« Nos ambitions sont intactes »
Conforté dans son engagement par la solidarité entrevue à tous les étages du club, Bernard Lemaître prépare la reprise avec l’enthousiasme d’un junior et la volonté d’avancer
Quelles ambitions aujourd’hui pour un RCT sans Bernard Lemaître ? Plus on y réfléchit, et cela n’enlève rien aux succès de Mourad Boudjellal avant lui, plus l’arrivée de ce mécène-investisseur tombé du ciel nous semble providentielle... Déjà nécessaires avant la crise, les vues et l’argent de Bernard Lemaître sont clairement devenus indispensables au RCT pour appréhender la suite avec une relative sérénité. L’homme n’est pas de nature à s’en vanter. Au contraire même. Malgré les difficultés de la situation, il poursuit son oeuvre de consolidation et de construction en toute discrétion, et sans relâche. Aujourd’hui à raison de 7 à 8 heures de téléphone ou de visioconférences quotidiennes. Et avec le soutien de quelques cadres financiers issus de sa garde rapprochée affolés par les fragilités de l’économie du rugby mais eux aussi embarqués dans l’aventure. Déterminés à préserver les ambitions du RCT en limitant autant que possible les pertes déjà estimées à 8 ou 9 millions d’euros... « Ah l’économie du rugby ! relève en souriant le nouveau propriétaire. C’est vraiment un monde loin de la finance et d’une gestion normale et saine... » Pour autant, on y trouve encore des valeurs qui compensent, d’une certaine manière, les pertes d’argent. Des valeurs, notamment humaines, que Bernard Lemaître se réjouit d’avoir retrouvées au RCT. La récente prise de position spontanée des joueurs qui, après de nombreux supporters, ont marqué leur solidarité en proposant d’eux-mêmes de baisser leurs salaires (staff compris), l’a touché au coeur et totalement conforté. Le voilà plus que jamais prêt à parer à toute éventualité pour défendre le présent et l’avenir du RCT.
Comment se passe le déconfinement au club ?
Les salariés qui peuvent continuer à télétravailler de manière satisfaisante sont encore chez eux. C’est la solution privilégiée aujourd’hui. Je pense que ces gens apprécient cette façon de travailler, différente… Même si on a un peu perdu le sel de l’entreprise sans l’indispensable convivialité et les relations les yeux dans les yeux pour le travail en commun. Le chômage partiel est aussi intéressant pour nous. En moyenne, cela représente encore % au club.
Le chantier du centre formation a-t-il repris ?
Oui. On aura sans doute deux bons mois de retard. Maintenant je vise une ouverture pour la fin septembre. On a mis beaucoup d’énergie dans ce projet et on a pris un gros coup sur la tête à son arrêt. Mais l’important est qu’il soit finalement réussi et mis à la disposition de l’équipe à peu de choses près, trois semaines, un mois, après la reprise…
Où en êtes-vous avec votre équipementier Hungaria dont on a annoncé le retrait ?
On est encore en train de discuter avec Hungaria pour la saison -. On est en train d’évaluer la faisabilité avec eux. Et ils semblent intéressés. Cela permettrait d’assurer la soudure avec un nouvel équipementier qui de toute façon sera choisi pour la saison de -.
Les joueurs viennent de marquer leur solidarité en proposant d’euxmêmes une baisse de leur salaire. Cela vous a touché ?
Cela m’a beaucoup touché, effectivement. Cela a beaucoup de signification sur l’esprit qui anime cette équipe. Il y a des leaders qui ont pris l’initiative, qui ont su convaincre malgré des influences venant d’ailleurs, notamment des syndicats qui ont joué leur rôle. Ils sont arrivés à prendre une décision unanime. Oui, ça m’a touché. Et maintenant que c’est fait, cela peut être un outil de communication important vis-à-vis des supporters, des partenaires, pour bien montrer que tout le monde se tient la main.
Les supporters ont-ils également marqué leur solidarité en ne réclamant pas d’indemnisation pour cette saison tronquée ?
Oui, j’ai eu une conversation récemment avec une quarantaine d’entre eux. Qui m’ont confirmé cette tendance. J’ai également rencontré des partenaires qui m’ont affirmé leur soutien, même s’ils ne peuvent pas encore vraiment se déterminer… Le pack toulonnais est en train de se reformer.
Votre budget ?
Il sera revu à la baisse, comme partout d’ailleurs mais nos ambitions sont intactes. Quand on voit ce qu’on a réalisé cette année, souvent privés de nos internationaux, et les espoirs suscités par cette fin de saison, on peut nourrir des ambitions.
Vous venez de proposer avec les autres présidents du Top une formule de Champions Cup qualifiant notamment huit clubs français. Est-ce votre choix personnel ?
C’est un choix collégial. Moi, j’aurais autant aimé le maintien de la formule actuelle.
Êtes-vous vraiment prêts à boycotter la coupe d’Europe en cas de désaccord avec l’EPCR ?
Non, ça, c’est de la pipe…
Si les phases finales européennes peuvent finalement se jouer cet automne, les finales seront-elles encore programmées à Marseille ?
Sauf problème particulier ou problème de disponibilité du stade Vélodrome, on m’a confirmé que ce serait le cas.
Votre position sur les matches à huis clos ?
Horribles.
Même partiels ?
Même partiels, mais ce sera peutêtre un pis-aller…
‘‘ Tout le monde se tient la main. Le pack est en train de se reformer.”