Des symptômes et un impact bien plus variés que ce qu’on pensait
De la tête aux orteils, en passant par les poumons et même les reins : chaque semaine, la liste des organes qui peuvent être touchés par le coronavirus s’allonge. En l’espace de trois mois, ce qui avait au début été considéré comme proche d’une grippe classique s’est transformé en un catalogue de syndromes. « On nous avait dit au début : fièvre, maux de tête, petite toux. On nous a rajouté : nez qui coule, gorge qui gratte. Ensuite, c’étaient les symptômes digestifs : diarrhée, maux de ventre », se souvient Sylvie Monnoye, médecin de famille à Paris. Puis douleurs dans la cage thoracique, perte du goût et de l’odorat, lésions cutanées comme l’urticaire ou des engelures sur les orteils, troubles neurologiques… « On a commencé à se dire qu’il fallait se méfier d’à peu près tout. »
Dans ses formes les plus graves, la maladie peut déclencher des « tempêtes de cytokine », un emballement de la réaction immunitaire potentiellement fatale.
AVC, thromboses, embolie pulmonaire…
Les médecins soupçonnent ainsi le Covid-19 d’être responsable de l’hospitalisation de plusieurs dizaines d’enfants à New York, Londres et Paris présentant des états inflammatoires « multi-systémiques » rares, évoquant une forme atypique de la maladie de Kawasaki ou un syndrome du choc toxique, qui s’attaque aux parois des artères et peut provoquer une défaillance d’organes. Des dizaines d’études médicales ont décrit d’autres conséquences sévères de la maladie, dont des accidents vasculaires cérébraux, des atteintes cardiaques, des thromboses hépatiques et des embolies pulmonaires. Des chercheurs de l’université de médecine de Nanjing, en Chine, ont eux rapporté des cas de patients ayant développé des complications urinaires et des atteintes rénales aiguës. Ils ont aussi observé des bouleversements dans les hormones sexuelles mâles, et conseillent aux hommes jeunes désireux d’avoir des enfants de consulter une fois guéris. Il n’est pas forcément rare qu’un virus provoque autant de manifestations, mais l’ampleur exceptionnelle de la pandémie en met en évidence certaines qui n’affectent qu’un infime pourcentage de malades. Et qui, en l’absence de traitement et de vaccin, constituent un danger réel.