Var-Matin (La Seyne / Sanary)

M. Boudjellal renonce au Sporting

- GUILLAUME RATHELOT grathelot@varmatin.com

Mai . Il y a maintenant un peu plus d’un an, il était au firmament. Claude Joye vivait un moment de joie intense : le Sporting, son Sporting, au fond du trou quand il l’avait racheté huit ans plus tôt, retrouvait le National. Enfin. « Ce sont mes plus belles émotions depuis que je suis arrivé à Toulon », glissait l’actionnair­e majoritair­e, après trois montées en cinq ans. Il allait pouvoir, se disait-il, continuer de construire. Parlait déjà de Ligue  comme « le prochain objectif ». Un an plus tard, donc, rien ne lui aura été épargné. Et on ne parle pas là d’une vilaine fracture de la malléole contractée en jouant au foot en décembre... Rarement un patron du Sporting aura pris autant de coups, été attaqué sur autant de fronts – même si déjà, avant l’expert-comptable lyonnais, Alain Bencivengo et Pascal Bataillé ne faisaient guère plus l’unanimité à la fin de leur mandat. Le sien est-il proche ? Il semble que non tant Claude Joye, qui doit s’entretenir vendredi sur l’avenir du club avec le maire de Toulon, Hubert Falco, sait encaisser les coups et résister à l’adversité.

L’affaire Jura Sud

Les prémices de l’annus horribilis. Et un premier coup sur la tête après ce match de N2 entre Toulon et Jura Sud, le 11 mai 2019. La victoire (3-2) est décisive dans la course à l’accession mais entachée de rumeurs d’arrangemen­t. La FFF ouvre une enquête, vite close. « C’est une attaque contre le Sporting. Ça nuit à notre image,

d’une manière vachement injuste », réagit sur le coup Claude Joye, qui a toujours clamé son innocence. Y compris devant la justice. Fin janvier, il est placé en garde à vue, dans le cadre de l’enquête de la brigade financière de Nanterre. « C’est assez désagréabl­e », confie-t-il, ébranlé, après avoir été interrogé pendant 30 heures au commissari­at de Toulon. L’enquête, aux dernières nouvelles, est toujours en cours.

La saison catastroph­e

Au final, et malgré des prestation­s pas si moches que ça, le Sporting aura été la risée du National, avec une seule victoire en 25 matches – obtenue... à la 23e journée. Ce qui lui a valu les « honneurs » d’un site satirique, la Fédération française de la lose. Dès la 8e journée, Claude Joye confesse vivre « très mal » la situation. Il choisit de faire sauter le coach, Fabien Pujo, dès octobre. Et finit par entretenir des relations tempétueus­es avec Victor Zvunka, son successeur. Désigné coupable d’un recrutemen­t estival inadapté aux exigences de la 3e division (aucun joueur expériment­é n’est arrivé), le patron du Sporting installe, à l’automne, Jean-Marc Ferreri au poste de directeur sportif. Malgré un mercato d’hiver plutôt réussi, celui-ci ne fait pourtant pas l’unanimité, y compris au sein du club.

La relégation en N2 est finalement actée alors que Toulon est lanterne rouge d’une saison qui n’a même pas pu aller à son terme. Un autre combat à mener pour Joye : « Nous mettons tout en place pour défendre juridiquem­ent l’intérêt du club », alors que les procédures ont peu de chances d’aboutir.

L’OPA de Boudjellal

Var-matin a été le premier à déclencher ce qui va devenir au mieux un feuilleton, au pire une bombe. Le 9 décembre, dans une interview, Mourad Boudjellal évoque son intérêt pour le Sporting. Le 14 janvier, il se déclare candidat à la reprise (ci-dessus). Seul hic, Claude Joye n’est absolument pas vendeur – il ne l’est toujours pas – et voit cette OPA d’un mauvais oeil. Les deux hommes vont alors se livrer à des échanges plus ou moins cordiaux, en réunion ou par voie de presse. Alors que Joye se retranche derrière « un accord de confidenti­alité » et évite de s’épancher, les plus fortes attaques viennent de l’ancien président du Rugby club toulonnais, spécialist­e des tampons (lire ci-dessus) .Àdéfaut d’actes concrets, ce dernier gagne à la foi la bataille médiatique et le coeur des supporters.

La haine des supporters

Le détonateur a peut-être été la censure d’une banderole (« SOS Mourad »), le 10 janvier face au Red Star. Les relations, déjà pas au beau fixe, ne cessent alors de se tendre entre les supporters toulonnais et Claude Joye. À son arrivée en 2011, celui-ci leur avait promis « la D2 en cinq ans ».« Ça fait vingt ans qu’on l’attend », rétorquent-ils au stade. Depuis quelques semaines, la grogne dépasse le cadre des tribunes. L’actionnair­e a vu certains de ses biens dégradés, alors que des messages hostiles ont fleuri un peu partout en ville. Sans parler des pétitions en ligne et des réseaux sociaux. Deux slogans reviennent en boucle : « Démission direction » et « Joye dehors » (en version polie)...

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(Photos Frank Muller, L. B., Gui. R.) Le patron du Sporting, tête basse lors de la réception de Concarneau en octobre, encaisse les coups.
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