Confinement : un oncologue se bat pour son patient
La clinique Saint-Jean, à Cagnes, a mené une étude destinée à évaluer le nombre de cas parmi des patients relevant d’une prise en charge. Ils sont 0,25 %
Deuxième semaine d’avril. Les Français sont confinés déjà depuis près d’un mois. Associé à la crise épidémique en tant qu’établissement non-Covid de niveau 3, le pôle de santé Saint-Jean à Cagnes-sur-Mer fonctionne à moins de 30 % de son activité. Comme l’ensemble des cliniques privées (et des hôpitaux publics) en cette période, il a suspendu toutes les interventions programmées, pour être en capacité d’accueillir des patients de réanimation envoyés par les établissements de niveau 1 et 2, au cas où ceux-ci se retrouveraient débordés par un afflux trop important. Mais les semaines ont passé, la vague semble épargner la région. Et l’établissement fonctionne a minima ,neprenant en charge que les urgences chirurgicales et les soins de pathologies chroniques comme le cancer. « C’est dans ce contexte que nous avons décidé, en accord avec l’ARS Paca, de reprendre progressivement, à partir du 20 avril, les interventions chirurgicales qui avaient été annulées en se basant sur la notion de perte de chance pour les patients. Ainsi les patients douloureux, ceux qui nécessitaient des actes diagnostiques d’endoscopie ont par exemple été reprogrammés », explique Jérôme Barrière, président de la Commission médicale d’établissement de la clinique SaintJean. Une condition préalable, et pas des moindres : s’assurer que ces personnes ne sont pas porteuses du coronavirus. « C’est fondamental, pour elles-mêmes déjà, sachant que le risque de faire une forme grave suite à une chirurgie, digestive notamment, est plus élevé en cas d’infection. Mais c’est aussi important pour prévenir les infections nosocomiales. »
patients testés
Ainsi, toutes les personnes relevant d’une hospitalisation ont été systématiquement testées pendant une période de trois semaines. « Sur 802 patients testés par le laboratoire Cerballiance, partenaire du projet, seuls deux se sont révélés positifs. Leur intervention a été dès lors reprogrammée. Mais, on a pu, grâce à cette étude, prouver que la circulation du virus était très faible, ce qui permettait d’affirmer qu’un retour aux soins, certes progressif, était sans risque. » Si les résultats portent sur la période allant du 20 avril au 11 mai, le protocole est toujours en place. Et, pour l’heure, aucun nouveau patient positif n’a été dépisté. Cette étude s’inscrit dans un contexte où de plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer la reprogrammation des actes différés à cause du Covid, au-delà des seuls soins urgents. « Cette campagne de dépistage met en lumière que la balance entre le bénéfice du soin pour le patient et le risque potentiel que lui fait courir une hospitalisation en établissement de santé avec un hypothétique risque de contamination est très largement en faveur du retour au soin », analyse le Dr Barrière. Un message qui n’est pas seulement adressé aux autorités de santé. « Il est important de rassurer l’ensemble des patients ; leur santé reste une priorité pour nous tous, sans négliger le risque épidémique. C’est pourquoi nos activités se poursuivent avec une montée progressive en maintenant nos mesures mises en place, dont le test PCR systématique, jusqu’à ce que sa futilité sera jugée par tous comme évidente. Il y a urgence désormais à rattraper le retard des soins lié au confinement, au risque sinon de voir survenir dans les semaines et mois à venir une seconde crise sanitaire qui pourrait être encore plus grave que la crise liée au coronavirus. » Un retard lié aussi au défaut de tests disponibles dans les premiers temps de l’épidémie. « Si on avait eu les moyens de tester tout le monde dès le départ, probablement aurions-nous pu très rapidement reprogrammer des interventions. » Il reste que ces interventions sont asujetties aux produits d’anesthésie toujours réquisitionnés par l’Etat. Un autre sujet sensible.