« Il y a nécessité d’amplifier la transition écologique » Matthieu Orphelin,
Député ex-marcheur qui préside le nouveau groupe Écologie démocratie solidarité à l’Assemblée, invite l’État à un soutien fort des collectivités, fers de lance des mutations
Venu de la famille écologiste, Matthieu Orphelin, proche de Nicolas Hulot, avait rallié Emmanuel Macron en 2017. C’est sous les couleurs de LREM qu’il a été élu député de Maine-et-Loire, avant de quitter le groupe En marche en février 2019, puis de créer le 19 mai dernier, avec seize autres députés, un nouveau groupe qu’il préside à l’Assemblée : Écologie démocratie solidarité (EDS).
Avec le recul, En marche et le fameux « en même temps », c’était une impasse ? Non. Je ne regrette pas d’avoir rejoint Emmanuel Macron en pour représenter l’écologie. Il était le seul, à l’époque, à pouvoir empêcher le duel funeste Fillon Le Pen qui s’annonçait. Et puis, il incarnait la promesse d’un renouvellement, d’une politique davantage libérée des partis.
Pourquoi vous êtes-vous peu à peu éloigné de LREM ?
J’ai quitté le groupe LREM en parce que, sur aucun des grands chantiers de la transition écologique, nous n’étions au bon rythme. Je ne fais pas partie de ceux qui disent que rien n’a été fait. Des choses ont été faites. Je ne suis pas parti sur un coup de gueule, mais sur un désaccord politique avec le gouvernement quant au tempo de la transition écologique. Nicolas Hulot l’avait déjà fait quelques mois plus tôt. Moi, j’avais essayé de tenir pour continuer de convaincre. Depuis la crise sanitaire, on voit bien qu’il y a nécessité, encore plus qu’avant, de renouveler la démocratie, de renforcer la solidarité envers les jeunes et les plus précaires. Et, plus que jamais, d’amplifier la transition écologique, qui est une solution pour développer l’emploi sur les territoires, relocaliser une partie de notre économie, rendre notre agriculture plus résiliente et plus forte. C’est le sens de ce e groupe parlementaire que nous avons créé.
Concrètement, quelles sont vos priorités dans l’accélération de la transition écologique ?
Il faut d’abord, c’est une évidence, réinvestir dans l’hôpital et les métiers de la santé, qui ne sont pas assez valorisés aujourd’hui, y compris financièrement. Il faut ensuite redonner aux collectivités locales des moyens majeurs pour investir. Notre groupe, lors de l’examen du projet de loi de finances rectificative, proposera une aide massive de milliards en faveur des collectivités, communes, départements, régions, pour investir dans la transition écologique, accélérer les mobilités alternatives à la voiture, les circuits courts de qualité, la rénovation énergétique des bâtiments, tous ces sujets sur lesquels les collectivités locales sont à la manoeuvre. On a vu, avec les pistes cyclables transitoires, que la décision publique a pu être extrêmement rapide ces dernières semaines. Il faut amplifier et massifier l’action.
Qu’est-ce qui vous distingue aujourd’hui des Verts,
en tant que force politique ?
D’abord, il n’y a pas de députés verts à l’Assemblée. Nous serons sur une position indépendante, ni dans la majorité ni dans l’opposition. Nous chercherons à créer des coalitions de projets. Nous ne sommes pas là pour faire de la politique contre les uns ou les autres.
Vous avez cosigné une tribune pour une deuxième lecture de la loi sur la PMA pour toutes dès septembre. Est-ce une urgence ?
C’est un texte important. Et c’est une urgence, oui, car derrière ce texte, des centaines de femmes sont concernées, seules ou en couple lesbien, avec des projets parentaux suspendus ou mis en danger. Il y a déjà eu des débats nourris en première lecture. On ne sera donc pas obligé
de refaire des débats très longs.