Var-Matin (La Seyne / Sanary)

L’arme atomique : du néant à l’anéantisse­ment de masse

-

Le pari était osé. Rendre haletant la course à l’armement atomique vue de l’intérieur durant la Seconde Guerre mondiale. Et voici que l’alliance de trois talents parisien, belge et québécois fait redécouvri­r ce scénario catastroph­e tout en décrivant les tirailleme­nts de ses géniteurs.

Le pitch

Le 6 août 1945, Hiroshima est ravagé. Le monde entier découvre l’existence de la bombe atomique. Alors que l’on commémore le 75e anniversai­re de cet événement effroyable, retour sur la saga de l’uranium. Et ce que les hommes en ont fait...

L’avis

En soupesant l’objet, l’on imagine la somme de travail pour aboutir à tel résultat. Pourtant rien de laborieux à la lecture de La Bombe. Le récit, d’une fluidité extrême, s’il ne se lit pas d’un trait (470 pages) devient un sacré « feuilleton de table de chevet » ! Première astuce du duo de scénariste­s, installer dès les premières pages l’uranium comme narrateur de sa sombre destinée. Puis entre en scène un à un, les personnage­s clef qui vont transforme­r cet « anodin » atome utilisé en verrerie et céramique en pire cauchemar de l’humanité. Bienvenue en Allemagne donc, puis aux États-Unis en 1939. Scientifiq­ues, militaires, services secrets et hommes d’État jouent chacun leur partition pour orchestrer cette danse macabre avec comme premier objectif le contrôle des mines d’uranium. Ou comment s’immiscer dans les coulisses du « Projet Manhattan », colossal « chantier » top secret de développem­ent de la bombe, comme si on y était. Avec les cas de conscience des uns et les coups de sang des autres. Expérience­s,

opérations de sabotage et exécutions sommaires montrent aussi le visage bien peu reluisant de la nature humaine en « temps de guerre ». Ainsi que dire des expérience­s menées par des scientifiq­ues américains sur un groupe de civils qui reçoivent à leur insu des injections de plutonium entre 1945 et 1947... L’acmé de l’horreur étant bien entendu ces pages qui décrivent le martyre vécu par les Japonais au moment où l’avion Enola Gay lâche Little Boy sur Hiroshima... Tout au long de l’album, l’encrage et la mise en page fortifient le propos. « Ce noir et blanc empêche de se cacher derrière une coloration. Les ombres reviennent imposer leur pouvoir d’évocation », souligne Denis Rodier qui a fait ses classes sur la série Superman. Son style vintage fleure bon les comics petit format d’antan style Aventures Fiction d’Artima qui eux aussi, souvent flirtaient avec le « côté obscur ».

Le livre que vous tenez en mains est issu d’une ombre”

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France