Golfe Persique : Le Forbin, une présence dissuasive
Après presque quatre mois de patrouille aux abords du détroit d’Ormuz, la frégate de défense aérienne est rentrée à Toulon
On s’en souvient : il y a un an, l’attaque de plusieurs pétroliers en mer d’Oman, sur fond d’affrontement entre les États-Unis et l’Iran, avait ravivé les tensions au Moyen-Orient. Pour garantir la liberté de navigation et protéger ses intérêts économiques dans une zone géographique par laquelle transitent 30 % de son approvisionnement en or noir, l’Europe avait rapidement réagi en lançant l’opération « Agenor ». C’est justement dans le cadre de cette opération que la frégate de défense aérienne Forbin avait quitté Toulon le 10 février dernier. Arrivée sur zone quinze jours plus tard, elle y avait relevé le Courbet, frégate de moindre tonnage. « Une montée en capacités qui démontre l’investissement de la France », déclare le capitaine de vaisseau Jean-Olivier Grall, le commandant du Forbin, tout juste de retour à Toulon après quatre mois de mer.
Une zone très fréquentée
Quatre mois pendant lesquels la frégate, habituellement utilisée à la protection du porte-avions Charles-deGaulle, a patrouillé sans relâche aux abords du détroit d’Ormuz, recueillant un maximum d’informations. « En constatant le nombre de bateaux de commerce qui, malgré la pandémie, naviguent dans ce détroit, on mesure l’importance d’y être présent », commente le commandant Grall. Mais on s’en doute, les navires de commerce ne sont pas les seuls à croiser dans les parages. À la tête d’une coalition internationale (à laquelle participe notamment le Royaume-Uni de Boris Johnson) – « complémentaire de l’opération européenne », tient à préciser le commandant Grall –, les Américains sont très présents. L’Inde voisine, également. Et bien évidemment l’Iran. « Que ce soient les Gardiens de la révolution ou la Marine, les Iraniens sont naturellement très présents dans la zone, en surveillance de leurs approches maritimes. Mais la tension est restée très contenue. Les interactions que nous avons eues avec les Iraniens ont toujours été très professionnelles, sans agressivité », assure le commandant Grall. Quid des Russes ou des Chinois ? « Ils patrouillent plutôt dans le golfe d’Aden, situé plus à l’ouest, dans des missions de lutte contre la piraterie qui a considérablement diminué », répond le pacha du Forbin.
Aucun cas de Covid- à bord
Ce dernier peut également se féliciter d’avoir ramené à Toulon un équipage parfaitement sain. « On n’a eu aucun cas suspect pendant toute la durée de la mission. » Un sacré tour de force quand on repense au retour très médiatisé du Charlesde-Gaulle, dont plus de mille marins ont été atteints par le Covid-19. « Quand on a quitté Toulon, il n’y avait que quelques clusters (foyers épidémiques, Ndlr) en France, mais le Sud était encore épargné. Ensuite, on a vécu quasiment en confinement pendant trois mois. Pour éviter que le virus ne monte à bord, on s’est replié pour les escales sur la base navale française d’Abu Dhabi qui appliquait des mesures très strictes. Et bien sûr, interdiction d’aller à terre pendant ces escales », explique le commandant Grall. Rentré à Toulon, le Forbin et ses quelque 200 membres d’équipage ne devraient pas repartir en mer avant la fin de l’été. Dans le golfe Persique, il a été relevé par la frégate multimissions Languedoc.