Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Les golfs vont-ils enfin pouvoir rouvrir ?

Le gouverneme­nt dévoilera d’ici demain soir les modalités pour la pratique du sport en plein air. Le golf a mis les bouchées doubles pour pouvoir reprendre. Une question de survie économique

- FABIEN PIGALLE

Il se dit, ici et là, que l’herbe n’a jamais été aussi verte et que les greens aussi beaux. Pour la trentaine de golfs du Var et des Alpes-Maritimes, il y a de grandes chances de pouvoir en juger sur place dès le 11 mai, date de déconfinem­ent annoncée par le gouverneme­nt. Mais dans un contexte aussi incertain, tout est à prendre avec des pincettes, les vérités d’un jour ne sont pas forcément celles du lendemain. Voilà maintenant plus de 8 semaines que les joueurs de golf ont rangé leurs clubs, faute d’installati­ons ouvertes. « Les activités physiques et sportives doivent s’arrêter », avaient décidé le 15 mars les préfecture­s après avoir reçu des consignes du ministère des sports.

« Une perte de 400 000 euros »

L’espoir renaît de pouvoir taper à nouveau la petite balle blanche dès le 11 mai. Il faut dire que dans ce contexte sanitaire exceptionn­el, la pratique du golf n’inquiète pas trop les autorités sanitaires et le ministère des sports qui ont travaillé aux côtés de la fédération française de golf pour diminuer les risques de contagions. Pratiqué en plein air, sans contact ni échange de matériel, le golf a beaucoup d’atouts dans une société où la distanciat­ion physique est obligatoir­e. Mais si la Fédération et les différents syndicats se sont autant mobilisés en coulisse pour faire du golf l’une des premières activités sportives à reprendre, c’est parce que la filière est en grand danger sur le plan économique. « Ce que l’on a perdu là sur des mois très fréquentés, on ne le rattrapera pas, avoue Didier Revilliod, directeur du golf de Saint-Donat à Grasse qui emploie 35 salariés. Comme tous les golfs, la structure grassoise a eu recours au chômage partiel. « Nos plus gros mois sont avril-mai et septembre-octobre, précise Didier Revilliod. Nous avons perdu près de 400 000 euros sur cette période de fermeture ». L’heure est donc plus que jamais à la reprise, mais pas question de faire n’importe quoi. « Il faut qu’on arrive à faire comprendre aux golfeurs que c’est une chance d’ouvrir et qu’il faudra respecter les directives (lire ci-contre). On va limiter à 2 joueurs par partie (au lieu de 4). Je pense que c’est une bonne chose pour débuter, pour que tout le monde appréhende ce nouvel environnem­ent. Il vaut mieux accepter de commencer petit, plutôt que de jouer à 4, découvrir qu’il y a des problèmes et que finalement les préfecture­s fassent machine arrière en nous montrant du doigt ». D’autant que pour traverser cette tempête, un grand nombre d’entreprise­s ont dû souscrire à un prêt bancaire. Pas question pas question de connaître un nouvel arrêt brutal d’autant qu’il faudra probableme­nt faire sans les touristes étrangers cet été. « Il ne faut pas oublier qu’on sort de deux catastroph­es naturelles... On a à peine eu le temps de remettre en état le parcours qu’il y a cette crise, souligne aussi Jean-Stéphane Camérini, président du Old Course Cannes Golf Links. Mais on est vraiment content d’ouvrir. Je ne me projette pas pour l’instant sur des chiffres. On reste près du terrain, près des employés, il y en a quand même 40 au total dont 12 jardiniers. Aujourd’hui le plus important c’est de préserver les emplois. »

« On peut compter sur le civisme des gens »

« Nous avons 550 membres et sommes moins impactés que pourraient l’être les golfs commerciau­x, avoue de son côté Christophe Laurey, directeur du golf de Valescure à SaintRapha­ël qui reste prudent et confiant quant à la reprise malgré l’annulation de plusieurs compétitio­ns. Je pense qu’on peut compter sur le civisme des gens. Les précaution­s que l’on mettra en place, c’est pour le bien et la santé de tous. On est dans le même bateau ». Afin de permettre une ouverture rapide, l’entretien des parcours n’a jamais été arrêté. Le terrain est même le grand gagnant de ce confinemen­t - s’il faut en désigner un -. « Le gazon est plus dense, les fairways magnifique­s », insiste Christophe Laurey. « Forcément, pendant plusieurs semaines, il n’y a pas eu de public donc l’herbe n’a pas été piétinée, les greens n’ont pas été impactés par les balles etc. Le parcours est splendide », assure Didier Revilliod. « Il n’a jamais été aussi beau », confirme Jean-Stéphane Camérini. «On a pu travailler deux fois plus sur le parcours en l’absence des contrainte­s liées aux joueurs et au jeu. Forcément le résultat est là », constate Pierre Germain, patron de Green Garden Consulting qui chapote l’entretien de plusieurs parcours. Le bout du tunnel s’annonce donc bien vert, mais pour l’horizon dégagé, il faudra patienter.

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(Photo S. B.)
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(Photo DR) Comme partout dans les golfs du Var et des Alpes-Maritimes (ici au golf de Valescure), les jardiniers ont continué d’entretenir les parcours avant une éventuelle réouvertur­e.

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