Tourisme : davantage de questions que de réponses
Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, a discuté hier avec les professionnels de la filière impatients de pouvoir rouvrir
Le tourisme représente 8 % du produit intérieur brut (PIB) de la France, 13 % de celui de la région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur où il génère 20 milliards de chiffre d’affaires (on en aurait déjà perdu 5) et compte 143 000 emplois non délocalisables. Pour éviter la propagation du coronavirus, les entreprises de ce secteur économique sont les premières à avoir été fermées, elles seront dans les dernières à sortir du confinement. Les attentes des professionnels sont donc énormes. Pour y répondre, Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, a échangé hier, comme il le fait régulièrement avec les acteurs de la filière.
Les assureurs sommés d’indemniser
Plusieurs points sont à noter : la possibilité de recourir au chômage partiel sera maintenue pour les entreprises du tourisme. Les mesures de durcissement annoncées ne concerneront pas ce domaine. Le fonds de solidarité est dès à présent élargi aux entreprises sans salarié et aux indépendants et restera ouvert aux entreprises des secteurs du tourisme au-delà du mois de mai.
La première et principale préoccupation des professionnels du tourisme concerne la date à laquelle ils vont pouvoir ouvrir leurs établissements.
Les loyers et les redevances d’occupation dus aux bailleurs nationaux (État et opérateurs) pour les très petites et moyennes entreprises du tourisme seront annulés pour la période de fermeture administrative. Un guide pratique est en cours de préparation à destination des collectivités territoriales qui souhaiteraient faire de même.
Un tronc commun de bonnes conduites sanitaires, protocole national de déconfinement pour protéger la santé des salariés et des clients « devra être respecté en veillant à la spécificité de chaque établissement et avec un souhait d’équité entre les établissements ». Le prêt garanti par l’État monte en puissance. « Sur 4,5 milliards validés
à ce jour en France, 2,7 milliards le sont pour la restauration et 1,15 milliard pour l’hôtellerie ». Outre les banques, le gouvernement attend aussi des assureurs, qui jusqu’à présent s’y refusent, de jouer leur rôle en indemnisant une partie des pertes d’exploitation des entreprises touristiques. « Il est important de trouver un accord avec les assurances et les professionnels, faute de quoi on passera par la voie législative » a menacé Jean-Baptiste Lemoyne.
Français, partez en France, près de chez vous
Pour la réouverture des lieux touristiques, culturels ou de pleine nature, « nous allons fonctionner par période de trois semaines. On pourra en dire plus le 2 juin » a-t-il indiqué. Il assure comprendre l’impatience des vacanciers et des professionnels. Mais « on a besoin d’avoir du recul sur la première période de déconfinement et sur son effet sur l’évolution du virus ». Le mot d’ordre sera : partez en France, découvrezla. « De petits sites naturels, de petits musées pourront rouvrir, dans un rayon de 100 km pour que les Français puissent s’oxygéner avec toutes les conditions d’hygiène et de sécurité. La reprise touristique se fera avant tout par le tourisme régional. Chaque secteur a des trésors » a-t-il relevé. Chez les professionnels, le sentiment dominant hier était l’inquiétude face au flou gouvernemental. Ils espèrent en savoir plus à l’issue du comité interministériel du tourisme, le 14 mai.