Reprise animée sur les terrasses de Saint-Tropez
De la place des Lices au mythique port, en passant par la vieille ville, la cité du Bailli est sortie de sa torpeur et a connu, hier, les premiers signes encourageants d’une belle fréquentation
O «n se languissait, c’est le bonheur ! » Installée au soleil en terrasse, face au marché de la place des Lices à Saint-Tropez, Martine exulte : « J’ai l’impression de revenir à la vie, de retrouver une liberté perdue ». Venue de La Garde avec son époux Daniel, le café a une saveur particulière aujourd’hui pour elle : « On est resté enfermés dans un appartement pendant plus de deux mois, donc ce moment, on le savoure. L’ouverture des cafés et des restaurants et l’assurance de trouver de quoi se rafraîchir et se restaurer était la condition pour aller se balader un peu plus loin ». Avec l’ouverture de ses terrasses, Saint-Tropez semblait, hier, sorti de sa torpeur et a retrouvé, en ce jour de marché, un peu de l’ambiance qui a fait la notoriété du village et déjà une belle fréquentation : « Je suis contente. La coupure était longue et triste pour nous, si habitués à voir beaucoup de monde » s’enthousiasme Brigitte Drouin, du Café des Arts sur la place des Lices : « Les habitués sont venus les premiers pour faire le débriefing de ce qui se passe au village. En cette période électorale, il y avait beaucoup à dire et du temps à rattraper ! ».
De bons retours sur les réservations
Au Bistrot du Port, sur la place Grammont, Jacques et Virginie Riberpray ont retrouvé leurs clients : « Ce matin, les fidèles se sont dirigés directement à leur place habituelle ». Même si ce n’était pas la foule des grands jours et que Jacques confessait une petite inquiétude sur le taux de fréquentation, il a pu bénéficier, grâce à la commune, d’une surface plus importante d’accueil en terrasse : « On reste confiants. On a de bons retours sur les réservations des hôtels et sur la venue des résidents secondaires ». À deux pas de Sénéquier, dont la terrasse rouge avait retrouvé ses inconditionnels, le Bar du Port était le théâtre d’un ballet bien orchestré, avec ses serveurs vêtus de blanc et bleu marine : « Nous avons gardé le même effectif que l’an dernier à la même époque », a souligné le responsable, Baptiste Izuel. En cette fin de matinée, son équipe prend ses marques : «Il faut prendre de nouvelles habitudes : les gens doivent attendre qu’on les place. C’est nouveau pour les clients comme pour nous, mais on s’y fera et surtout, c’est important de rassurer les personnes qui craignent encore la maladie. Tout cela est un détail face à la satisfaction de reprendre une vie normale. On est très confiants pour la saison. On va relever la tête et aller au charbon ». C’est aussi l’intention de Josiane Bakalian, gérante du restaurant Le Péché Mignon, au pied du clocher : « On n’avait pas vraiment arrêté grâce à la vente à emporter, mais ce n’est pas le même bonheur que la convivialité d’une terrasse ».
Une nouvelle ère
En ce mardi particulier dans la vieille ville, les badauds ont renoué avec des parfums oubliés : ceux du persil et de l’huile d’olive sur les tomates à la provençale et ceux des viandes et poissons juste passés à la plancha. D’appétissants fumets exhalant des cuisines et une ambiance différente, comme le souligne Josiane : « Une nouvelle ère. Après cette période sinistre, les gens, tout à la joie de se retrouver, sont différents : plus attentionnés les uns avec les autres, plus agréables, plus gentils, avec l’envie de faire connaissance ». Elle aussi, malgré l’étroitesse des ruelles tropéziennes, bénéficie de quelques places supplémentaires en terrasse... même si des ajustements sont nécessaires avec les voisins. Du côté du quai de l’Épi, sur le parking du port, Siva Ponnudurai du restaurant Le Gandhi, s’apprête à rouvrir aujourd’hui avec quelques tables supplémentaires prises directement sur le parking, avec l’aval de la commune : « Ça nous permettra de compenser un peu la perte de capacité due à la distanciation ». La distanciation si peu compatible avec l’esprit des brasseries et bistrots n’empêchera pas la convivialité, comme le souligne Thierry Dounier, du bar Le Clemenceau, place des Lices : « Les cafés, c’est le partage, le vrai, un lien social et culturel, un lieu de convergence. Ce matin, j’ai retrouvé mes clients dès l’ouverture à 6 h. J’étais partagé entre la joie et l’émotion. Tous ont évoqué la liberté retrouvée, le bonheur de débattre et d’échanger ». Si sa terrasse n’est pas aussi pleine qu’un jour habituel de marché, le gérant ne perd pas confiance : « Il faut respecter les règles sanitaires et rassurer les clients. L’optimisme est communicatif. À nous de donner l’impulsion aux clients. Les gens viendront toujours s’amuser à SaintTropez. Et si tous ne s’assoient pas en terrasse, les ‘‘bonjours’’ fusent depuis ce matin avec les passants. Signe que l’enthousiasme des retrouvailles est bien là et que les beaux jours reviendront ».