« Les mosquées ne sont pas des clubs privés »
À quelques jours à peine de l’Aïd el-Fitr, qui marquera ce week-end la fin du ramadan, les musulmans auraient sans doute apprécié de pouvoir se rendre à la mosquée. Mais si la réouverture des lieux de culte se précise avec la décision du Conseil d’État d’assouplir les restrictions, il est encore trop tôt. D’où la frustration ressentie par certains fidèles qui se sentent floués par rapport aux chrétiens qui pourront sans doute fêter la Pentecôte. « Il n’y a pas de polémique sur ce sujet. Je n’ai pas eu de remontées en ce sens », assure Abdeslem Aïssati, le président du conseil départemental du culte musulman dans le Var. Pour parler franchement, les représentants de la communauté musulmane sont même plutôt rassurés que les mosquées restent fermées pour l’Aïd, synonyme de forte affluence. « Le culte musulman ne se sent pas concerné par cette décision du
Conseil d’État. Pour nous, il ne peut pas y avoir de demiouverture des mosquées. Nos lieux de culte ne sont pas des clubs privés. On ne peut pas choisir parmi les fidèles qui entre ou n’entre pas », déclare Abdeslem Aïssati. Président de l’association culturelle des musulmans de La Garde, Saïd Hichouri est du même avis. « Je ne suis pas favorable à ce que les mosquées rouvrent maintenant. De ce que l’on sait, les règles sanitaires seraient trop compliquées à gérer. On ne peut pas mettre un compteur à l’entrée et interdire l’accès à la mosquée aux fidèles dès lors qu’on aura atteint les nouvelles capacités d’accueil possiblement divisées par quatre. C’est difficile de trier les fidèles ». Saïd Hichouri n’ose même pas imaginer ce qui se passerait si l’un des fidèles tombait malade après avoir fréquenté la mosquée. « Parmi nos fidèles, on a des personnes à la santé fragile. Notre responsabilité est engagée ». Abdeslem Aïssati renchérit : « Pour moi la santé des fidèles passe avant tout. On aura tout le temps de prier ensemble une fois que l’épidémie sera passée ».