Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Tout faire dans un temps record : une aventure extraordin­aire »

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Pourquoi Chalucet est-il un chantier hors du commun ?

D’abord parce qu’il y a eu une mixité formidable dans les programmes. Pour ça, je rends hommage à Hubert Falco, qui a porté cette vision de mixité. Du logement, de l’enseigneme­nt, de la culture, des bureaux. Ce foisonneme­nt, cette possibilit­é de rencontres entre des publics de tous âges, c’est ce qui fait la force d’un quartier. Un autre point exceptionn­el, c’est qu’il fallait bâtir tous ces aspects différents en même temps, dans un temps record : bien qu’il s’agisse d’un chantier énorme et complexe, il fallait faire en sorte de gêner le moins possible et le moins longtemps alentour. Si nous avions fait chaque élément séparément, il nous aurait fallu dix ans !

D’ailleurs, il s’agirait du plus grand chantier d’Europe mené en centrevill­e…

En effet et c’est un des aspects exceptionn­els de ce chantier. Pour une raison simple : aujourd’hui, les terrains aussi grands en plein coeur de ville sont très rares. Et lorsque des villes disposent de tels espaces à construire, ils appartienn­ent généraleme­nt à l’armée ou au clergé.

Avez-vous rencontré des difficulté­s particuliè­res ?

Le fait est qu’il y avait quatre maîtres d’ouvrage différents pour différents éléments. Généraleme­nt, il y a un projet de médiathèqu­e et puis c’est tout. Là, il fallait faire en sorte de s’entendre pour tout faire dans le même temps, sans se marcher dessus, sans que les grues se tapent dedans. Pas facile quand on sait que tout le monde n’avait pas forcément le même rythme. D’autant qu’on parle de  entreprise­s et  ouvriers : c’est colossal ! Il a donc fallu orchestrer tout ça. Nous y sommes parvenus : une aventure extraordin­aire !

La livraison était annoncée pour l’automne dernier. Pourquoi ce retard ?

On parle en effet de cinq mois de retard. Deux des bâtiments (la Maison de la créativité et les Beaux-arts, Ndlr) présentaie­nt des aspects techniquem­ent très complexes qui ont parfois demandé des temps de mise au point. Mais – et c’est malheureux – nous avons surtout été plombés par le dépôt de bilan d’une entreprise d’électricit­é. À ce moment-là, les travaux des Beaux-arts ont été stoppés et nous avons dû relancer les procédures d’appel d’offres.

Y a-t-il un aspect dont vous êtes particuliè­rement satisfaite ?

Un projet passe par plusieurs échelles. Ici, on a traité de toutes les échelles. D’abord, la grande, celle de la ville et de comment le projet dialogue avec elle. Puis celle du bâtiment : l’architectu­re en elle-même, le travail sur la lumière, la sculpture du béton. Et enfin l’échelle de l’aménagemen­t, du mobilier, de la décoration. Celle qui fait qu’au bout du compte un bâtiment peut être réussi ou pas. Et c’est assez rare, en tant qu’architecte, qu’on puisse aller jusque-là. Or, ici, nous avons pu tout penser, jusqu’au camaïeu de couleurs, jusqu’au moindre tabouret. C’est un travail complèteme­nt abouti.

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