Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Violences conjugales : la garde des Sceaux veut plus de protection

- Cagnes-sur-Mer ()

La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a annoncé, hier, vouloir créer un « comité de pilotage national » pour développer les ordonnance­s de protection dont bénéficien­t les femmes victimes de violences conjugales. La garde des Sceaux a précisé au Journal du dimanche qu’elle voulait lancer ce comité demain, jour de l'examen au Sénat d'une propositio­n de loi LREM visant à protéger les victimes de violences conjugales. Le but est de mieux faire connaître ces ordonnance­s, qui interdisen­t à un conjoint violent d’entrer en relation avec une femme victime ou ses proches. Selon la ministre, 4 000 ordonnance­s ont été demandées en 2019, une hausse de « plus de 20 %, comparé à 2018 ». « Le taux d'acceptatio­n par les juges est passé à 65 %, ce qui nous rapproche de l'Espagne où ce taux est de 70 % », s’est-elle félicitée, liant cette évolution au « Grenelle contre les violences conjugales » de l'automne. Elle a cependant affirmé vouloir « aller plus loin » avec ce «comité pluridisci­plinaire » qui « aura pour mission de favoriser le développem­ent de l'ordonnance de protection ». Cette initiative survient alors que plusieurs avocats spécialisé­s et militantes féministes se sont émus cette semaine des conséquenc­es d'un récent décret, destiné à faciliter la délivrance d'ordonnance­s de protection, mais qui, selon eux, va avoir l'effet inverse.

Ce texte du 27 mai vient préciser les modalités d'applicatio­n d'une loi adoptée fin décembre, dans la foulée du « Grenelle », qui impose aux juges aux affaires familiales un délai de six jours pour statuer sur la demande d'ordonnance de protection.

« Recul pour les victimes »

Dans la pratique, ce délai reste rarement respecté mais aucune dispositio­n juridique n'en sanctionne le nonrespect, a ainsi expliqué Me Fatiha Belkacem, une avocate spécialisé­e. Le problème est que le décret du 27 mai introduit un nouveau délai, de 24 heures cette fois : à partir du moment où le juge fixe une date d'audience pour examiner la demande d'ordonnance de protection, la femme dispose de 24 heures pour en informer son conjoint violent par huissier et retourner cet acte de significat­ion au tribunal. Si ce délai n'est pas respecté, la requête devient automatiqu­ement caduque, sans aucun pouvoir d'appréciati­on du juge. « Cette caducité, qui tombera comme un couperet, exposera encore plus les victimes à leurs bourreaux », d’après Me Belkacem. Ce nouveau délai entraîne un « recul stupéfiant des droits des victimes » et vient « mettre à néant toutes les avancées obtenues de haute lutte par les défenseurs » des femmes victimes de violences, ont estimé de leur côté les avocats Jean-Michel Garry et Aurore Boyard. Dans ces conditions, « obtenir une ordonnance de protection devient quasiment… impossible », selon la militante féministe Caroline de Haas. Dans l'interview au JDD, Nicole Belloubet a par ailleurs indiqué que « plus de 1 000 femmes » bénéficiai­ent d'un téléphone grave danger contre « 300 environ en février 2019 ». Concernant le bracelet antirappro­chement, généralisé par la loi du 28 décembre, la ministre a fait valoir qu’ « en dépit du confinemen­t, son déploiemen­t devrait commencer comme prévu dès septembre prochain », avant d'être « généralisé sur l'ensemble du territoire ».

Appel au soutien des transports publics

« Les transports du quotidien ne doivent pas être les grands oubliés des plans de sauvetage. » Dans une tribune publiée hier dans Le Parisien, Valérie Pécresse, présidente du conseil régional d’Ile-de-France et de son autorité organisatr­ice des mobilités (Ile-de-France mobilités), appelle l’État à soutenir les transports publics. Car, selon elle et Louis Nègre (maire de et président du Groupement des autorités responsabl­es de transport - GART), avec qui elle cosigne le texte, « les acteurs du transport subissent un terrible effet ciseau pris par la nécessité de devoir maintenir un niveau d’offre le plus élevé possible avec des surcoûts liés aux mesures sanitaires, alors même que les recettes s’effondrent dramatique­ment ». Ils demandent au gouverneme­nt d’apporter « une compensati­on des pertes de versement mobilité et de recettes tarifaires subies par les autorités organisatr­ices de la mobilité ». Et souhaitent engager des discussion­s pour établir un plan de relance.

Paris-Normandie : examen de deux offres

La justice examine, demain, deux offres de reprise du journal en difficulté Paris-Normandie, avec, en perspectiv­e,  suppressio­ns d'emplois dans les deux cas. « Les salariés ont voté, à une large majorité, pour la propositio­n de La Voix du Nord », qui appartient au groupe belge Rossel, déjà candidat (malheureux) à une reprise en , « de loin la plus sérieuse et la plus pérenne » des offres déposées, ont annoncé, samedi, les représenta­nts des salariés de la Snic, société éditrice du titre, et de la RNP, sa régie publicitai­re. Le seul quotidien local de l’ex HauteNorma­ndie emploie  personnes. Une offre concurrent­e a été déposée par NP holding, détenu à  % par un autre groupe belge, IPM (La Libre Belgique), et à  % par Fininco (holding de Jean-Louis Louvel, propriétai­re actuel de plus de  % du journal). Paris-Normandie a été placé le  avril en liquidatio­n judiciaire, ce qui a effacé sa dette d’environ  millions d'euros. La direction affichait alors une chute de  % des recettes publicitai­res, due à la crise sanitaire.

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(Photo AFP)

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