Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Assises : témoins en retrait sur les crimes de Septèmes

Six des témoins prévus ont joué l’arlésienne devant la cour d’assises d’appel. Le principal témoin à charge, pour les deux accusés, est revenu sur les nombreuses déclaratio­ns qu’il avait faites

- G. D.

Dans le procès en appel des règlements de comptes à Septèmes-les-Vallons, aux portes des quartiers nord de Marseille (lire nos précédente­s éditions), les six témoins que la cour d’assises du Var devait entendre hier matin ont brillé par leur absence. Il s’agissait pour la plupart de jeunes gens de la cité de la Gavotte-Peyret, qui connaissai­ent soit Yann Fuentes, abattu à l’âge 22 ans au volant d’une voiture, soit Mohamed Belhacene, 26 ans, accusé de l’avoir assassiné.

Témoins absents

Le président Guyon en a été quitte pour donner lecture de leurs déposition­s lors de l’enquête. Ils n’avaient pas assisté aux faits, mais avaient rapporté la rumeur du quartier, selon laquelle c’était Mohamed Belhacene qui avait tué Yann Fuentes, son ami. Certains étaient même étonnés que les deux aient pu conserver des liens, après la séquestrat­ion et les coups qui avaient été infligés dans une cave à Mohamed Belhacene. Celui-ci avait été présenté comme l’auteur du vol de 10 kg de résine de cannabis, qui avaient été confiés à Yann Fuentes.

Le témoin clé…

Walid Hamdaoui, le témoin clé du procès n’a, pour sa part, pu faire autrement que de déposer devant la cour. Détenu dans une troisième affaire d’homicide, pour laquelle il a été condamné aux côtés de Mohamed Belhacene, il a été interrogé pendant plus de trois heures, en visioconfé­rence depuis sa prison. C’est qu’il avait beaucoup parlé, au long de treize déposition­s devant les policiers et les juges d’instructio­n. Il avait notamment indiqué avoir recueilli les confidence­s de Mohamed

Belhacene, au moment où il l’hébergeait en août 2014. Selon lui, son hôte avait tué Yann Fuentes pour se venger des coups reçus après le vol du cannabis. D’après les mêmes confidence­s, c’était Jean-Baptiste Fuentes, l’oncle de Yann, qui avait tiré sur Belhacene, trois semaines après l’assassinat de son neveu. Devant la cour, il s’est montré bien en retrait de ses déclaratio­ns passées.

... en retrait sur ses déclaratio­ns

« J’étais naïf. J’ai dit tout et n’importe quoi. Que Mohamed avait tué Yann et que Jean-Baptiste avait pu tirer sur lui pour venger Yann. J’ai beaucoup parlé. J’ai inventé. J’ai commis du désordre en les mettant en cause tous les deux. » Pourquoi avoir continué pendant de longs mois à soutenir cette thèse, en y apportant quantité de détails ? « J’avais dit tout ça en garde à vue. J’étais dans ma folie. Il me fallait continuer. » Le président a fait réagir Mohamed Belhacene. « Il dit n’importe quoi. Je ne lui ai jamais rien dit. Pour moi, c’est un fou. Ça fait cinq ans que je suis en prison à cause de lui. » Quant à Jean-Baptiste Fuentes : « Je ne connais pas Monsieur Hamdaoui. Je ne l’ai vu qu’une fois, quand j’ai été acquitté à Aix. Tout ça, c’était l’entourage de mon neveu. Je n’ai jamais été en contact avec eux. » D’autres témoins ont été convoqués aujourd’hui, pour déposer sur la deuxième affaire, celle de la tentative d’assassinat sur Mohamed Belhacene.

 ?? (Croquis d’audience Rémi Kerfridin) ?? Mohamed Belhacene, assisté par Me Hanna Akacha, en début de procès.
(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Mohamed Belhacene, assisté par Me Hanna Akacha, en début de procès.

Newspapers in French

Newspapers from France