Le simple plaisir retrouvé de reprendre son service
Restaurateurs, cafetiers, serveurs : hier matin, à Fréjus et Saint-Raphaël, personne n’a manqué sa rentrée. Les professionnels est-varois sont soulagés de jouer à nouveau du plateau
C «’est comme une première fois ! lance, goguenard, Jean-Christophe, patron du Bar de Valescure à Saint-Raphaël. Comme quand on rencontre une amoureuse et qu’on ne sait pas trop comment cela va se passer… » En attendant d’en savoir plus si affinités, en bon chef de cuisine, Nico s’affaire autour de la paella qu’il fait mijoter à petit feu depuis les premières heures matinales. Car pour cette réouverture tant attendue, Jean-Christophe et son équipe ont décidé d’inviter une cinquantaine de fidèles clients à reprendre leurs vieilles habitudes entre apéro et plat du jour.
Hier, c’était la tournée du patron
« Paella, boisson et dessert offerts, c’est en quelque sort un cadeau de bienvenue afin de remercier mes clients d’être revenus dans mon établissement dès le premier jour. Après plus de deux mois et demi d’attente, c’est un soulagement. C’est surtout un soulagement financier, confie le maître des lieux. Car depuis le 14 mars, c’est zéro euro en rentrée d’argent. J’ai bien touché les 1 500 euros d’aide, mais toute ma trésorerie y est passée pour payer les charges et les frais fixes… »
Hier, l’ambiance n’était plus à la morosité de ces dernières semaines, mais bel et bien à la satisfaction de faire la mise en place du service du midi. Comme si les tâches ménagères, sans noblesse il n’y a pas si longtemps encore, étaient soudainement devenues du plus grand intérêt. « Entre la salle et la terrasse, la mise en place a été organisée afin de rassurer les clients. Car, dans un premier temps, les gens vont surtout avoir besoin de se sentir en confiance concernant les conditions d’hygiène. C’est la raison pour laquelle la reprise va se faire progressivement. Je vais d’ailleurs envoyer les photos de ma mise en place sur mon fichier clients, afin qu’ils puissent juger de visu cette nouvelle installation. »
Sur le coup de midi, les premiers visiteurs arrivent en famille alors que Jean-Christophe, pendu au téléphone, est obligé d’en refuser une bonne vingtaine. « Le midi, je tournais à une moyenne de 90 couverts. Avec cette nouvelle disposition, je perds pratiquement la moitié de mon service du midi. D’où ma décision, pour compenser, de prolonger le service jusqu’à 15 heures… » Distanciation d’un mètre entre les tables, gel hydroalcoolique à volonté, port du masque obligatoire pour le personnel : au Bar de Valescure, les consignes de sécurité sont appliquées à la lettre. À un détail prêt…
« C’est bon de retrouver le grand air »
« Les gants. En restauration, ce n’est pas hygiénique. des impuretés peuvent s’incruster, assure le patron. Je préfère servir à mains nues en me les lavant systématiquement après chaque service… » Sur la terrasse ombragée par de larges parasols rouges, les conversations vont bon train d’une table à l’autre. Soudain, un homme sirotant son café lâche un cri du coeur : « Que c’est bon de retrouver le grand air ! Moi qui suis resté confiné dans mon petit 40 m2 sans balcon, je retrouve le plaisir de manger dehors, d’entendre des cris, des rires, bref de renouer avec la vie d’avant. Enfin ! » Pour cette première fois, JeanChristophe a usé de tous ses charmes pour séduire ses clients et arroser, toujours avec modération, des retrouvailles placées sous le signe de la convivialité.