Rentrée : « Il faudra faire preuve de pragmatisme »
Souplesse, progressivité et méthode : voilà comment le recteur de l’académie de Nice, Richard Laganier, envisage la reprise, pour écoliers et collégiens, qui se fera dans la nouveauté
Sur le calendrier scolaire totalement chamboulé par la crise du coronavirus, trois dates sont à retenir : le 11 mai, la prérentrée des enseignants, le 12, la reprise des écoliers, le 18 celle des collégiens de 6e et de 5e, sur la base du libre choix des familles. Encadré par le protocole sanitaire tout juste expédié dans les établissements scolaires (voir ci-dessous) et par une circulaire du ministère de l’Éducation nationale en date de lundi, ce retour en classe se fera « méthodiquement et pas à pas », selon Richard Laganier, recteur de l’académie de Nice.
Comment s’annonce cette rentrée ?
Elle sera progressive. On préconise la reprise des classes charnières : la grande section de maternelle, et, en élémentaire, le CP et CM. Il s’agit d’indications, les collectivités locales ont une grande liberté de manoeuvre. On a, sur l’académie, des modes opératoires qui varient commune par commune, école par école, en fonction de la configuration des locaux, de la taille des classes, de la cour de récréation...
Ce sont les municipalités qui décident de la réouverture des classes ?
Dans leur champ de compétences, les maires ont la gestion des écoles et les questions d’hygiène et de sécurité qui, avec la crise sanitaire, ont pris beaucoup d’importance. Dans ce contexte, certaines communes souhaitent ouvrir toutes les classes en même temps, d’autres veulent aller plus doucement et tout se décide dans le dialogue.
Et si un maire refuse d’ouvrir ses écoles ?
Si une commune estime ne pas pouvoir ouvrir une école, alors elle devra prendre un arrêté. Certains maires ont pris position contre la réouverture (lire en pages suivantes) .Je comprends l’inquiétude des élus et celle des familles, mais cette rentrée se fera avec la prudence nécessaire, dans la concertation et sera adaptée à chaque situation d’école.
Du côté des familles, sont-elles nombreuses à vouloir envoyer leur enfant à l’école ?
On a fait un recensement sur l’académie. Il ressort que à % des familles sont volontaires pour un retour en classe de leur enfant. Il ne s’agit que d’une moyenne. Dans certaines écoles de certaines communes, ce taux grimpe à %. Cette enquête a été menée bien avant l’envoi du protocole sanitaire dans les établissements. Nous sommes en train de lancer un autre recensement et je ne doute pas que le taux de familles volontaires soit bien plus important, en raison des conditions de sécurité très strictes imposées par ce protocole.
Quelles sontelles ?
Cette reprise se fera par petits groupes : pas plus de enfants en maternelle, en élémentaire et au collège. Ce sont les seuils à ne pas dépasser, mais on peut avoir des groupes plus réduits. Le mode de fonctionnement varie selon les établissements. Globalement, deux types d’organisation se dégagent : soit deux jours de classe à l’école pour deux jours en télétravail à la maison, soit une semaine sur deux en alternance. Pour les enfants des personnels soignants et professions mobilisées sur la crise sanitaire, le télétravail à la maison sera remplacé par des études surveillées dans les établissements. Cette organisation et les mesures de sécurité s’appliquent pour les établissements privés sous contrat.
Avez-vous reçu les masques et gels hydroalcooliques ? Quid des tests de dépistage pour les enseignants ?
Les livraisons sont en cours. Les établissements de l’académie auront chacun des masques sanitaires, des gels, des lingettes désinfectantes. Dans les collèges, il y aura aussi des masques pour les élèves qui n’en auraient pas. Pour les tests de dépistage des enseignants, cela relève d’une démarche individuelle. Parmi les consignes de sécurité, l’une des plus importantes est la distanciation physique. Pour l’appliquer, on va devoir faire preuve d’un grand pragmatisme.
C’est-à-dire ?
Tout est à revoir de l’entrée à la sortie des classes ! Le marquage au sol devant les portails pour éviter les regroupements de parents, les salles de classe à réagencer, en passant par la cour de récréation et le réfectoire à gérer différemment. Les collectivités territoriales et les chefs d’établissement font un travail colossal pour réinventer la rentrée, avec des temps de cantine et de récréation différenciés.
Cette rentrée, juste une garderie ?
Nos enseignants ont fait un travail remarquable en télétravail et cela va continuer lors de la reprise des cours. Bien sûr l’accueil des élèves se fera par un temps d’écoute. Certains ont vécu dans leur famille des situations compliquées durant cette crise sanitaire et ont besoin d’en parler. Tout comme sera soigné le bien-être à l’école avec le lancement des « S, C » : sport, santé, culture et civisme. Ce dispositif, financé par l’État, s’inspire des activités, montées après l’école par les communes, qui seront proposées pendant le temps scolaire en classe.
Comment rattraper le retard pris sur le programme scolaire ?
L’objectif de cette fin d’année est de cibler sur les savoirs essentiels à maîtriser pour passer dans l’année supérieure. Des tests seront menés en classe pour repérer et accompagner les élèves en difficultés, cela discipline par discipline et pour chaque niveau.
N’est-ce pas trop tard pour les décrocheurs et les élèves en grande difficulté ?
à % des familles sont volontaires pour un retour en classe”
L’impact pédagogique de cette crise sanitaire est indéniable et peut entraîner des difficultés pour certains élèves. Pour y remédier, nous allons organiser des stages de remise à niveau, fin août, avant la rentrée des classes. J’en ai proposé pour juillet et des établissements y ont déjà adhéré. Tout cet accompagnement sera à poursuivre, bien sûr, en septembre. Nous avons des outils, comme « devoirs faits » au collège, par exemple. Ils seront à utiliser de manière intensive pour soutenir nos élèves.