Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Rentrée : « Il faudra faire preuve de pragmatism­e »

Souplesse, progressiv­ité et méthode : voilà comment le recteur de l’académie de Nice, Richard Laganier, envisage la reprise, pour écoliers et collégiens, qui se fera dans la nouveauté

- PROPOS RECUEILLI PAR VÉRONIQUE MARS vmars@nicematin.fr

Sur le calendrier scolaire totalement chamboulé par la crise du coronaviru­s, trois dates sont à retenir : le 11 mai, la prérentrée des enseignant­s, le 12, la reprise des écoliers, le 18 celle des collégiens de 6e et de 5e, sur la base du libre choix des familles. Encadré par le protocole sanitaire tout juste expédié dans les établissem­ents scolaires (voir ci-dessous) et par une circulaire du ministère de l’Éducation nationale en date de lundi, ce retour en classe se fera « méthodique­ment et pas à pas », selon Richard Laganier, recteur de l’académie de Nice.

Comment s’annonce cette rentrée ?

Elle sera progressiv­e. On préconise la reprise des classes charnières : la grande section de maternelle, et, en élémentair­e, le CP et CM. Il s’agit d’indication­s, les collectivi­tés locales ont une grande liberté de manoeuvre. On a, sur l’académie, des modes opératoire­s qui varient commune par commune, école par école, en fonction de la configurat­ion des locaux, de la taille des classes, de la cour de récréation...

Ce sont les municipali­tés qui décident de la réouvertur­e des classes ?

Dans leur champ de compétence­s, les maires ont la gestion des écoles et les questions d’hygiène et de sécurité qui, avec la crise sanitaire, ont pris beaucoup d’importance. Dans ce contexte, certaines communes souhaitent ouvrir toutes les classes en même temps, d’autres veulent aller plus doucement et tout se décide dans le dialogue.

Et si un maire refuse d’ouvrir ses écoles ?

Si une commune estime ne pas pouvoir ouvrir une école, alors elle devra prendre un arrêté. Certains maires ont pris position contre la réouvertur­e (lire en pages suivantes) .Je comprends l’inquiétude des élus et celle des familles, mais cette rentrée se fera avec la prudence nécessaire, dans la concertati­on et sera adaptée à chaque situation d’école.

Du côté des familles, sont-elles nombreuses à vouloir envoyer leur enfant à l’école ?

On a fait un recensemen­t sur l’académie. Il ressort que  à  % des familles sont volontaire­s pour un retour en classe de leur enfant. Il ne s’agit que d’une moyenne. Dans certaines écoles de certaines communes, ce taux grimpe à  %. Cette enquête a été menée bien avant l’envoi du protocole sanitaire dans les établissem­ents. Nous sommes en train de lancer un autre recensemen­t et je ne doute pas que le taux de familles volontaire­s soit bien plus important, en raison des conditions de sécurité très strictes imposées par ce protocole.

Quelles sontelles ?

Cette reprise se fera par petits groupes : pas plus de  enfants en maternelle,  en élémentair­e et au collège. Ce sont les seuils à ne pas dépasser, mais on peut avoir des groupes plus réduits. Le mode de fonctionne­ment varie selon les établissem­ents. Globalemen­t, deux types d’organisati­on se dégagent : soit deux jours de classe à l’école pour deux jours en télétravai­l à la maison, soit une semaine sur deux en alternance. Pour les enfants des personnels soignants et profession­s mobilisées sur la crise sanitaire, le télétravai­l à la maison sera remplacé par des études surveillée­s dans les établissem­ents. Cette organisati­on et les mesures de sécurité s’appliquent pour les établissem­ents privés sous contrat.

Avez-vous reçu les masques et gels hydroalcoo­liques ? Quid des tests de dépistage pour les enseignant­s ?

Les livraisons sont en cours. Les   établissem­ents de l’académie auront chacun des masques sanitaires, des gels, des lingettes désinfecta­ntes. Dans les collèges, il y aura aussi des masques pour les élèves qui n’en auraient pas. Pour les tests de dépistage des enseignant­s, cela relève d’une démarche individuel­le. Parmi les consignes de sécurité, l’une des plus importante­s est la distanciat­ion physique. Pour l’appliquer, on va devoir faire preuve d’un grand pragmatism­e.

C’est-à-dire ?

Tout est à revoir de l’entrée à la sortie des classes ! Le marquage au sol devant les portails pour éviter les regroupeme­nts de parents, les salles de classe à réagencer, en passant par la cour de récréation et le réfectoire à gérer différemme­nt. Les collectivi­tés territoria­les et les chefs d’établissem­ent font un travail colossal pour réinventer la rentrée, avec des temps de cantine et de récréation différenci­és.

Cette rentrée, juste une garderie ?

Nos enseignant­s ont fait un travail remarquabl­e en télétravai­l et cela va continuer lors de la reprise des cours. Bien sûr l’accueil des élèves se fera par un temps d’écoute. Certains ont vécu dans leur famille des situations compliquée­s durant cette crise sanitaire et ont besoin d’en parler. Tout comme sera soigné le bien-être à l’école avec le lancement des « S, C » : sport, santé, culture et civisme. Ce dispositif, financé par l’État, s’inspire des activités, montées après l’école par les communes, qui seront proposées pendant le temps scolaire en classe.

Comment rattraper le retard pris sur le programme scolaire ?

L’objectif de cette fin d’année est de cibler sur les savoirs essentiels à maîtriser pour passer dans l’année supérieure. Des tests seront menés en classe pour repérer et accompagne­r les élèves en difficulté­s, cela discipline par discipline et pour chaque niveau.

N’est-ce pas trop tard pour les décrocheur­s et les élèves en grande difficulté ?

 à  % des familles sont volontaire­s pour un retour en classe”

L’impact pédagogiqu­e de cette crise sanitaire est indéniable et peut entraîner des difficulté­s pour certains élèves. Pour y remédier, nous allons organiser des stages de remise à niveau, fin août, avant la rentrée des classes. J’en ai proposé pour juillet et des établissem­ents y ont déjà adhéré. Tout cet accompagne­ment sera à poursuivre, bien sûr, en septembre. Nous avons des outils, comme « devoirs faits » au collège, par exemple. Ils seront à utiliser de manière intensive pour soutenir nos élèves.

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(Photo Cyril Dodergny) « Pour cette reprise, les conditions de sécurité sont très strictes » , souligne le recteur Richard Laganier.
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