Prête à repartir à %
Si toutes les grandes enseignes sont archi-bouclées à Saint-Tropez depuis le début de la crise sanitaire, La Pizza tropézienne, institution depuis quinze ans dans la cité, et ouverte à l’année, a survécu au confinement, en ne proposant que de la livraison ou du « take away ». Mais son patron, Jérôme Spriet, comme tous ses confrères, n’a qu’une hâte : pouvoir rouvrir complètement et proposer comme avant, en plus des livraisons, un service à table, pour sauver sa saison autant que faire se peut.
« On fera ce qu’on nous demandera »
Aussi, le juin est comme une lumière au bout d’un long tunnel, qui se poursuit malgré le déconfinement. «Onest tous dans la galère et on n’a aucune visibilité. Les chiffres d’affaires en chute libre, les touristes absents, la clientèle locale frileuse – les quinze derniers jours de mars, on a fait % de ce qu’on fait en janvier habituellement –, il est temps que ça reparte. » « Comme j’ai l’espoir chevillé au corps, depuis le mars, poursuit Jérôme, j’ai repris une équipe complète (deux pizzaiolos et deux livreurs), puisqu’on nous avait parlé d’exonération de charges. Or ça n’est plus sûr... Donc à présent, il faut avoir le droit d’asseoir les gens. Je suis prêt à étaler les tables au maximum pour que les clients se sentent en sécurité. Nous sommes équipés en masques et en gel hydroalcoolique. On fera tout ce qu’on nous demandera. Maintenant, si les mesures d’aménagement sont drastiques et hypercontraignantes, je pense que les gens ne viendront pas manger dans une cage en plastique. Ira-t-on au restaurant ou au parloir ? »
Être réactif
« Toutefois, s’il faut du plexiglas, on en mettra. Mais la décision finale étant prévue pour le mai pour une ouverture le juin, le délai sera bien court pour être prêt à temps. Une semaine, c’est peu s’il faut équiper. Ceci dit, comme on “joue notre peau” dans cette affaire, il va falloir être réactif, c’est sûr. Notre avenir en dépend. » « J’étais très bien en vacances. Non je ne veux pas reprendre ! » Ces mots sont prononcés, bien évidemment sur le ton de la plaisanterie. Jean-Christophe, patron de l’historique Bar de Valescure, à Saint-Raphaël, sourit : « Plus sérieusement, je suis soulagé de l’annonce faite par le Premier ministre. Cette décision d’ouvrir le 2 juin arrive à point nommé. Je ne vous cache que j’étais, comme on dit, en fond de cuve. Malgré toutes les aides promises – et accordées, soit dit en passant –, dans notre métier, l’équation est simple : pas de travail, pas de rentrée d’argent. » Depuis hier matin, « JC » entrevoit donc le bout du tunnel. Lui qui, en temps normal, enregistre quelque 120 couverts sur le service du midi, espère simplement que sa clientèle répondra présente lorsque le service aura repris.
« Éviter un regroupement au comptoir »
« J’ai la chance d’avoir une terrasse, poursuit-il. Donc je vais diviser cet espace en deux. Ce sera déjà ça de pris. Et je vais rallonger mes heures de service qui pourraient ainsi s’étendre jusqu’à 15 h - 15 h 30, contre 14 heures habituellement. Je vais également tracer un sens de circulation au sol afin d’éviter un regroupement au comptoir. Tout le service s’effectuera à l’extérieur. Bien entendu, le personnel sera équipé de masques, gants, charlottes en cuisine... Et il y aura du gel pour les clients. » Mais quel va être le comportement de ces derniers ? C’est la question que se pose Jean-Christophe. «Les gens vont-ils avoir peur de sortir et de se mêler aux autres ? Mystère… » Le patron a décidé d’offrir, dès le premier jour, paella et petit verre de vin du pays pour (re)fidéliser, mais aussi et surtout sécuriser sa clientèle. « Je vais demander à la mairie si je peux organiser tout ça le 1er juin. D’ailleurs, je ne vois pas pourquoi rouvrir le 2 juin et pas le 1er... Enfin, on fera avec : mieux vaut tard que jamais ! »