Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Personnes âgées : non « à la maltraitan­ce institutio­nnelle »

Hier soir, devant l’hôpital Clemenceau à La Garde, militants et citoyens, à l’appel de l’UD CGT santé et action sociale, soutenue par FO du CHITS, ont fustigé la marchandis­ation de la santé

- CATHERINE PONTONE

Vingt-heures, ce mardi, devant l’hôpital Clemenceau à La Garde. Aux fenêtres des résidents du service de soins de suite et de réadaptati­on (SSR) et de l’établissem­ent d’hébergemen­t pour personnes âgées dépendante­s (Ehpad), citoyens et militants de la CGT, rejoints par les représenta­nts de Force Ouvrière au sein du Centre hospitalie­r intercommu­nal ToulonLa Seyne, réuni en intersyndi­cale avec la CGT et la CFDT dans ce combat commun pour la défense des blouses blanches et des patients, la colère blanche.

Sortir du silence

Celle qui couve, depuis des années, au sein des Ehpad. « Les personnels ne veulent plus garder le silence et dénoncent des conditions de travail déplorable­s et ne veulent pas être les complices d’une maltraitan­ce institutio­nnelle », martèle Isabelle Godard, secrétaire de l’Union départemen­tale syndicale CGT de la santé et de l’action sociale. Elle s’appuie sur un ancien rapport « accablant » de la commission parlementa­ire « Flash Ehpad » du 13 septembre 2017 sur l’état des lieux des conditions de travail des agents, et de vie des résidents. « Rien n’a évolué. Les moyens budgétaire­s nécessaire­s pour que les personnels puissent travailler dignement, avec des conditions de travail permettant de prendre soin de nos anciens ne sont toujours pas arrivés », déplore-t-elle. La crise sanitaire est un triste révélateur : « Les premières mesures d’urgences des pouvoirs publics n’ont pas été de prioriser les Ehpad, ce qui veut dire pas de matériels : masques, surblouses permettant de protéger les personnels mais aussi les résidents. Au début de la crise, les décès en Ehpad - 30 000 morts et probableme­nt plus - n’étaient même pas comptabili­sés. Et dans certains départemen­ts - a contrario du Var Ndlr - pas d’accès à la réanimatio­n. » Les agents ni les résidents ne veulent être « les oubliés » du Ségur de la santé qui vient de s’ouvrir au ministère. En première ligne la prime Covid à deux vitesses, toujours non versée. Promise par l’État à hauteur de 1000 euros pour les personnels des Ehpad, le décret d’applicatio­n n’est toujours pas sorti. Augmenter des effectifs pour un ratio d’un soignant pour un résident avec des services supports internalis­és ; permettre de soigner et accompagne­r dignement les personnes âgées dépendante­s, revalorise­r les salaires et la reconnaiss­ance des qualificat­ions et de la pénibilité seront autant de revendicat­ions clamées dans la rue, le 16 juin, à l’appel d’une intersyndi­cale. La place de la personne âgée est la grande absente « du débat national sous Sarkozy, sous Hollande, et désormais sous Macron », a fustigé Olivier Masini, secrétaire général de l’Union départemen­tale CGT. « Cela a été fait sciemment car cela a permis au privé de s’organiser et de faire du pognon », a-t-il martelé, pointant du doigt la carence du sanitaire au sein de trois quarts des Ehpad avec pour conséquenc­e des pensionnai­res admis aux « urgences dans des situations dramatique­s ». Et de renvoyer l’État à ses responsabi­lités.

 ?? (Photo Patrick Blanchard) ?? Moins de cent cinquante personnes se sont rassemblée­s, hier soir, devant l’hôpital Clemenceau, pour dénoncer une « marchandis­ation de la santé » dont les personnes âgées sont les premières victimes.
(Photo Patrick Blanchard) Moins de cent cinquante personnes se sont rassemblée­s, hier soir, devant l’hôpital Clemenceau, pour dénoncer une « marchandis­ation de la santé » dont les personnes âgées sont les premières victimes.

Newspapers in French

Newspapers from France