ENFIN LIBRES ?
L’assouplissement du confinement est un immense soulagement pour la vie sociale et pour l’économie, mais les risques sont réels
La fin d’un tunnel ! En France comme dans plusieurs autres pays européens (1), aujourd’hui marque enfin l’assouplissement du confinement. Un moment attendu avec ardeur après huit semaines cloîtré chez soi, mais où le bonheur de retrouver davantage de liberté se mêle à la peur d’une possible deuxième vague qui obligerait à revenir en arrière. Près de cinq mois après son apparition en Chine à la fin de l’année dernière, la pandémie qui a entraîné le confinement de plus de la moitié de l’humanité et terrassé l’économie mondiale semble sous contrôle dans un nombre croissant de pays. Pour preuve, dans l’Hexagone, le bilan quotidien hier s’est révélé être le meilleur depuis le début du confinement (lire par ailleurs).
Un foyer de plus en Vendée
Mais la situation peut rapidement s’aggraver à nouveau. L’apparition de nouveaux foyers de Covid-19, en Dordogne et dans la Vienne (nos éditions d’hier) mais aussi, depuis hier, en Vendée, est venue rappeler la forte contagiosité du virus, et a montré à quel point l’identification des « cas contacts » constitue un travail de fourmi : pour un seul rassemblement d’une trentaine de personnes, selon le préfet de Dordogne Frédéric Périssat, près de 130 ont dû être testées, après une longue « recherche qui prend beaucoup d’énergie : les gens s’expriment parfois la première fois, parfois pas toujours », a pointé le directeur de l’Agence régionale de santé de NouvelleAquitaine, Michel Laforcade. Les Français semblent en être conscients : 65 % d’entre eux estiment qu’il vaut mieux trop de précautions plutôt qu’un retour rapide à la vie normale qui serait risqué sur le plan sanitaire, selon une enquête Ifop menée les 5 et 6 mai et parue hier dans Le Parisien. Qui révèle bien les tiraillements que connaît chacun d’entre nous : 58 % des sondés estiment que le plus grand risque pour le pays est désormais la crise économique, contre 42 % pour l’épidémie en elle-même ; mais 53 % sont d’abord inquiets qu’eux-mêmes ou leurs proches soient touchés par le virus, contre 47 % qui craignent avant tout, à titre personnel, les conséquences de la crise économique.
Numéro d’équilibriste
Un numéro d’équilibriste auquel est également obligé de se prêter le gouvernement. Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a ainsi affirmé hier sur France Inter faire « le pari de l’intelligence et de la compréhension » des citoyens, tout en mettant en garde sur la tentation de réunir à nouveau enfants et grands-parents : « Il vaut mieux attendre un mois ou deux » plutôt que de prendre le risque de contaminer des personnes plus âgées, a-t-il recommandé. Même dans les régions en vert, « le virus est là. Il est en embuscade, il circule » ,a rappelé hier de son côté le Pr AnneClaude Crémieux, infectiologue à l’hôpital Saint-Louis à Paris. « Malheureusement, l’évolution de l’épidémie est extrêmement incertaine à ce jour et c’est l’avenir qui nous permettra de trancher. » Un avertissement d’autant plus nécessaire au regard des alertes venues d’Allemagne, mais aussi de Chine et de Corée du Sud (lire ci-dessous). 1. Notamment l’Espagne, mais aussi la Belgique, la Grèce, la République tchèque, la Croatie, l’ Ukraine, l’ Albanie, le Danemark et les Pays-Bas.