« Oui, y’aura bisou... L’amour est plus fort que le Covid- »
Quatrième volet de notre série consacrée au retour en classe après le confinement. On a demandé aux jeunes comment ils vivaient « l’amour au temps du coronavirus »
C’est un vrai beau petit couple. Souriant, complice, visiblement heureux de profiter d’un après-midi ensoleillé sur les plages du Mourillon. Yanis (20 ans) a commandé des churros, Fanny (19 ans), une gaufre au chocolat. Lui est étudiant en commerce, elle menuisière. « Avant le coronavirus, on ne se voyait que le weekend », donc Fanny a emménagé chez Yanis, à Barjols. Ils ne regrettent pas. «Le confinement a été plus agréable à deux. » Ça fait trois ans et demi qu’ils sont ensemble et éprouvent de la compassion pour les célibataires de leur génération : « Pour les rencontres, à cause des gestes barrières, il faut désobéir, enfreindre à la loi », schématise Fanny.
« Ça va repartir »
Le confinement a été une sale épreuve pour beaucoup. Sportifs, passionnés du grand air, restaurateurs, hyperactifs claustrophobes, véliplanchistes, et célibataires donc… la liste est longue. Les jeunes amoureux qui vivent encore chez papa et/ou maman en ont bien bavé, eux aussi. Un âge où la passion est forte et intense. Oriane et Jordan, 16 ans tous les deux, n’ont pas « co-confiné ». Lui est parti «àla campagne vers Toulouse »,
Posés dans le jardin Alexandre Ier à Toulon, Alexandre, Luna et Emeline ont hâte de « pouvoir rencontrer du monde comme avant ».
elle est restée à Toulon. Ils se sont « beaucoup appelé », « en visio » . Mais « c’était long quand même ». Alors les «retrouvailles » n’en ont été que plus belles. Plus mémorables. « C’était le 12 mai », clame Oriane, comme si elle parlait de la Fête nationale. Assis à côté du couple, Nicolas a trouvé le « temps encore plus long ». « C’est compliqué quand on est célibataire
», grimace-t-il. Il espère qu’avec la phase 2 du déconfinement, «çavarepartir ».
Calvaire affectif
Il a bien une « cible » en tête et ce n’est pas un petit virus de pangolin qui l’empêchera de mettre un terme à son célibat. «Les gestes barrières, annonce le champion du 110 mètres haies, on passera au-dessus. » Pour beaucoup, ces deux interminables mois de confinement ont été un véritable calvaire sur le plan affectif. Assis dans l’herbe du jardin Alexandre Ier, à
l’autre bout de la ville, en compagnie de ses amies Luna et Émeline, Alexandre (15 ans) le dit sans détour :
pas perdre de temps. Quitte à prendre quelques largeurs avec les règles de distanciation physique. « Si je rencontre quelqu’un et que la personne ne tient pas à respecter les gestes barrières, alors on y va. On y saute même », se marre l’ado. Avant de préciser au passage : « D’abord, on parlera. Je ne lui sauterai pas dessus comme ça. Évidemment. Et après, la logique, oui, c’est qu’il y’aura bisou… » Reste plus qu’à trouver l’âme soeur qui soit dans le même état d’esprit. Pleine de fougue et d’envie.
Difficile dans ce contexte de papillonner sereinement.
« On se pose des questions »
Pour les rencontres, il faut enfreindre la loi ”
Les gestes barrières... on passera au-dessus ”
« C’est sûr que ça n’aide pas pour les rencontres, analyse Luna. Parce qu’on se pose des questions. Il faut porter le masque, ou pas, se laver les mains à telle ou telle heure. Même si certains s’en foutent royalement des gestes barrières. En fait, ça dépend de chacun. » Alors autant s’en remettre au destin et laisser opérer la magie de l’amour. « Faire des plans, ça n’a jamais trop marché », témoigne Alexandre, en connaissance de cause. « De toute façon, coupe Luna, ça ne se prévoit pas ces choses-là, ça arrive comme ça… ». « Et puis l’amour, conclut Émeline, en riant, est plus fort que le virus. »
Faire des plans, ça n’a jamais trop marché ”