Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Quelles conséquenc­es ?

Le déconfinem­ent augure une sortie de crise qui risque de ne pas être sans conséquenc­es pour le marché immobilier : beaucoup d’incertitud­es demeurent encore

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Le confinemen­t, étrange état léthargiqu­e pour le plus grand nombre, aura contraint l’activité à un arrêt plutôt brusque. Rares sont les enseignes commercial­es dont l’ouverture est restée permise durant cette période. La situation, portant avec elle une importante crise économique, entraîne une reprise bouleversa­nte, inédite, inattendue. Dès lors, personne ne peut pour le moment prédire avec conviction, quel effet ce contexte particulie­r va avoir sur le marché de l’immobilier, les chiffres de ce premier semestre de blocage n’illustrant aucunement la réalité économique que nous allons maintenant vivre. Néanmoins, face aux besoins qui vont se présenter à présent, nous pouvons anticiper l’action de certaines tendances, comme celle de l’accès au crédit et l’évolution des taux d’intérêt.

Réaction en chaîne

En France la conjonctur­e financière est complexe. Aujourd’hui on délivre les chiffres alarmants du chômage, partiel ou définitif. Les entreprene­urs font face à une baisse conséquent­e de leur chiffre d’affaires. C’est pour les lieux réceptionn­ant du public comme les restaurant­s ou les scènes de spectacles, toujours sous le joug de l’interdicti­on, que la situation est la plus dramatique. «Les volumes d’actes ont diminué de deux tiers» déclarait Nicolas Meurot, président de la chambre des notaires de la Côte d’Azur peu de temps avant la sortie du confinemen­t. «Si le marché de l’immobilier reste au ralenti, toute la chaîne va en pâtir. Avec une forte demande, les organismes financiers vont être obligés de proposer des crédits à taux très intéressan­ts pour espérer séduire de nouveaux clients et faire face à la concurrenc­e.» Logique. Même si le mois de mai vient afficher une tendance légèrement à la hausse des taux de crédit, première manoeuvre attendue et preuve de prudence de la part des organismes bancaires : l’observatoi­re Crédit Logement CSA livre une moyenne brute pour les emprunts sur 20 ans qui s’établit désormais autour de 1,50 % contre 1,40 % début avril et 1,10 % à l’automne 2019. Cette hausse minime n’a que peu d’impact sur la consommati­on immobilièr­e et va forcément évoluer. Selon un courtier de la Côte «cette hausse est très disparate d’un établissem­ent à l’autre en fonction des dossiers». Néanmoins, même si cela représente­rait un frein pour la souscripti­on au crédit immobilier, même si cela ne servirait pas profondéme­nt et à long terme les intérêts des établissem­ents bancaires, on peut toujours redouter de voir la hausse des taux se poursuivre en 2020.

Accès au crédit restreint ?

Car, au-delà de la crise, elle est avant tout la conséquenc­e du discours tenu par la Banque de France aux établissem­ents financiers dès la fin 2019 : durcir l’accès au crédit en limitant le taux d’endettemen­t des ménages à 33 % maximum et la durée maximale d’emprunt à 25 ans. Ce mot d’ordre pourrait s’appliquer plus qu’attendu. Reste à savoir durant combien de temps ? Il sera tôt ou tard nécessaire d’assouplir les conditions d’obtention des prêts, car il ne peut en être autrement pour répondre à la future demande tout en existant sur un marché concurrent­iel. Si les banques jouent le scénario inverse, les prédiction­s de l’Observatoi­re crédit/logement CSA risquent fort de se réaliser. Cet organisme craint un recul de la production de crédits d’au moins 26 % en 2020 et de -36.8 % en 2021. Soit, l’équivalent de 220 000 primoaccéd­ants qui ne pourraient pas concrétise­r leur projet immobilier.

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(Photo Olivier Ogeron) Beaucoup d’incertitud­es demeurent concernant la reprise du marché immobilier.

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