Rentrée scolaire : deux décisions, quatre points de vue
L’un ouvre, l’autre pas. Si la date de rentrée scolaire d’après-confinement fait quasiment l’unanimité contre elle, les maires se plient majoritairement à la décision du gouvernement. Mais pas tous… À Tourtour, petit village perché de Dracénie, Pierre Jugy, maire vaincu des dernières élections municipales mais toujours aux commandes, a décidé de laisser les portes de l’école closes. Il n’est pas le seul sur le secteur à braver la consigne nationale, consigne dont l’application est toutefois laissée à l’appréciation de chaque édile local. « Nous sommes mis, par le Premier ministre, face à nos responsabilités », commence le premier magistrat tourtourain. « C’est la raison pour laquelle j’ai pris la décision de ne pas rouvrir l’école. » Pour justifier son choix, l’homme rappelle « un contexte de situation sanitaire des enfants » qu’il qualifie d’« hasardeux ». « Le risque de contamination est élevé, et je ne souhaite pas que l’on puisse dire, après une éventuelle seconde vague, qu’elle aurait pu être évitée si l’école était restée fermée. » Bref, pour Pierre Jugy, «iln’est pas nécessaire de prendre le moindre risque ». Même son de cloche à Trans-enProvence, où le futur maire Alain Caymaris évoque «la santé des habitants » : « Cela doit l’emporter sur le reste, c’est notre priorité. » Dans cette commune, l’actuel premier adjoint estime que « le protocole sanitaire demandé est impossible à mettre en place ». Retour à Tourtour. Dans cette commune de moins de habitants, Pierre Jugy évoque également «le suivi pédagogique numérique exemplaire » qui justifie sa décision. «Onn’estpasà
une ou deux semaines près », conclut-il. Du côté du Pays de Fayence, il est un autre maire qui au contraire, se résout à ouvrir ses écoles. À Callian ,si François Cavalier n’est pas convaincu de l’utilité de la reprise, il estime que «le bénéfice de ce retour des enfants à l’école dépasse les aspects négatifs ». Il ajoute toutefois : « De peu, sûrement!» Reste une décision assumée d’ouvrir « les écoles et la crèche ». « Les enfants ont besoin de se nourrir intellectuellement. Et il faut rendre service aux familles dont les parents travaillent. » Le même argument est souvent repris par d’autres, comme à Lorgues ,par Claude Alemagna : «Je n’étais pas favorable à la rentrée, mais là, la possibilité est donnée aux familles de garder leurs enfants. C’est donc pour répondre aux besoins de ceux qui ne peuvent faire autrement que l’on ouvre. C’est une question de solidarité, pour que le service public joue son rôle. » Reste le cas de la maternelle, pour laquelle, selon François Cavalier, « le protocole représente la négation du sens de ce niveau : les enfants ne peuvent apprendre l’échange et la confrontation aux autres en étant obligés d’être à plus d’un mètre les uns des autres. » Plus largement, les mesures préconisées pour la reprise sont souvent « inapplicables ». Mais la solidarité envers les familles l’emporte.