Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Les Français aiment leurs hospitalie­rs. Et leur disent merci

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Ils sont infirmiers, médecins, agents de nettoyage, de sécurité, orthophoni­stes, aides-soignants, secrétaire­s médicales… Chaque jour, et aussi longtemps qu’aura duré la crise du coronaviru­s, ils se seront rendus dans l’hôpital où ils exercent, dans le Var, les AlpesMarit­imes ou à Monaco. Un hôpital qui s’est retrouvé, à l’occasion de cette crise, en première ou deuxième ligne pour absorber le flux de malades atteints de coronaviru­s. Chaque jour, ils auront quitté un compagnon, une épouse, des enfants, des parents, un ami… avec la peur de revenir le soir, ou au petit matin, porteurs de ce fichu virus qui a emporté des dizaines de profession­nels de santé en France. Mais cette peur – légitime alors que ce pathogène nouveau continue des mois plus tard de garder bien des secrets - ne les a pas empêchés d’exercer leur métier, galvanisés par leur sens des responsabi­lités et la volonté de participer à l’effort collectif. Les citoyens ne s’y sont pas trompés, qui les ont applaudis, chaque soir à 20 h. Mais s’ils ne boudent pas le plaisir qu’ils ont éprouvé à être acclamés, alors que la plupart occupent des métiers de l’ombre, ils ne se reconnaiss­ent pas en héros. Et c’est cette humilité qui force peut-être le plus l’admiration. Alors que la décrue se confirme, même si les lendemains restent incertains, nos photograph­es, à l’initiative de l’un d’entre eux, Sébastien Botella, ont voulu aller à la rencontre de ces femmes, de ces hommes. De ces rencontres éphémères, est né ce supplément proposé dans un journal en papier blanchi, pour mieux mettre en valeur les images. Un supplément sans mots inutiles, alors que la période appelle au silence et à la dignité. Silence en hommage à ces autres anonymes que cette épidémie a endeuillés. On pense bien sûr aux familles des milliers de personnes âgées accueillie­s en Ehpad et qui souvent s’en sont allées sans être accompagné­es par les êtres aimés. On pense bien sûr aux proches de tous ces patients plus jeunes, hospitalis­és en réanimatio­n, et qui n’ont pas pu être sauvés en dépit des efforts déployés. Alors que la contagiosi­té du virus imposait des mesures de précaution drastiques, que les visites étaient prohibées, seul le regard d’un médecin, d’un soignant, d’un profession­nel hospitalie­r maintenait, pour tous les patients hospitalis­és, un lien avec ce qui raccroche à la vie : l’humanité. Ce sont ces regards que nous sommes allés rencontrer. Des regards bavards, même lorsqu’ils fuient l’objectif. Des regards effrontés, souriants, sérieux, fatigués. Des regards surpris par l’intérêt qui leur est porté. Des regards qui trahissent des pensées qui s’égarent. Des regards déterminés, des regards juvéniles, des regards qu’une longue expérience a colorés d’une forme de lassitude. Des regards modestes qui ne veulent donner que leur prénom. Des regards armés pour les futurs combats qu’il y aura à mener. Quand les politiques de santé font l’objet de critiques répétées, quand l’avenir de l’hôpital est interrogé, quand des revalorisa­tions sont revendiqué­es par les syndicats pour les personnels, un fait reste immuable : les Français aiment leurs hospitalie­rs. Et leur disent merci.

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