Le marché aux fleurs d’Hyères reprend un peu de couleurs
Les portes de la structure, fermée depuis le 15 mars, sont rouvertes depuis lundi dans des conditions sanitaires strictes. Malgré cette reprise, la profession a besoin d’aide pour se relancer
Un soulagement. Durement éprouvée par la brutalité de la décision de fermer du jour au lendemain les activités non indispensables, la filière horticole respire un peu mieux avec la reprise du premier site de mise en marché de fleurs coupées de France, la SICA Marché aux
(1) fleurs d’Hyères. Depuis lundi, les transactions et le ballet des chariots couverts de mille et une couleurs sont de retour. « On a fermé le 16 mars et mis les 34 salariés au chômage partiel. Cela a secoué tout le monde, se souvient Gilles Rus, directeur de la structure. Après un ou deux jours de flottement, on a monté une cellule de crise pour se réorganiser en télétravail, informer les 400 à 450 producteurs, recenser, partager les informations, rediriger, etc. »
Des fleuristes reviennent à la fleur française
lignes logistiques vers l’extérieur et ainsi pouvoir reprendre la vente et acheminer les fleurs vers leurs clients. « On a eu aussi beaucoup de fleuristes au niveau national qui nous ont sollicités pour se positionner sur la vente de la fleur française, on espère que cela va continuer », précise Gilles Rus. L’export a aussi redémarré. Pendant le confinement « les grandes surfaces ont aussi joué le jeu. Même si localement on a vu de la pivoine partout, c’est une goutte d’eau. Le circuit court pour la fleur coupée, sans les marchés nationaux et l’export, ça reste minime ». L’équipe du marché a fait le travail pour remettre la machine en route et a maintenu les contacts, pour redémarrer plus fort. Ainsi lundi, la vente au cadran s’est déroulée une heure plus tôt pour s’adapter aux mesures de distanciation : un seul acheteur par table, et masque obligatoire pour tous. Les producteurs ne peuvent plus rentrer, ils amènent les fleurs la veille au soir et les salariés les rangent dans les frigos pour la vente du lendemain. Après celle-ci, les colis sont déposés dans une zone accessible où les clients sont filtrés et appelés les uns après les autres à venir les récupérer.
Dans l’attente de mesures fortes
Malgré cette débauche d’énergie pour ce redémarrage et afin de limiter la casse, l’ensemble de la profession a souffert. « Par rapport à la même période 2019, nous avons perdu, du 16 mars à ce jour, 30 % des volumes de pivoines et plus de 80 % des volumes sur les autres fleurs » indique Gilles Rus. « Nos producteurs continuent à être payés à chaque quinzaine mais le marché l’est à trente jours fin de mois. On a avancé de la trésorerie pour les soutenir. C’est le rôle d’une coopérative » souligne le président Michel Gueirard. Tous les acteurs de la filière attendent désormais des mesures fortes des décideurs pour envisager l’avenir avec espoir. 1. Société d’intérêt collectif agricole.