Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Reprise animée sur les terrasses de Saint-Tropez

De la place des Lices au mythique port, en passant par la vieille ville, la cité du Bailli est sortie de sa torpeur et a connu, hier, les premiers signes encouragea­nts d’une belle fréquentat­ion

- CHRISTIANE GEORGES cgeorges@nicematin.fr

O «n se languissai­t, c’est le bonheur ! » Installée au soleil en terrasse, face au marché de la place des Lices à Saint-Tropez, Martine exulte : « J’ai l’impression de revenir à la vie, de retrouver une liberté perdue ». Venue de La Garde avec son époux Daniel, le café a une saveur particuliè­re aujourd’hui pour elle : « On est resté enfermés dans un appartemen­t pendant plus de deux mois, donc ce moment, on le savoure. L’ouverture des cafés et des restaurant­s et l’assurance de trouver de quoi se rafraîchir et se restaurer était la condition pour aller se balader un peu plus loin ». Avec l’ouverture de ses terrasses, Saint-Tropez semblait, hier, sorti de sa torpeur et a retrouvé, en ce jour de marché, un peu de l’ambiance qui a fait la notoriété du village et déjà une belle fréquentat­ion : « Je suis contente. La coupure était longue et triste pour nous, si habitués à voir beaucoup de monde » s’enthousias­me Brigitte Drouin, du Café des Arts sur la place des Lices : « Les habitués sont venus les premiers pour faire le débriefing de ce qui se passe au village. En cette période électorale, il y avait beaucoup à dire et du temps à rattraper ! ».

De bons retours sur les réservatio­ns

Au Bistrot du Port, sur la place Grammont, Jacques et Virginie Riberpray ont retrouvé leurs clients : « Ce matin, les fidèles se sont dirigés directemen­t à leur place habituelle ». Même si ce n’était pas la foule des grands jours et que Jacques confessait une petite inquiétude sur le taux de fréquentat­ion, il a pu bénéficier, grâce à la commune, d’une surface plus importante d’accueil en terrasse : « On reste confiants. On a de bons retours sur les réservatio­ns des hôtels et sur la venue des résidents secondaire­s ». À deux pas de Sénéquier, dont la terrasse rouge avait retrouvé ses inconditio­nnels, le Bar du Port était le théâtre d’un ballet bien orchestré, avec ses serveurs vêtus de blanc et bleu marine : « Nous avons gardé le même effectif que l’an dernier à la même époque », a souligné le responsabl­e, Baptiste Izuel. En cette fin de matinée, son équipe prend ses marques : «Il faut prendre de nouvelles habitudes : les gens doivent attendre qu’on les place. C’est nouveau pour les clients comme pour nous, mais on s’y fera et surtout, c’est important de rassurer les personnes qui craignent encore la maladie. Tout cela est un détail face à la satisfacti­on de reprendre une vie normale. On est très confiants pour la saison. On va relever la tête et aller au charbon ». C’est aussi l’intention de Josiane Bakalian, gérante du restaurant Le Péché Mignon, au pied du clocher : « On n’avait pas vraiment arrêté grâce à la vente à emporter, mais ce n’est pas le même bonheur que la conviviali­té d’une terrasse ».

Une nouvelle ère

En ce mardi particulie­r dans la vieille ville, les badauds ont renoué avec des parfums oubliés : ceux du persil et de l’huile d’olive sur les tomates à la provençale et ceux des viandes et poissons juste passés à la plancha. D’appétissan­ts fumets exhalant des cuisines et une ambiance différente, comme le souligne Josiane : « Une nouvelle ère. Après cette période sinistre, les gens, tout à la joie de se retrouver, sont différents : plus attentionn­és les uns avec les autres, plus agréables, plus gentils, avec l’envie de faire connaissan­ce ». Elle aussi, malgré l’étroitesse des ruelles tropézienn­es, bénéficie de quelques places supplément­aires en terrasse... même si des ajustement­s sont nécessaire­s avec les voisins. Du côté du quai de l’Épi, sur le parking du port, Siva Ponnudurai du restaurant Le Gandhi, s’apprête à rouvrir aujourd’hui avec quelques tables supplément­aires prises directemen­t sur le parking, avec l’aval de la commune : « Ça nous permettra de compenser un peu la perte de capacité due à la distanciat­ion ». La distanciat­ion si peu compatible avec l’esprit des brasseries et bistrots n’empêchera pas la conviviali­té, comme le souligne Thierry Dounier, du bar Le Clemenceau, place des Lices : « Les cafés, c’est le partage, le vrai, un lien social et culturel, un lieu de convergenc­e. Ce matin, j’ai retrouvé mes clients dès l’ouverture à 6 h. J’étais partagé entre la joie et l’émotion. Tous ont évoqué la liberté retrouvée, le bonheur de débattre et d’échanger ». Si sa terrasse n’est pas aussi pleine qu’un jour habituel de marché, le gérant ne perd pas confiance : « Il faut respecter les règles sanitaires et rassurer les clients. L’optimisme est communicat­if. À nous de donner l’impulsion aux clients. Les gens viendront toujours s’amuser à SaintTrope­z. Et si tous ne s’assoient pas en terrasse, les ‘‘bonjours’’ fusent depuis ce matin avec les passants. Signe que l’enthousias­me des retrouvail­les est bien là et que les beaux jours reviendron­t ».

 ?? (Photos C. G.) ?? L’équipe du Café des Arts, sur la place des Lices, a déjà lancé la partie d’échanges de galéjades.
(Photos C. G.) L’équipe du Café des Arts, sur la place des Lices, a déjà lancé la partie d’échanges de galéjades.
 ??  ?? Au Bar du Port, les serveurs ont revêtu leur polo aux airs marins.
Au Bar du Port, les serveurs ont revêtu leur polo aux airs marins.
 ??  ?? Jacques et Virginie Riberpray ont habillé de jaune toute leur terrasse du Bistrot du Port.
Jacques et Virginie Riberpray ont habillé de jaune toute leur terrasse du Bistrot du Port.
 ??  ?? Ah, le bonheur d’un café en terrasse !
Ah, le bonheur d’un café en terrasse !
 ??  ?? Au Péché Mignon, Josiane et son chef prêts à accueillir les clients.
Au Péché Mignon, Josiane et son chef prêts à accueillir les clients.
 ??  ?? La joie de la reprise pour Louis et Thierry au Clemenceau.
La joie de la reprise pour Louis et Thierry au Clemenceau.

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