Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Commerce : le bras de fer avec les assureurs est engagé

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

« Désolé, votre contrat ne couvre pas le risque d’une pandémie. » Les profession­nels de la restaurati­on et de l’hôtellerie ont obtenu systématiq­uement une fin de non-recevoir quand ils ont appelé leur compagnie d’assurances. Ils espéraient que leur contrat multirisqu­e pouvait compenser les pertes d’exploitati­on provoquée par la crise sanitaire. Il n’en a rien été. Du moins jusqu’à ce que des avocats spécialisé­s, à l’instar de Me Martine Wolff et Me Cyril Offenbach à Nice ou Me Anaïs Sauvagnac à Paris, passent au crible les polices d’assurance. L’avocate parisienne a ouvert une brèche en obtenant vendredi, en référé devant le tribunal de commerce de Paris, 45 000 euros de provisions pour un restaurate­ur, soit deux fois et demie sa marge brute. Axa, l’adversaire, a fait appel. La compagnie estime que l’obligation ordonnée par le Premier ministre de fermer les commerces le 14 mars ne peut être considérée comme « une fermeture administra­tive ». L’assureur réserve ses indemnisat­ions pour les pertes d’exploitati­on en cas de dommage (incendie, dégât des eaux, etc.). Il estime d’autre part qu’il n’y a pas eu de cotisation pour couvrir le risque d’une pandémie.

La pandémie clause d’exclusion ?

Les juges du tribunal de commerce n’ont pas eu la même interpréta­tion du contrat signé par le restaurate­ur. Cette première bataille donne du baume au coeur à certains commerçant­s qui avaient la fâcheuse impression d’avoir cotisé pour rien. « Les clauses d’exclusion doivent figurer de manière apparente dans le contrat, rappelle Me Wolff. Or, on estime que ce n’est pas le cas dans 25 % des contrats. La guerre, par exemple, est citée comme motif d’exclusion mais la pandémie a souvent été oubliée. » Cela vaut donc la peine, dans certains cas, de faire une déclaratio­n de sinistre, selon ces juristes. « On a mis en place une procédure simplifiée pour analyser les polices d’assurance sur notre site (wo-avocats.fr), informe Me Offenbach, ce qui nous permet d’émettre gratuiteme­nt un avis sur l’utilité ou non d’un recours. » Le temps presse, il y va de la survie de certaines entreprise­s.

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(Photo DR) Selon Me Offenbach et Me Wolff, certains refus de garantie de la part des assureurs sont « abusifs ».

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