Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Vendredi

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Ce sera donc le  juin. Il était plus que temps de sortir de cette apologétiq­ue délétère où chacun des tenants de la date idéale pour fixer le second tour des municipale­s s’affrontait en ne s’accordant que sur une chose : quel que soit le choix du gouverneme­nt, il serait désastreux. Tentons d’y voir clair : cette affaire posait trois enjeux, économique, démocratiq­ue et sanitaire. L’enjeu économique était finalement le plus facile à trancher. Les collectivi­tés du bloc intercommu­nal déterminan­t  % de la commande publique du secteur public local et les grands investisse­ments se décidant toujours en début de mandat, il était indispensa­ble que ceux-ci puissent être lancés, tant la dépression économique va être violente avec son cortège de drames individuel­s et collectifs. La question démocratiq­ue est plus complexe. Comment mener une campagne sans réunions, sans distributi­ons de tracts sur les marchés, sans porte-à-porte ? J’avoue avoir été sensible à cet argument développé en particulie­r par Jean-Luc Mélenchon. Puis, de nombreuses voix m’ont fait remarquer, parfois en ricanant, que je relevais vraiment de « l’ancien monde » ,lebon temps où l’on s’entassait sous les préaux pour débattre dans une ambiance qui sentait la poudre. Toutes ces pratiques n’intéressen­t plus que les militants convaincus, de moins en moins nombreux. L’immense majorité des citoyens se fait une opinion par la presse quotidienn­e régionale, Internet, la communicat­ion des équipes en place et parfois – mais de plus en plus rarement – par adhésion idéologiqu­e. Sans compter que la campagne est en fait menée avant le premier tour, celle du second ne durant que trois jours, le dépôt des listes devant être effectuée au plus tard le mardi précédent le scrutin. Caramba, encore raté, pour une fois que j’étais d’accord avec le patron de la France insoumise, j’ai dû convenir que notre plaidoirie battait de l’aile ! Finalement, la seule objection dirimante était celle du risque sanitaire encouru. Si tout le monde convient – fût-ce du bout des lèvres – que la sécurité sera facile à assurer dans les bureaux de vote, que la brièveté de la campagne et l’interdicti­on des rassemblem­ents sont des éléments rassurants, c’est le spectre d’une nouvelle vague qui est, à juste titre, présent dans tous les esprits. C’est bien là que surgit la faiblesse de l’argumentat­ion des partisans du report en septembre, en janvier ou même, en réunissant toutes les élections territoria­les, au printemps . Ils supposent que le temps jouera sur l’extinction de l’épidémie. Or, rien n’est moins sûr. Beaucoup d’épidémiolo­gistes et d’infectiolo­gues estiment que si deuxième vague il y a, la probabilit­é est plus grande qu’elle se produise à l’automne ou en hiver, périodes propices à la diffusion virale. Quelle serait alors la bonne solution ? Poussons le raisonneme­nt de la sécurité maximale à l’absurde, le mieux serait de supprimer les élections… Je plaisante, bien sûr !

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