Var-Matin (La Seyne / Sanary)

NATIONAL  Boudjellal arrête les frais...

Candidat à la reprise du Sporting club de Toulon, Mourad Boudjellal, après deux dernières offres faites à Claude Joye, a décidé de renoncer à son projet. Il devrait rebondir non loin de là

- RAPHAËL COIFFIER

Cette fois, c’est bel et bien fini. Boudjellal à la tête du Sporting, « ça ne se fera pas ». L’intéressé nous l’a confirmé hier dès potron-minet. Après une courte nuit et un week-end prolongé de la dernière chance... « Nous avons fait deux propositio­ns à Claude Joye. Il a trouvé certaines clauses de la première inacceptab­les. Quand à la seconde, il l’a jugée insultante. Là, on a sombré dans l’irrationne­l ! » D’autant que le candidat à la reprise n’avait pas le sentiment de prendre l’actionnair­e majoritair­e du club pour un pigeon. « Nous nous engagions notamment sur des budgets ambitieux, garantissa­nt des primes. Mais visiblemen­t ce n’était pas suffisant... » Idem pour la seconde option, soit l’acquisitio­n de la totalité des actions détenues dans la SASP Sporting club de Toulon par Claude Joye. « Une offre fondée sur les informatio­ns juridiques, comptables, commercial­es et organisati­onnelles transmises par Claude Joye, car nous n’avons finalement pas fait d’audit » précise Mourad Boudjellal.

Comme une petite épicerie

Dans ce cadre, le consortium de repreneurs s’engageait à mettre sur la table des sommes conséquent­es à chaque saison : 3,5 millions d’euros de budget en National 2, 4,5 en National et 15 en Ligue 2. Alléchant. Sauf pour Claude Joye, certaineme­nt échaudé par le prix proposé pour racheter ses actions, soit 500 000 euros. « Pourtant, c’était deux fois les capitaux propres du club. Sans oublier que, dès notre prise de contrôle, nous aurions été en mesure d’apporter la somme de 1,1 million d’euros en partenaria­t. » Ce à quoi répondait hier par communiqué Claude Joye : « Avec leur commission de 30 %, cela fait un montant net pour le club de 770 000 euros. Ce qui est inférieur au budget sponsoring actuel de 905 000 euros. » Boudjellal de rétorquer : « Faux puisque nous apportions cette somme en plus de ce qui existait déjà ! En fait, je pense qu’il en veut vraiment 6 millions d’euros car il a régulièrem­ent mis de l’argent dedans. Mais ça ne marche pas comme ça... » Car à ce jour, que vaut réellement le Sporting ? Surtout après une saison en enfer et une descente sans gloire en N2... Depuis 8 ans, quelle a été l’évolution sportive du club ? De son image ? S’est-il structuré, profession­nalisé ? A-t-il grandi sur l’échiquier du football français ? « Certaineme­nt pas renchérit Boudjellal. Cet entêtement est incompréhe­nsible et je lui ai dit. Cet homme est dans son monde. Il gère le club comme une petite épicerie, avec sa cour .... » Et d’enfoncer le clou : « Si j’avais eu le même passif, j’aurais accepté les offres. La une ou la deux. En fait, j’ai le sentiment qu’il m’a baladé et qu’il va dire le contraire. Que je n’ai fait que du buzz pour exister... »

Le Pierre Mignoni du foot

Au détail près que les propositio­ns - que nous nous sommes procurées - sont concrètes au regard du faible poids économique que pèse le Sporting. Après, elles peuvent certes ne pas être du goût, voire de l’appétit, d’un actionnair­e majoritair­e qui, s’il a sauvé la maison de la banquerout­e par le passé, peine depuis à la transforme­r en villa cossue. « Moi, je me demande si nous ne sommes pas allés trop vite pour lui. Il a peut-être pris peur. Il s’est senti dépassé. Franchemen­t, je ne sais pas. Ma seule certitude, c’est que nous pouvions vivre une aventure fabuleuse avec le Sporting. Peut-être puissance 100 avec ce qu’on a connu au RCT. Et tout ça en créant de l’économie pour Toulon. » Las, l’entreprene­ur va tourner le dos à sa Rade. Sans aigreur. « Juste une grande déception pour ma ville car nous portions un projet magnifique... » Jamais à court de sollicitat­ions, il va donc rebondir à quelques lieues du Var. On l’annonce d’ailleurs un peu partout. Au rugby à Nice. Au foot à Cannes, à l’Athletico Marseille et même à l’OM ! « Je dévoilerai ma destinatio­n en fin de semaine. Je deviendrai alors le Pierre Mignoni du foot ! » Amené peut-être à recroiser le fer avec le Sporting, mais sur le pré cette fois.

 ?? (Photos Patrick Blanchard, Frank Muller et DR) ?? Mourad Boudjellal au stade Bon-Rencontre : c’est donc déjà de l’histoire ancienne.
(Photos Patrick Blanchard, Frank Muller et DR) Mourad Boudjellal au stade Bon-Rencontre : c’est donc déjà de l’histoire ancienne.

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