ET MAINTENANT LA CRISE SOCIALE ?
Les craintes de syndicats pour l’emploi L’agriculture en quête de main-d’oeuvre Bientôt 135 € pour jet de masque ?
Comment les salariés ont-ils vécu ces deux mois de confinement, quelles en sont les conséquences ? Les représentants des syndicats de la CFDT du Var de plusieurs secteurs d’activité ont fait le point ensemble, avec Jean Innocenzi, leur secrétaire général. En voici l’essentiel.
Santé Mobilisation le juin
Premiers sur le front de la crise, les agents de la santé, des Ehpad et établissements médico-sociaux, qu’ils travaillent dans le public ou le privé, ont fait face malgré l’absence d’équipements de protection individuelle, ce qui a généré « un gros stress », rappelle Franck Fabre, de la CFDT Santé sociaux. Aujourd’hui « les annonces ont suscité beaucoup d’espoir d’un vrai changement, pour qu’on sorte d’une vision purement comptable. Les textes ne sont pas à la hauteur. On demande que le gouvernement tienne ses promesses sur les primes, les effectifs, les salaires, les conditions de travail et un vrai dialogue social », dit-il, soulignant qu’une intersyndicale (FO-CGT-CFDT Santé sociaux, Sud) appelle à des rassemblements le 16 juin de 11 h 30 à 13 heures place de la Liberté à Toulon et devant la souspréfecture de Draguignan.
BTP « Une opportunité des licenciements »
Dans le BTP, l’inquiétude est très forte : « 76 % des entreprises du bâtiment et 90 % de travaux publics ont fait une demande de chômage partiel. Très peu
ont compensé la perte du salaire », explique Philippe Luppo, du syndicat construction et bois. Les grands groupes sont mieux armés financièrement pour gérer la crise que les PME et les TPE. La crise favorise en outre « une opportunité de licenciements individuels et collectifs malgré les aides publiques versées ». La CFDT exprime « de fortes craintes sur l’emploi pour le second semestre 2020 et pour 2021. Mais aussi pour la rentrée des apprentis en septembre 2020. Les entreprises doivent s’engager sur l’avenir des jeunes ». Le syndicat demande « un cadre légal pour maintenir l’emploi, favoriser le départ anticipé des salariés dans le cadre de la pénibilité, développer et mieux encadrer les dispositifs de redistribution ».
Services « Certains n’ont pas assuré la sécurité des salariés »
Déléguée CFDT du secteur des services (commerce, propreté, hôtellerie-restauration, assistantes maternelles), Béatrice Joseph souligne que « des sociétés de la grande distribution ont mis en place les mesures préventives au fur et à mesure. Dans le secteur de la propreté, certaines ont pris la situation à la légère et n’ont pas assuré la sécurité des salariés. Nous avons constaté qu’aucune concertation avec les instances du comité social économique et des organisations syndicales n’a eu lieu ». Elle ajoute : « Certains employeurs ont mis des salariés en chômage partiel tout en leur demandant de garder le contact avec les clients, de poursuivre l’activité
en télétravail... C’est du travail dissimulé. » L’emploi reste une préoccupation majeure : « Nous avons beaucoup de PME et TPE en grave danger. Le ministère du Travail a diffusé une circulaire pour les aider à surmonter cette crise, et le fonds social européen est un dispositif d’appui. Il faut qu’elles s’en saisissent. »
La Poste « Une dégradation du dialogue social »
Pour Pierre Cuenca, de la CFDT La Poste, « la gestion locale a été plutôt correcte. Concernant les gestes barrières, le travail a été sérieux et les directions locales n’hésitaient pas à prendre des initiatives pour répondre aux contraintes spécifiques au terrain et rassurer le personnel ». Il déplore cependant dans un second temps « un changement d’organisation décidé de manière unilatérale au niveau national et une dégradation du dialogue social ». La CFDT a activé le processus d’alerte sociale à la direction du Var. Au niveau du trafic actuel, celui des lettres est faible, entre 50 et 90 % de la charge, mais « le trafic colis explose, dépassant 200 % de la charge, avec des pics de 300 % laissant les facteurs sur ces tournées en détresse ».