Directeurs de théâtre dans l’aire toulonnaise
Charles Berling, directeur de Châteauvallon-Liberté scène nationale.
■ « On va être forcément très attentifs à ce que va dire Macron demain. On est aussi très attentifs à ce que pensent et vont faire les tutelles, que ce soit la Métropole TPM, la Région, le Département. Pour toute la filière qui dépend de nous, et elle est énorme, il y a nécessité absolue de ne pas considérer que nous sommes un supplément d'âme, un luxe pour une société, mais que l’on est vraiment une grosse partie de l'âme elle-même ». « Comme acteur, metteur en scène, c'est fini là, je suis mort. Et je ne sais pas combien de temps ça va durer. Il y a beaucoup de monde dans ce cas-là. Si je n'étais pas directeur de théâtre, je ne ferai rien à l'heure actuelle et je serai comme beaucoup d'autres dans une merde totale ». « La culture et toutes les forces vives de la nation sont des éléments de diversité de penser, de rêver un monde pour demain. C'est une construction française énorme, qui s'est faite après la guerre de . On l'a vu au niveau des hôpitaux aussi. On en voit aujourd'hui la valeur. Ce serait une énorme erreur de ne pas déclencher une sorte de plan Marshall pour la culture aujourd'hui. » « J'attends qu'on nous donne des règles sanitaires claires pour qu'on s'y plie. Les gens de culture sont aussi des gens très responsables. On va comprendre comment se défendre de ce danger du virus, et agir en fonction. Il faut arrêter avec la culture de la défiance, de l'ordre, de Castaner qui dit "il faut faire ça". Moi, à un moment donné aussi, je me renseigne. Il y a des médecins, des scientifiques qui nous disent des choses, on les écoute. On n'a pas besoin qu'on nous envoie la police pour être responsables de notre public. » ■
André Neyton, directeur du Comedia.
« Il y a quelque chose de capital, qui est de résoudre les problèmes des intermittents. S'il n'y a plus d'artistes, plus de créations, on sera amenés à ressasser ce qui été fait jusqu'à ce jour ! » « Nous n’avons plus d’aides du ministère de la Culture depuis , alors que cela avait été le cas pendant ans. » « J'attends une mesure immédiate : on demande au gouvernement de clarifier le chômage partiel. On nous avait dit dans un premier temps qu'on pouvait s'y mettre d'office, mais on pourrait être amenés finalement à le rembourser à travers une baisse de subvention. Ce n'est pas possible. »
Elena Bosco, intermittente, Cie de théâtre d'objets La Robe à l'envers, à Ramatuelle « Parallèlement à notre présence dans les théâtres, l'idée de notre compagnie est aussi de proposer une offre culturelle de qualité là où il n'y a pas d'espaces théâtraux, dans les petites communes, dans les salles des fêtes. On se questionne sur ce que va devenir le spectacle vivant dans les mois à venir, si seront privilégiées les représentations pour petites jauges ou les très grandes salles où les spectateurs seront éloignés les uns des autres. On attend des réponses sur la manière dont on va exercer notre métier, en le réinventant. Face à la gravité de l'urgence, je cherche à me rendre utile autrement qu'avec mon art, j'ai proposé mon aide pour désinfecter l'école de mes enfants. Mais je suis une artiste et je veux le rester. »
Noémie Dumas, directrice du cinéma Six N’étoiles à Six-Fours « L'objectif est de pouvoir rouvrir notre établissement, mais pas trop tôt, car les gens ont besoin de retrouver leurs repères. Une date est réclamée par la profession, plutôt début juillet, pour qu'on bénéficie de la saison estivale. Il faut que la date soit annoncée un mois à l'avance, pour permettre aux distributeurs de s'organiser. Pour rouvrir, il faut que l'on ait des films et des spectateurs. On peut rouvrir avec des films dont la sortie a été stoppée net, comme La bonne épouse avec Juliette Binoche, mais il nous faut aussi des choses nouvelles. On fera ce que le gouvernement nous impose. On est même prêt à aller plus loin. On a déjà pris des devis de plaques de plexiglas, on aura des masques...» 1. En délégation de service public avec la mairie, non subventionné.