Lo Païs : « On nous permet de respirer »
« Ça se passe très bien ! » Chez Lo Païs, la libraire Véronique Spada a le sourire. « On est contents de retrouver nos lecteurs et nos livres, d’échanger avec eux, d’exercer ce métier qui nous passionne tant. » Si les cinq salariés ont été mis au chômage partiel pendant le confinement, ici, l’activité ne s’est pas totalement arrêtée. « Colette Petat, la gérante, a mis en place un petit système de drive ,en installant des tables devant le magasin. Les gens passaient leurs commandes sur notre site web et les récupéraient ensuite. » Colette confirme : « C’était surtout pour maintenir du lien. J’ai assuré ce service deux heures, durant trois jours par semaine. »
« Une certaine exaltation »
Pas de quoi compenser les pertes pour autant. « Avec deux mois fermés, on a forcément eu un gros manque à gagner... Mais je suis assez optimiste, l’activité repart. En mars, on a connu une chute de 51 % du chiffre puis de 98 % en avril. En mai, je pense qu’on tournera autour de moins 70 %. Mais depuis le début de semaine, on travaille très bien. » Et Véronique d’aller dans le même sens : « Lundi, on sentait une certaine exaltation chez nos clients. Ils étaient clairement heureux de pouvoir ressortir. On a eu une affluence supérieure à l’habitude. » À l’intérieur de la boutique, aucun problème. Il faut dire qu’avec près de 400 m2 de surface, il y a de l’espace. De quoi accueillir 30 personnes en même temps. « Mise à disposition de gel et de gants, marquage au sol... Les gens sont responsables et se plient aux mesures », poursuit Véronique. Là aussi, un prêt garanti par l’État a été demandé et accordé, à hauteur de 12 % du chiffre d’affaires de l’année dernière. « Ça nous permet de respirer », souligne la gérante. Une bouffée d’air parmi d’autres : «On a aussi bien été aidés par les éditeurs et les transporteurs, qui ont étalé les règlements dus sur les mois à venir. Concrètement, fin avril, nous devions payer la marchandise achetée en février. Là, nous ne la paierons qu’au mois de juin. Ils nous laissent sortir la tête de l’eau. Ils n’ont aucun intérêt à ce que l’on coule. » Et puis les librairies ont la possibilité de retourner aux éditeurs ce qu’elles ne vendent pas. « C’est le cas pour 20 % de notre marchandise en moyenne, laquelle nous est remboursée à 60 jours fin de mois. À ce jour, tous nos avoirs nous ont été versés en avance. Ça a aussi été une aide précieuse. » Le fait que la machine redémarre doucement est aussi à prendre en compte. « Les gros éditeurs ne vont sortir que la moitié des livres prévus. Cela va là aussi nous donner la possibilité de respirer, sans avoir des centaines de cartons de nouveautés qui arrivent. Tout ceci nous permet d’être plus sereins pour les mois prochains. » Pour Colette comme Véronique, l’optimisme est de mise. « La vie reprend, glisse la première. On fait partager notre passion à nos clients. Ils viennent pour ça, ça se sent ! » Et la gérante d’abonder : « Je suis aussi confiante pour la suite. D’autant plus que durant ces deux mois, les Français ont peu dépensé. Je pense qu’ils vont se rattraper... »