Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Ce qu’en pensent soignants et usagers

- Photos : LAURENT MARTINAT

● Anne-Claire, psychologu­e : «Un des premiers supports de mon travail, c’est l’entretien, l’observatio­n. Grâce au retour image, c’est plus facile qu’avec un simple entretien téléphoniq­ue, parce que je peux observer tout ce qui concerne le langage non verbal. La plupart des patients ont adhéré rapidement. La pratique en présentiel permet une observatio­n plus fine, mais la télé-consultati­on a permis de rapprocher les entretiens et de faire baisser le niveau d’angoisse important des usagers en cette période. »

● Marie-Eve, neuropsych­ologue : « J’ai travaillé sur Skype. La difficulté, c’est que j’utilise habituelle­ment du matériel pas forcément informatis­é et adapté au télé-soin. J’ai fini par adopter la messagerie instantané­e pour envoyer les exercices et les consignes écrites. A l’avenir, pour plus d’efficacité, il faudra développer des outils plus adaptés. J’ai commencé à m’y intéresser et à trouver les solutions au fur et à mesure que les difficulté­s se présentent. Il y a aussi les problèmes de connexion, qui présentent une difficulté supplément­aire quand on travaille avec les personnes qui ont des troubles cognitifs… Mais l’expérience reste positive, ne serait-ce que pour la relation humaine qu’on a maintenue avec des personnes qui sont souvent très isolées. »

● Renée, orthophoni­ste : « Certaines pathologie­s n’ont pas pu être prises en charge, comme les paralysies faciales, les troubles de la déglutitio­n… J’ai suivi des usagers avec des troubles de l’expression orale, des aphasiques, des troubles de la coordinati­on respiratio­n-parole… Après un bilan thérapeuti­que en présentiel, et avec un projet précis, on peut adapter les objectifs et les moyens pour travailler en télé-rééducatio­n. J’imagine bien une alternance entre des séances de télé-soins, pour travailler de façon plus intensive, et un présentiel indispensa­ble. »

● Patricia, ergothérap­eute : «Le télé-soin ne peut pas être mis en oeuvre dans un grand nombre des champs d’interventi­on de l’ergothérap­ie. On s’est donc concentré sur le maintien des acquis des usagers, pour éviter les risques de régression. Avec un patient aveugle par exemple, on s’est appuyé sur l’infirmière, présente à ses côtés, pour un travail sur la reconnaiss­ance d’objets. »

● Sabine, kinésithér­apeute : «On a maintenu des interventi­ons à domicile pour des personnes qui relevaient d’un suivi incontourn­able, par exemple pour des complicati­ons respiratoi­res. À distance, on a adapté, selon l’environnem­ent quotidien des usagers, en proposant trois types de prises en charge : avec des fiches d’exercices adaptés pour chaque patient, des vidéos pour réaliser les exercices avec l’aide des aidants familiaux ou profession­nels et, via WhatsApp, quelques séances de télésoin, pour superviser à distance. Le fait de connaître les gens au préalable a été une richesse pour réussir cet exercice innovant. Au-delà des séances proprement dites, le travail de coaching, de motivation a été essentiel. La motivation est souvent une faiblesse de nos usagers. »

● Jean-Marc, usager du Samsah, a réalisé régulièrem­ent les exercices proposés par sa kiné (monter les escaliers, travailler la motricité de sa main) et il a eu des télé-rendez-vous avec Marie Ève, la neuropsych­ologue : « J’étais dans l’attente avec le confinemen­t. Le travail à l’ordinateur, ce n’est pas pareil, mais c’est important de continuer. Je préfère les soins à la maison, c’est quand même plus facile. »

 ??  ?? Les différents intervenan­ts du Samsah évaluent régulièrem­ent cette nouvelle pratique.
Les différents intervenan­ts du Samsah évaluent régulièrem­ent cette nouvelle pratique.

Newspapers in French

Newspapers from France