Ce qu’en pensent soignants et usagers
● Anne-Claire, psychologue : «Un des premiers supports de mon travail, c’est l’entretien, l’observation. Grâce au retour image, c’est plus facile qu’avec un simple entretien téléphonique, parce que je peux observer tout ce qui concerne le langage non verbal. La plupart des patients ont adhéré rapidement. La pratique en présentiel permet une observation plus fine, mais la télé-consultation a permis de rapprocher les entretiens et de faire baisser le niveau d’angoisse important des usagers en cette période. »
● Marie-Eve, neuropsychologue : « J’ai travaillé sur Skype. La difficulté, c’est que j’utilise habituellement du matériel pas forcément informatisé et adapté au télé-soin. J’ai fini par adopter la messagerie instantanée pour envoyer les exercices et les consignes écrites. A l’avenir, pour plus d’efficacité, il faudra développer des outils plus adaptés. J’ai commencé à m’y intéresser et à trouver les solutions au fur et à mesure que les difficultés se présentent. Il y a aussi les problèmes de connexion, qui présentent une difficulté supplémentaire quand on travaille avec les personnes qui ont des troubles cognitifs… Mais l’expérience reste positive, ne serait-ce que pour la relation humaine qu’on a maintenue avec des personnes qui sont souvent très isolées. »
● Renée, orthophoniste : « Certaines pathologies n’ont pas pu être prises en charge, comme les paralysies faciales, les troubles de la déglutition… J’ai suivi des usagers avec des troubles de l’expression orale, des aphasiques, des troubles de la coordination respiration-parole… Après un bilan thérapeutique en présentiel, et avec un projet précis, on peut adapter les objectifs et les moyens pour travailler en télé-rééducation. J’imagine bien une alternance entre des séances de télé-soins, pour travailler de façon plus intensive, et un présentiel indispensable. »
● Patricia, ergothérapeute : «Le télé-soin ne peut pas être mis en oeuvre dans un grand nombre des champs d’intervention de l’ergothérapie. On s’est donc concentré sur le maintien des acquis des usagers, pour éviter les risques de régression. Avec un patient aveugle par exemple, on s’est appuyé sur l’infirmière, présente à ses côtés, pour un travail sur la reconnaissance d’objets. »
● Sabine, kinésithérapeute : «On a maintenu des interventions à domicile pour des personnes qui relevaient d’un suivi incontournable, par exemple pour des complications respiratoires. À distance, on a adapté, selon l’environnement quotidien des usagers, en proposant trois types de prises en charge : avec des fiches d’exercices adaptés pour chaque patient, des vidéos pour réaliser les exercices avec l’aide des aidants familiaux ou professionnels et, via WhatsApp, quelques séances de télésoin, pour superviser à distance. Le fait de connaître les gens au préalable a été une richesse pour réussir cet exercice innovant. Au-delà des séances proprement dites, le travail de coaching, de motivation a été essentiel. La motivation est souvent une faiblesse de nos usagers. »
● Jean-Marc, usager du Samsah, a réalisé régulièrement les exercices proposés par sa kiné (monter les escaliers, travailler la motricité de sa main) et il a eu des télé-rendez-vous avec Marie Ève, la neuropsychologue : « J’étais dans l’attente avec le confinement. Le travail à l’ordinateur, ce n’est pas pareil, mais c’est important de continuer. Je préfère les soins à la maison, c’est quand même plus facile. »