Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le chef de meute

Victor Zvunka n’a pas choisi la facilité en venant au chevet du Sporting Toulon. Mais le coach est convaincu de pouvoir sauver le club. Avec un coup de pouce

- RAPHAËL COIFFIER

Atire-d’aile, une volée d’étourneaux déchire la grisaille. Apeurés par le hurlement du loup. Trop longtemps silencieux sur le pré de Meggiolaro... À l’affût, le chef de meute ne supporte aucune erreur. À l’entraîneme­nt comme à l’heure de la chasse aux points. Gibier si précieux en cette saison froide… Victor Zvunka n’a pas rejoint la tanière toulonnais­e pour la regarder s’effondrer. Tomber en miettes. Les bras croisés et la bouche cousue. Signes de fatalisme ! L’infatigabl­e Zatopek de la planète foot - déjà 35 ans qu’il entraîne - a depuis des lunes posé son diagnostic sur la bête blessée. Avant même, peut-être, sa rencontre avec le président Claude Joye…

Des recrues déjà ciblées

« Je sais où je mets les pieds. Vous pensez bien que j’ai analysé la situation. Le challenge sera difficile. Mais je suis toujours optimiste ! » Le bonhomme a déjà essuyé d’autres tempêtes. Ce maintien, il mettra tout en oeuvre pour l’obtenir. Sauf que seul, il sait pertinemme­nt que la mission est quasiment impossible. Que sa bonne volonté s’auto-détruira au crépuscule de la saison… « Il faut d’abord remettre les joueurs en confiance. Puis renforcer l’équipe avec des garçons d’expérience. » Epaulé par Jean-Marc Ferreri - directeur sportif toujours dans l’attente de la signature de son contrat Zvunka a ciblé trois à quatre recrues. « Nous avons pris notre temps car il n’est pas question de nous tromper. Désormais, la balle est dans le camp du président. C’est lui qui tient les cordons de la bourse… » Reste aussi en suspens l’avenir des cinq transferts de l’été, peu probants - le sixième, Kanté, ayant déjà quitté le nid. Une équation susceptibl­e de brouiller les cartes si elle n’est pas résolue rapidement… C’est dire la complexité de la situation toulonnais­e. La complexité et l’urgence avec un Sporting en queue de peloton. Bloqué à 8 points. Mais paradoxale­ment pas encore décroché dans la course à la survie. « Moi, ce qui m’intéresse ce ne sont pas les histoires, les bruits de couloir, c’est le terrain, rien que le terrain ! Je ne vois que l’intérêt du club, des joueurs et aussi des supporters » pointe le Stakhanovi­ste. Malgré la pression palpable - à Toulon, il n’y a pas qu’au RCT où tout est différent - le baroudeur du banc dit toujours à voix haute et claire ce qu’il pense.

L’expert a l’oeil sur tout

« Je viens à peine de fêter mes 68 ans, ça ne va donc pas changer demain. J’ai du répondant. Même avec les présidents. Se dire les choses franchemen­t, ça fait avancer. » Déjà, le 1er janvier 1985, il conjuguait ce franc-parler au présent de l’indicatif. Alors que Lagardère le nommait à la surprise générale coach du Matra. « Ma première décision à l’époque avait été de sortir de l’équipe, Oekland, notre avant-centre norvégien. Alors que c’était mon compagnon de chambrée ! » Un rire franc plus tard, Zvunka ajoute, comme un clin d’oeil : « Lagardère m’appelait le Guy Roux du Racing. De chez nous comme il disait… » Cette casquette de pompier lui colle depuis à la peau. Il ne s’en défera pas sur la rade où la ferveur est à la hauteur de sa passion dévorante. Au point qu’il ne néglige aucune lettre de l’alphabet lorsqu’il s’agit de la progressio­n de ses louveteaux. « J’essaye d’avoir l’oeil sur tout. À domicile comme en déplacemen­t. Nous sommes profession­nels, donc… » Donc, il va jusqu’à contrôler les collations, la balnéo… Rien n’échappe à l’expert. Pointilleu­x. Râleur. « Je peux hurler sur un terrain. Mais dans la seconde suivante, c’est fini. » La méthode Zvunka porte ainsi petit à petit ses fruits. « Depuis un mois, je sens les gars plus concernés. Plus investis. Mais je le répète : l’arrivée de joueurs ayant connu le National, voir au-dessus, leur apporterai­t encore davantage d’enthousias­me. Ils le reconnaiss­ent d’ailleurs volontiers… » Le stoppeur a retrouvé ses réflexes d’attaquant de 18 ans. Il est passé à l’offensive et aucun mauvais tacle ne brisera sa volonté de réussite. Pour peu que tout le monde tire dans le même but…

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Toulon, je sens qu’il y a une formidable ferveur pour le football. C’est particulie­r. Il y a donc un truc super à faire... ”

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