Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Même sans horizon, les chefs imaginent le menu de demain

Les restaurant­s resteront fermés aujourd’hui. Une situation d’autant plus difficile à vivre pour eux qu’aucune date de réouvertur­e n’est proposée. Le chef du Nid, à Flayosc, évoque pourtant l’avenir

- E. ESPEJO

Si certains commerces, tels que les coiffeurs et librairies, peuvent rouvrir aujourd’hui, les bars et restaurant­s resteront encore fermés. Même sans horizon, ni directives explicites pour la réouvertur­e, certains d’entre eux envisagent déjà un mode de fonctionne­ment pour être prêts le jour J. «Ceque l’on redoute, c’est d’être prévenu la veille pour le lendemain », avoue Davy Jobard, chef du restaurant Le Nid, à Flayosc. Comme beaucoup de ses confrères, l’annonce du confinemen­t a été prise comme un électrocho­c, même si certains s’y attendaien­t un peu. Alors, pour le déconfinem­ent, ils veulent avoir toutes les cartes en main pour accueillir, dans de bonnes conditions, le client.

Vente à emporter pour limiter la casse

« Les premières semaines, je suis resté à la maison, hagard » ,se souvient le chef flayoscais, qui a su ensuite s’adapter à cette situation inédite en proposant des menus complets en vente à emporter ou en livraison les samedis et dimanches. Cette démarche lui permet aujourd’hui d’assurer presque 30 % de son chiffre d’affaires et d’envisager autrement la reprise. « La vente à emporter nous permet d’anticiper les directives », assure-t-il. La véritable inconnue reste le nombre de couverts que les restaurate­urs pourront dresser dans leurs établissem­ents à l’heure de la réouvertur­e. S’ils doivent être réduits de moitié, Davy Jobard envisage déjà de poursuivre la vente à emporter « afin de limiter la casse et couvrir tous les frais d’entreprise ». «Ilva falloir apprendre à vivre et à travailler avec le virus », affirme cet ancien Vendéen. À 37 ans, il cherche le bon concept pour fonctionne­r et ouvrir dans les meilleures conditions, aussi bien pour son épouse, Émilie, chargée du service en salle, que pour ses clients. La réouvertur­e, il l’imagine donc avec le port du masque en cuisine et en salle. « Il va falloir communique­r et expliquer que nos tables sont espacées d’un certain nombre de mètres, que du gel est mis à dispositio­n, sans enlever la partie plaisir ». C’est bien là toute la difficulté de la profession… « Normalemen­t, les personnes vont au restaurant pour se faire plaisir, c’est toute l’ambiguïté qu’il va falloir résoudre. Sans plaisir, en fin de compte, on reste à la maison et l’on mange ce qu’on a chez soi. Au restaurant, on a envie d’autre chose, de produits que l’on n’a pas l’habitude de consommer.

Il va donc falloir s’adapter, être clair et transparen­t », assure-t-il. À cet égard, le gérant prévient d’ores et déjà qu’aucune table supérieure à quatre couverts ne sera dressée dans son restaurant. « Le positionne­ment des tables, qui respectait déjà, bien avant le confinemen­t, une distance d’au minimum un mètre, restera inchangé. C’est un choix : il n’y aura que des tables de deux ou quatre couverts » précise le gérant.

Il faut aller de l’avant

« Aujourd’hui, on est dans le flou total pour la date de réouvertur­e. Il faut laisser du temps au temps. On attend beaucoup du comporteme­nt et de la discipline à partir du 11 mai. C’est de cela que dépendra la réouvertur­e des restaurant­s ». Pour autant le chef garde un certain optimisme. « Dans chaque crise passée, il y a un boom derrière. Il faut croire en ce boom et aller de l’avant », indique le restaurate­ur, qui reconnaît qu’il faudra beaucoup de temps avant de nouveaux beaux jours, certaineme­nt en 2021. « Économique­ment, on tient le choc avec la vente à emporter, et moralement avec notre clientèle qui est fidèle et permet de créer une dynamique de crise. La gastronomi­e française fait partie du patrimoine mondial, on a un avantage, c’est la reconnaiss­ance. Il faut l’entretenir, l’adapter pour revenir encore plus fort ».

 ?? (Photo Sophie Louvet) ?? À  ans, le Vendéen devenu Flayoscais n’a pas attendu longtemps avant d’envisager une solution pour poursuivre son activité profession­nelle. Depuis trois semaines, Davy et son épouse Émilie proposent de la vente à emporter et des livraisons le samedi et le dimanche.
(Photo Sophie Louvet) À  ans, le Vendéen devenu Flayoscais n’a pas attendu longtemps avant d’envisager une solution pour poursuivre son activité profession­nelle. Depuis trois semaines, Davy et son épouse Émilie proposent de la vente à emporter et des livraisons le samedi et le dimanche.
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