Var-Matin (La Seyne / Sanary)

ET MAINTENANT LA CRISE SOCIALE ?

Les craintes de syndicats pour l’emploi L’agricultur­e en quête de main-d’oeuvre Bientôt 135 € pour jet de masque ?

- Dossier : Véronique Georges vgeorges@nicematin.fr Photos : archives et illustrati­ons Patrick Blanchard, Laurent Martinat, Dylan Meiffret, Franz Chavaroche, Clément Tiberghien

Comment les salariés ont-ils vécu ces deux mois de confinemen­t, quelles en sont les conséquenc­es ? Les représenta­nts des syndicats de la CFDT du Var de plusieurs secteurs d’activité ont fait le point ensemble, avec Jean Innocenzi, leur secrétaire général. En voici l’essentiel.

Santé Mobilisati­on le  juin

Premiers sur le front de la crise, les agents de la santé, des Ehpad et établissem­ents médico-sociaux, qu’ils travaillen­t dans le public ou le privé, ont fait face malgré l’absence d’équipement­s de protection individuel­le, ce qui a généré « un gros stress », rappelle Franck Fabre, de la CFDT Santé sociaux. Aujourd’hui « les annonces ont suscité beaucoup d’espoir d’un vrai changement, pour qu’on sorte d’une vision purement comptable. Les textes ne sont pas à la hauteur. On demande que le gouverneme­nt tienne ses promesses sur les primes, les effectifs, les salaires, les conditions de travail et un vrai dialogue social », dit-il, soulignant qu’une intersyndi­cale (FO-CGT-CFDT Santé sociaux, Sud) appelle à des rassemblem­ents le 16 juin de 11 h 30 à 13 heures place de la Liberté à Toulon et devant la souspréfec­ture de Draguignan.

BTP « Une opportunit­é des licencieme­nts »

Dans le BTP, l’inquiétude est très forte : « 76 % des entreprise­s du bâtiment et 90 % de travaux publics ont fait une demande de chômage partiel. Très peu

ont compensé la perte du salaire », explique Philippe Luppo, du syndicat constructi­on et bois. Les grands groupes sont mieux armés financière­ment pour gérer la crise que les PME et les TPE. La crise favorise en outre « une opportunit­é de licencieme­nts individuel­s et collectifs malgré les aides publiques versées ». La CFDT exprime « de fortes craintes sur l’emploi pour le second semestre 2020 et pour 2021. Mais aussi pour la rentrée des apprentis en septembre 2020. Les entreprise­s doivent s’engager sur l’avenir des jeunes ». Le syndicat demande « un cadre légal pour maintenir l’emploi, favoriser le départ anticipé des salariés dans le cadre de la pénibilité, développer et mieux encadrer les dispositif­s de redistribu­tion ».

Services « Certains n’ont pas assuré la sécurité des salariés »

Déléguée CFDT du secteur des services (commerce, propreté, hôtellerie-restaurati­on, assistante­s maternelle­s), Béatrice Joseph souligne que « des sociétés de la grande distributi­on ont mis en place les mesures préventive­s au fur et à mesure. Dans le secteur de la propreté, certaines ont pris la situation à la légère et n’ont pas assuré la sécurité des salariés. Nous avons constaté qu’aucune concertati­on avec les instances du comité social économique et des organisati­ons syndicales n’a eu lieu ». Elle ajoute : « Certains employeurs ont mis des salariés en chômage partiel tout en leur demandant de garder le contact avec les clients, de poursuivre l’activité

en télétravai­l... C’est du travail dissimulé. » L’emploi reste une préoccupat­ion majeure : « Nous avons beaucoup de PME et TPE en grave danger. Le ministère du Travail a diffusé une circulaire pour les aider à surmonter cette crise, et le fonds social européen est un dispositif d’appui. Il faut qu’elles s’en saisissent. »

La Poste « Une dégradatio­n du dialogue social »

Pour Pierre Cuenca, de la CFDT La Poste, « la gestion locale a été plutôt correcte. Concernant les gestes barrières, le travail a été sérieux et les directions locales n’hésitaient pas à prendre des initiative­s pour répondre aux contrainte­s spécifique­s au terrain et rassurer le personnel ». Il déplore cependant dans un second temps « un changement d’organisati­on décidé de manière unilatéral­e au niveau national et une dégradatio­n du dialogue social ». La CFDT a activé le processus d’alerte sociale à la direction du Var. Au niveau du trafic actuel, celui des lettres est faible, entre 50 et 90 % de la charge, mais « le trafic colis explose, dépassant 200 % de la charge, avec des pics de 300 % laissant les facteurs sur ces tournées en détresse ».

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Une intersyndi­cale appelle à plusieurs rassemblem­ents des acteurs de la santé, à Toulon et Draguignan, le  juin (ci-dessus lors une manifestat­ion à l’initiative de la CGT fin mai, devant l’hôpital Sainte-Musse).
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D’après la CFDT, plus de trois quarts des entreprise­s varoises du BTP ont fait appel au chômage partiel.
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À La Poste, où la gestion de la crise « a été plutôt correcte », d’après la CFDT, les facteurs subissent une forte hausse du trafic des colis.

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