Parés au « décoiffinement »
Après deux mois de fermeture, les coiffeurs retrouvent leurs gestes aujourd’hui. Mais ils doivent aussi en adopter de nouveaux. À Toulon, Florence et Vincent expliquent comment ils s’adaptent
Dans son salon, les produits ménagers côtoient désormais les produits capillaires. Shampoing, coupe, brushing… et désinfection ! Chez Mode Color, en centre-ville de Toulon, Florence Mattioli ne jure que par l’Union des entreprises de coiffures (Unec) et les directives que celle-ci a communiquées aux professionnels. Distanciation physique autant que possible, masques pour le coiffeur et aussi pour le client, gels hydroalcooliques et gants, désinfection des outils et des postes de travail après chaque personne… Autant de gestes qui viennent compliquer ceux que les coiffeurs ont l’habitude d’enchaîner, alourdir l’organisation de chaque rendez-vous, allonger le temps passé aux mains de son coiffeur. Mais permettent à chacun de se sentir en sécurité.
Carnet de rendezvous rempli
Le principal pour Florence Mattioli, qui assure rouvrir pas tant pour des questions pécuniaires que parce que ses habituées l’attendent de pied ferme. « Le carnet de rendez-vous est bien rempli ! » Si la jeune femme n’est pas spécialement inquiète, elle croise les doigts pour que les clients soient bien disposés à respecter les règles sanitaires. S’estelle posé la question de rouvrir ou pas ? Pas vraiment, parce que « rester fermé, ça aurait été prendre le risque de perdre de la clientèle ». « Mon salon est familial », souligne-t-elle, rappelant ainsi qu’elle n’a pas la force de frappe des chaînes. Une façon aussi d’insister sur la difficulté, pour elle, de mettre en place toute cette logistique spéciale « déconfinement », face aux grandes enseignes de la coiffure. Celles-ci, dit-elle, ont pu bénéficier du soutien de leurs franchises. « Nous, nous devions recevoir des capes jetables, du désinfectant… On attend toujours ! »
« Participation sanitaire »
Alors, Florence Mattioli a fait avec les moyens du bord. Et a mis la main à la poche. « J’ai déjà acheté pour 500 euros de désinfectant qui devrait me tenir deux semaines !»,indique la coiffeuse, un oeil sur le bocal disposé à la caisse et dans lequel les clients sont invités à laisser cinq euros pour « participation sanitaire ». Car en plus des pertes enregistrées ces derniers mois, des charges et factures accumulées, elle a dû faire appel aux services d’un confrère pour lui donner un coup de main. « Mon employée est enceinte, donc je ne pouvais pas l’exposer, mais je ne pouvais pas ouvrir seule non plus. » Seule, c’est un peu comme ça que la coiffeuse se sent au moment de rouvrir les portes de son salon : elle a en effet le sentiment d’avoir été lâchée sans filet. Heureusement, ce matin, dès 7 h 30, elle devrait être rejointe par ses clientes, qui investiront le salon, deux par deux, tout au long de la journée. Et des suivantes.