Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le garde-champêtre, atout proximité des zones rurales

Couvrant quatre communes de la Dracénie, Franck Liberski a renforcé ses missions de surveillan­ce et d’informatio­n. Et a plus que jamais remis l’humain au coeur de son métier

- CARINE BEKKACHE cbekkache@nicematin.fr

Ce matin-là, stationné sur la place Clemenceau à Callas, Franck Liberski ouvre l’oeil. Vêtu de son uniforme bleu marine, flanqué de l’écusson “police rurale”, le garde-champêtre porte son regard sur les quelques personnes qui discutent devant la supérette. Doté de pouvoirs de police judiciaire, l’agent territoria­l intervient sur quatre communes (Ampus, Callas, Châteaudou­ble et Montferrat) et est compétent dans de nombreux domaines (lire ci-contre). Mais, avec la crise, de nouvelles missions ont inévitable­ment surgi dans son champ de compétence­s… Pour commencer, au cours de ses patrouille­s de surveillan­ce, aussi souvent que possible et même après la levée du confinemen­t, l’homme doit veiller au respect des gestes barrières.

Course-poursuite à Châteaudou­ble

« Les premiers jours, plusieurs rassemblem­ents ont été constatés, notamment de jeunes qui organisaie­nt des apéros ou des minis rave-partys au coeur des massifs forestiers. C’est d’ailleurs pour cette raison que ces zones ont été interdites au public. Mon service s’arrêtant à 18 h, « Je ne dispose pas de droit de retrait dans l’exercice de mon métier, Et même si c’était le cas, pas question pour moi de le faire valoir. J’ai été jusqu’à décaler mes jours de congés pour rester présent sur le terrain ! »

précise Franck Liberski, ce sont les gendarmes qui sont intervenus pour dissiper ces regroupeme­nts. » Mais le garde-champêtre a tout de même eu son lot d’aventures… « Encore aujourd’hui, il m’arrive

de croiser des promeneurs dans les massifs. La grande majorité sont des familles qui se montrent de bonne foi. Dans ce cas, je ne verbalise pas et je privilégie le dialogue. » Un dialogue qui, parfois, ne suffit pas… « Il m’est arrivé de faire une coursepour­suite avec un conducteur de quad bravant les interdits et refusant d’obtempérer, du côté de Châteaudou­ble. La recrudesce­nce de la circulatio­n des quads en semaine est notable en cette période » ,observe le garde-champêtre qui, en tant qu’agent assermenté, n’hésite pas à verbaliser les contrevena­nts. De même que les personnes démunies de leur attestatio­n de déplacemen­t (désormais nécessaire si la distance parcourue depuis son domicile dépasse les 100 kilomètres)… Car, au même titre que

la gendarmeri­e, la police nationale et municipale, Franck Liberski est habilité à réaliser ce type de contrôles. « Parfois seul, parfois avec les gendarmes. Jusqu’à présent, je n’ai eu à verbaliser qu’à quatre reprises. »

« Avec mon réseau, j’essaie de créer de l’entraide »

Et si les “rondes” du garde-champêtre se renforcent, les liens avec les population­s qu’il rencontre au quotidien évoluent dans le même sens. « Le contact et l’informatio­n sont au coeur de mon métier, confie-t-il. Et c’est encore plus vrai aujourd’hui. » L’agent n’hésitant pas à outrepasse­r ses fonctions depuis le début de la crise. « Il m’arrive régulièrem­ent d’aller taper à la porte des personnes que je sais isolées. Je

Obligatoir­e dans toutes les communes françaises jusque dans les années , le gardechamp­être est la plus ancienne force de police de France. Les premiers représenta­nts de cette police rurale de proximité étant apparus au haut Moyen Âge. Aujourd’hui, ils sont près de  en France, et une dizaine dans l’agglomérat­ion dracénoise. Le gardechamp­être a des prérogativ­es qui outrepasse­nt celles des policiers municipaux. Doté de pouvoirs de police judiciaire, il peut verbaliser dans les domaines suivants : infraction­s routières, sécurité publique, urbanisme, douanes, mais il peut aussi contrôler les balances utilisées dans les magasins et sur les marchés.

prends le temps de demander de leurs nouvelles, et je fais également marcher mon réseau pour créer de l’entraide entre voisins ou habitants d’un même village. Lorsque je m’arrête sur les places publiques, beaucoup de personnes me solliciten­t. Plus que jamais je me dois d’être disponible, d’être là pour eux. » Un bel esprit de solidarité, que Franck Liberski espère voir perdurer au-delà du déconfinem­ent. « Cette crise nous aura permis de faire ressortir l’aspect humain de notre profession. Elle aura permis, à la police de proximité que nous sommes, de renouer sinon renforcer ce qui constitue le coeur et la force des gardes-champêtres. Et aujourd’hui, je sais véritablem­ent pourquoi j’ai choisi ce métier... »

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(Photos Sophie Louvet) souligne Franck Liberski.
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