Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Un bon employé agricole, c’est difficile à trouver »

- V. G.

Pourquoi ne pas embaucher localement ? Cela serait quand même plus facile. « Non, les gens d’ici viennent un jour, et pas le lendemain. Ils aiment bien la campagne mais ne veulent pas y travailler », répond Jean-Marc Pertusa, sans filtre.

« Une autre mentalité »

Le sujet des saisonnier­s étrangers est délicat, et certains refusent de l’aborder ouvertemen­t avec la presse. « Le grand public pense que nous faisons appel à de la main-d’oeuvre étrangère pour la payer moins cher et pour en abuser. C’est totalement faux, témoigne Robert (1). Nous ne trouvons simplement pas d’ouvriers agricoles sur place. Nous sommes en France, nous payons les étrangers comme des salariés agricoles français. Ils ont une autre mentalité. Ils viennent parce qu’ils ont besoin de travailler, et ils travaillen­t. C’est normal qu’ils soient payés normalemen­t, ils sont soumis aux mêmes règles. » Marine Renard, maraîchère de la région hyéroise, confirme : « Pendant la crise du Covid, je n’ai même pas fait appel au volontaria­t, qui n’est pas du bénévolat. On a tous refusé d’employer des volontaire­s. C’est simple : les gens ne veulent pas se baisser. »

« Le sécateur dans une main le téléphone d’ans l’autre... »

Elle confie : « J’ai énormément de demande, je pourrais en planter des fraises ou des haricots, mais je ne trouve personne pour les ramasser. Je ne veux pas développer mon entreprise pour cela. J’ai eu des stagiaires, rémunérés. Ils avaient le sécateur dans une main, le téléphone portable dans l’autre... Fatalement, à un moment, ils se coupaient et se retrouvaie­nt en arrêt de travail. » La jeune femme dit préférer rester seule sur son exploitati­on, même si elle ne veut pas généralise­r la situation ni assombrir le tableau. « Dans le Var, les fermes sont petites, beaucoup travaillen­t en famille. Bien sûr, on peut tomber sur la bonne personne, assure-t-elle. Mon voisin a un super employé, qui travaille bien. Mais un bon employé agricole, c’est difficile à trouver. Si on vient travailler dans les champs, on en connaît les contrainte­s, et il y en a dans toutes les profession­s. Dans l’agricultur­e, l’été, c’est de bonne heure pour éviter les grosses chaleurs, il y a les autres aléas climatique­s aussi. Mais libre à chacun de choisir son métier. En France, il y a beaucoup d’aides, c’est la facilité. C’est pour cela qu’il y a de la main-d’oeuvre délocalisé­e. »

« On peut compter sur eux »

Alexandre Baudino va dans le même sens : « On n’arrive pas à trouver cette main-d’oeuvre en France, même pour les vendanges. Certains viennent le matin et pas l’après-midi. D’autres viennent un jour et pas le lendemain. On a fait une croix dessus, ils ne sont pas fiables. » Son frère, Julien, ajoute : «Ilyapeude monde volontaire dans cette filière. On n’a jamais eu de problème avec les Espagnols. Comme on les loge, ils nous coûtent plus cher que des employés français. Mais, au moins, on peut compter sur eux. »

1. Son prénom a été changé.

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(Photo doc P. Pa) La pénibilité du maraîchage ou du travail dans les vignes n’attire pas la main-d’oeuvre locale.

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