avec ce grand-père et j’ai essayé de faire au mieux dans ce que je savais faire pour essayer de faire avec lui. On peut vivre sans Picasso ou par Picasso, moi j’essaye de vivre avec.

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(Photo DR/Steven Lyon) Raconter Picasso, « c’est un plaisir mais c’est aussi un devoir d’être extrêment strict avec la réalité », explique Olivier Widmaier-Picasso.

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