Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Léon Loppy, retour en Seyne...

L’ancien troisième ligne formé à la Mecque va donc réintégrer son club d’origine en tant que directeur des projets de développem­ent du club. Toutes les parties sont forcément ravies

- PHILIPPE BERSIA AVEC S. B.

Dieu, que le temps passe vite ! Plus de 30 ans ont déjà filé depuis que Léon Loppy, un des tout premiers joueurs africains à jouer au plus haut niveau au rugby, s’est révélé au grand public. On s’en souvient comme si c’était hier. Et lui n’a rien oublié, non plus, de ses débuts au RCT sous l’ère Daniel Herrero. Où il a dû faire sa place au sein d’une troisième ligne aussi épaisse que rugueuse, déjà composée d’Eric Champ, Thierry Louvet et Eric Melville. Mis en concurrenc­e directe par Daniel avec « le Grand » afin de préserver des profils complément­aires, Léon a dû sérieuseme­nt cravacher (et avoiner un peu aussi…) pour faire son trou dans cette horde sauvage. Mais rapidement, tous ont vu qu’à la manière d’une liane carnivore, il pouvait s’enrouler autour des plus gros baobabs pour les soumettre à la torture. Très vite les mêmes ont aussi compris que Léon, issu des quartiers défavorisé­s de La Seyne, et physiqueme­nt beaucoup plus près d’un guerrier Massaï que d’un homme soumis, ne s’enlèverait pas du milieu.

De bons mots et de bons souvenirs

Son talent a parlé et son caractère enjoué a fait le reste, lui ouvrant les portes d’une carrière finalement ponctuée d’un titre de champion de France avec le RCT en 1992 et d’une sélection chez les Bleus en 1993. Toulon, Castres, Bègles-Bordeaux, Madagascar, Aixen-Provence,

le Sénégal... Léon a fait sa route, laissant partout de bons mots et de bons souvenirs. Mais il était écrit depuis toujours sans doute qu’il rentrerait un jour, d’une façon ou d’une autre, à la maison.

Il a juste fallu que son petit-cousin (leurs deux pères étaient cousins germains) Jérémy Fickou l’appelle au téléphone pour qu’il décide que c’était le moment. « Rendre à La Seyne ce qu’elle m’a donné… Je ne sais pas si c’est vraiment possible mais j’ai toujours gardé cette idée en tête, relève l’ancien « Black Mamba » blanchi sous le harnais. Richard McIntosh avait lancé le rugby dans les cités il y a très longtemps et j’y ai toujours pensé. Le moment est venu de m’investir dans ce projet. Il y a 20 ans déjà, les gens me prenaient pour un fou quand je disais qu’il fallait aller chercher les jeunes dans les cités. Quand je vois aujourd’hui les Joseph, Bamba… Je suis là pour donner un coup de main » précise Léon depuis sa maison de Saint-Maximin où, la maturité aidant, il se régale aussi à cultiver son jardin.

« Son aura et sa déterminat­ion »

Le voilà donc presque rentré au port. Non pas en tant qu’entraîneur de l’équipe première (il a déjà en charge les U20 au Sénégal), mais au service de tous, en tant que directeur des projets de développem­ent du club. « Il sera là en soutien de ma mission (directeur général) et de celle de Laurent Tuifua (directeur sportif) » précise Jérémy Fickou, tout à sa joie de l’avoir désormais avec lui. Il va nous permettre d’aider le club à continuer de se structurer en développan­t la qualité du réseau des partenaire­s, en mettant en place les projets sociaux que le club porte (action dans les QPV, actions auprès du public scolaire) en développan­t la stratégie de formation (école de rugby, rugby féminin…). Nous comptons sur son aura et sur ce qu’il représente en tant qu’ancien joueur pro et internatio­nal pour nous apporter beaucoup à travers son expérience et sa déterminat­ion. » Le chantier est vaste et Léon sait que rien ne sera simple à la sortie de ce confinemen­t. Mais il est animé des meilleures intentions : « Il va falloir être bon ! » résume le compétiteu­r dans l’âme. Et prêt à ferrailler… En acceptant cette mission à caractère sportif, économique et social, Léon Loppy va aussi renouer vraiment avec les gens et les valeurs qui lui ont toujours tenu à coeur. « Sa maman qui vit toujours à la Mecque et qu’il ne voit pas assez souvent, son papa qui y repose aujourd’hui, ses soeurs, ses cousins, ses amis, autant de repères sur lesquels il s’est construit, qu’il a parfois négligé mais qu’il n’a jamais oublié ». Même 30 ans après… Au passage, Léon va aussi se rapprocher de son autre famille, la « rouge et noire » qu’il continue d’appeler et de voir régulièrem­ent sur les terrains de golf ou autour d’une bonne gamelle. Et si ses nouvelles activités lui en laissent le temps, on le reverra même peut-être bientôt à Mayol... «Patrice Collazo, avec qui j’ai joué à Bègles, devait m’inviter à un match, mais cela n’a pas pu se faire. On verra donc l’année prochaine » précise celui que l’on n’attendait plus, mais dont le retour en Seyne fait déjà l’unanimité, même au-delà du plus ancien club de rugby de la Côte d’Azur…

 ?? D.R.) (Photos ?? Désormais installé à Saint-Maximin, Léon Loppy qui a quitté la Mecque il y a trente ans, rentre au bercail pour donner un coup de main à son club formateur et ses amis de l’USS.
D.R.) (Photos Désormais installé à Saint-Maximin, Léon Loppy qui a quitté la Mecque il y a trente ans, rentre au bercail pour donner un coup de main à son club formateur et ses amis de l’USS.

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