Une demande de suspension de peine refusée le décembre à Bastia
La date était symbolique. Le 23 décembre 2019, soit quarante ans jours pour jour après la tuerie de Béziers, la cour d’appel de Bastia s’est prononcée pour le rejet de la demande d’aménagement de peine formulée par la défense de Joseph Recco. Une demande que le multi-récidiviste avait faite – troublante coïncidence – le 18 janvier 2019, date anniversaire aussi des meurtres commis dans le Var. Défendu par son avocat historique Me Alain Lhote (barreau de Marseille) – le même qui l’avait assisté en 1980 aux assises à Draguignan – et par ses confrères Mes Jean-Sébastien De Casalta et Anaïs Naranjo Colombani
(barreau de Bastia), l’octogénaire réclamait une suspension de peine motivée pour raison de santé. Selon Me Lhote, les magistrats ont écarté cette demande eu égard à l’absence de remise en question de l’intéressé. « Il se dit toujours et encore innocent. Il n’en démord pas ». Les rapports ont ici conclu à« la persistance d’une dangerosité criminelle ».
« Un risque de récidive toujours présent »
Tommy Recco a, dans le cadre d’une précédente demande de libération conditionnelle, été placé en observation dans un centre pénitentiaire où son comportement a été évalué en 2016. Le constat est clair : il s’est figé dans un mode de fonctionnement rigide qui exclut toute remise en cause, sa mise à l’écart des affects semble inquiétante... Conclusion, « malgré l’âge le risque de récidive apparaît toujours présent »et« la poursuite de la détention reste la meilleure garantie de prévention ». Recco n’exprime ni remord, ni regret, se victimise, Il est décrit comme un individu à « l’égocentrisme forcené, psychorigide ». Autre argument en sa défaveur, M. Recco qui perçoit une pension de retraite, a arrêté d’indemniser les parties civiles en 2014 (soit 20 € de versement volontaire par mois) et passe ses journées dans sa cellule de la prison de Borgo à lire la bible, à regarder la télévision et à recevoir les visites de sa seconde femme qu’il envisage d’épouser à nouveau... Côté santé, les experts médicaux ont conclu que son état est compatible avec un maintien en détention. Maître Alain Lhote envisage toutefois une nouvelle demande de libération conditionnelle, voire une saisine de la Cour européenne des Droits de l’homme quant à la durée d’incarcération qu’il estime déraisonnable.