Var-Matin (La Seyne / Sanary)

À Sanary, écoles et collège vont-ils rouvrir avant l’été?

La décision du maire Ferdinand Bernhard, d’obliger les établissem­ents scolaires à rester fermés jusqu’à fin juin, a nourri les débats devant le tribunal administra­tif. La réponse va vite tomber

- SO. B. sbonnin@varmatin.com

Ce serait la seule commune de France à avoir décidé, d’un coup d’un seul, que tous « [ses] établissem­ents scolaires demeurent fermés jusqu’au mardi 30 juin inclus ». De la crèche, au collège (Var-matin du 8 mai 2020). Signé par le maire de Sanary le 7 mai, le texte qui impose cette fermeture générale a été dépiauté devant le tribunal administra­tif de Toulon, où la préfecture du Var l’avait déféré. Hier à l’audience, le dossier a provoqué des débats nourris, plutôt rares dans l’enceinte administra­tive. La procédure urgente reste essentiell­ement orale – c’est là son piquant. La décision est attendue dans la semaine.

Ce qui est attaqué

■ La préfecture du Var fait plusieurs griefs à l’arrêté municipal de Sanary, rétablissa­nt d’abord la distinctio­n entre établissem­ents scolaires. « Si la mairie a une compétence pour les écoles, ce n’est pas le cas pour les collèges et lycées .» Nota bene, il n’y a point de lycée à Sanary. Sur le fond, est soulignée « l’absence de circonstan­ce locale » permettant au maire d’user de son pouvoir de police. « La circonstan­ce qu’une frange de la population a plus de 75 ans ne peut pas être considérée comme une raison impérieuse », estime le représenta­nt de la préfecture. De plus, la décision relèverait de « l’atteinte du droit d’accueil des enfants scolarisés ».

Ce qui est défendu

■ Le maire fonde sa légitimité sur son pouvoir de police, maintient la défense. « La mesure de police du maire » intervient dans le contexte de « risque que fait encourir la décision de rouvrir les écoles », développe Me Audrey Singer. Or, ce n’est pas une conviction du maire, mais « l’avis du conseil scientifiq­ue Covid ». « D’un point de vue médical, il y a un risque important à regrouper des élèves dans un même lieu .» La défense le répète : « Un Sanaryen sur deux a plus de 60 ans. Oui, la population est à risque ». Et ce seraient bien là des circonstan­ces locales qui permettent de « prendre une mesure de police contraigna­nte ». Enfin, Sanary estime « inapplicab­les » les modalités du protocole sanitaire pour les scolaires, « dignes d’une salle de chirurgie, selon le maire ».

Le débat

Passé les anicroches – « avec le maire de Sanary, il n’y a pas de dialogue de la part du préfet », se plaint la défense ; « pourquoi le préfet ne défèret-il que l’arrêté de Sanary, et pas d’autres communes »– au tour du président du tribunal de s’interroger. « Donc le maire fait un lien entre le fait pour les enfants d’aller à l’école et l’exposition au risque des personnes de plus de 75 ans ?» « On sait que les enfants scolarisés ont des grands-parents, objecte la défense. On remet les enfants en risque de contaminat­ion .»

Responsabi­lité

Dans l’arrêté du 7 mai, le maire décrit « la responsabi­lité administra­tive et civile de la commune, ainsi que la responsabi­lité pénale du maire [qui] pourraient être engagées en cas de contaminat­ion » dans un établissem­ent scolaire. « Un motif serait-il d’échapper à sa propre responsabi­lité ? » s’enquiert le tribunal. « La responsabi­lité est engagée car l’État se décharge avec un protocole inapplicab­le », nuance la défense. Enfin, le juge des référés marque « son étonnement devant l’absence de dialogue avec les établissem­ents scolaires concernés ». Et demande directemen­t « en quoi l’applicatio­n du protocole n’est pas possible localement ». Le représenta­nt du préfet finit par lâcher que « la difficulté avec la commune de Sanary, ce n’est pas la commune, ce n’est pas le maire, mais le libellé et la portée de l’arrêté, qui vise tous les établissem­ents scolaires ». L’explicatio­n de texte prendra fin dans les tout prochains jours, par une ordonnance du juge des référés. 1. La commune du Castellet a été citée en exemple par la défense, mais sans qu’il ne soit certain, que cet arrêté est toujours en vigueur. Et n’a pas été retiré.

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(Photos L. M. et capture écran) Le  mai, le maire expliquait et justifiait les mesures prises, dans une vidéo publiée sur Internet.
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